Au moins 816 manifestants ont été arrêtés au Soudan depuis le début du mouvement de contestation, déclenché le 19 décembre par la hausse des prix du pain et qui s'est transformé en des protestations antigouvernementales, a annoncé hier le ministre de l'Intérieur. «Le nombre total de manifestants arrêtés jusqu'à maintenant est de 816», a indiqué le ministre Ahmed Bilal Osmane devant le Parlement, dans un premier bilan des interpellations depuis le début des manifestations à travers le Soudan, un pays en plein marasme économique. Au moins 19 personnes, dont deux membres des forces de sécurité, ont été tuées depuis le début de la contestation, selon les autorités. Amnesty International a fait état de la mort de 37 manifestants et l'ONU a appelé à une enquête indépendante. Le ministre de l'Intérieur a fait état de 381 manifestations en tout depuis le 19 décembre. «Les manifestations ont commencé pacifiquement, mais des voyous aux intentions cachées s'en sont servis pour s'adonner au pillage et au vol», a-t-il affirmé, ajoutant que la situation était désormais «calme et stable». Il a précisé que 118 bâtiments, dont 18 de la police, avaient été détruits au cours des manifestations qui ont gagné plusieurs villes du pays y compris la capitale Khartoum. En outre, 194 véhicules ont été incendiés, dont 15 appartenant à des organisations internationales, selon Ahmed Bilal Osmane. Dimanche encore, de petits groupes de manifestants s'étaient rassemblés dans des quartiers du centre-ville à Khartoum pour une marche en direction du palais présidentiel, mais la police anti-émeute les a dispersés à coups de gaz lacrymogènes, a indiqué un témoin. Lors des manifestations, plusieurs bâtiments et bureaux du parti du Congrès national (NCP), du président Omar el-Béchir, ont été incendiés tandis que des protestataires scandaient «le peuple veut la chute du régime». M. Béchir s'est emparé du pouvoir par un coup d'Etat en 1989. Plusieurs leaders de l'opposition, des militants et des journalistes ont été arrêtés par le puissant Service national du renseignement et de la sécurité (NISS) depuis le début des protestations. Amputé des trois quarts de ses réserves de pétrole depuis l'indépendance du Soudan du Sud en 2011, le pays est confronté à une inflation de près de 70% par an et à une grave crise monétaire. Le prix de certains produits comme les médicaments ont plus que doublé et plusieurs villes dont Khartoum souffrent de pénuries de pain et de carburant.