Plus aucun challenge n'est désormais possible pour le club de la Sonatrach. Après la Ligue des champions d'Afrique 2018 quittée lors de la phase de poules, la Coupe d'Algérie de laquelle il fut éjecté dès les huitièmes et le titre de championnat national définitivement abandonné avant l'amorce du dernier tiers de la compétition, c'est au tour de la Coupe arabe de tourner le dos aux Vert et Rouge du Mouloudia. Le Doyen va finalement se consoler par les 200 000 dollars attribués à chaque équipe éliminée en quarts de finale de la nouvelle Coupe arabe des clubs champions. Une somme à laquelle il faut ajouter les 50 000 dollars consacrés par l'UAFA aux frais engagés par les clubs participants à chaque tour de cette épreuve fortement dotée puisque le vainqueur touchera 6 millions, le finaliste 2,5 millions, les demi-finalistes 500 000. Même les fédérations nationales toucheront un pourcentage (10%) de la présence de leurs représentants à une lucrative compétition qui a, concernant les Mouloudéens, nécessité la mobilisation d'importants moyens. Inscrit à cette épreuve suite à une «consultation des membres du BF de la FAF» pour devenir le troisième représentant de l'Algérie (l'USMA et l'ESS avaient été retenues par l'UAFA), en dépit d'un tollé au sein de la scène footballistique nationale revendiquant le droit à la participation, le MC Alger a, sous la coupe de son DGS Kamel Kaci-Saïd monté sa «Dream Team» à coups de milliards, multipliant les achats de vedettes, été comme hiver. A titre illustratif, la direction du club de la capitale a fait voyager l'équipe dans des conditions de confort extrêmes. Le seul petit hic en la matière eut lieu lorsque l'équipe avait à se rendre au Soudan, voyage effectué après une escale de transit (forcée ?) au Caire. Que ce soit au Bahreïn face au Riffaâ, en Arabie Saoudite où ils avaient affronté An-Nasr, les Mouloudéens ont voyagé en VIP et ont touché de rondelettes primes pour passer l'écueil d'adversaires qui préparaient à travers cette compétition arabe d'autres challenges. Le seul exploit réalisé devant An-Nasr Saoudi a valu à Nekkache et compagnie une belle cagnotte (50 millions de centimes). C'est dire que, sur ce registre, le MCA a misé énormément sur cette Coupe arabe pour faire oublier à ses fans la misérable tenue dans les autres concours auxquels ils étaient annoncés comme des favoris. L'inexplicable hécatombe ! Non seulement l'objectif auxiliaire n'a pas été atteint mais le team mouloudéen a perdu son jeu, son identité. Du football champagne développé sous Bernard Casoni, en dépit du manque d'un arsenal offensif suffisamment étoffé et de qualité, le Mouloudia est devenu sous Adel Amrouche une équipe quelconque, sans âme et dont les prestations sont indigestes. C'est toute la différence entre une école française incarnée par Casoni qui, malgré le peu d'attaquants (Derrardja, Nekkache, Souibaah, Amachi et Balegh), a monté une ligne d'attaque de feu qui avait mis le brasier dans le camp d'adversaires nationaux et africains, et une école belge «imitée» par Amrouche qui fait des bases arrières une condition sine qua non à la réussite de ses plans de jeu. Un «projet» de jeu qui s'est fait sans de véritables défenseurs. Azzi étant, à titre d'exemple, un milieu défensif reconverti depuis qu'il a opté pour le MCA en défenseur multirisques. Ceci au moment où la direction décidera, sans coup férir, de libérer au mercato estival Bouhenna et durant le dernier marché hivernal Mebarakou, les deux axiaux encore valides et valables sur le marché national. Kaci-Saïd qui s'est amusé à «triturer» l'effectif sans consulter le staff technique (lui-même recomposé dès lors que Saïfi a été chassé l'été dernier pour revenir en automne après le limogeage de Casoni) en libérant des joueurs à vocation défensive (Karaoui, Boulekhoua, Boudbouda et le gardien Chaouchi) sans pouvoir assurer leur remplacement par des joueurs de qualité (Hachi et Mamoun) qui étaient inactifs ou bien des jeunes (Arous et le gardien Morcely) en quête d'expérience dans un club qui a besoin de joueurs expérimentés pour atteindre ses objectifs. Mais ce n'est pas tant cette «anarchie» dans la gestion des personnels qui a tant fait mal au club algérois. Le plus dramatique, et même le coach en chef Adel Amrouche l'admet, ce sont les blessures en masse de l'effectif. Pas moins de 17 joueurs (Morcely, Hachoud, Azzi, Haddouche, Mebarakou, Demmou, Arous, Hachi, Mamoun, Chérif El-Ouazzani, Amada, Bendebka, Derrardja, Bourdim, Nekkache, Souibaah et Benarous) ont connu des indisponibilités plus ou moins longues (Nekkache, Amada, Arous, Benarous et Derrardja en sont les plus durement touchés) privant le staff technique de ses meilleurs atouts. Cette hécatombe doit avoir une raison. Soit les joueurs ne bénéficient pas d'une préparation adéquate de la part du staff technique ou encore que l'hygiène de vie de ce groupe soit bâclée, hors de contrôle. Le cas de dopage de Hicham Chérif El-Ouazzani en est une preuve supplémentaire que le groupe mouloudéen échappe à tout contrôle. Voilà un élément qui déclare avoir subi une opération chirurgicale sans en informer ses dirigeants, entraîneurs et médecins de l'équipe et qui, en fin de compte, s'avère un adepte de la chicha à la saveur «cocaïnée». Que fait KSK ? Et il semble bien que l'enfant de l'ancien «Cœur de lion» du MCO et des Verts durant les années 90, le bien-nommé Si Tahar, n'est pas un cas isolé au sein d'un club traversé par les courants et qui développe les contrastes et les paradoxes. A deux années de son centenaire, le Doyen continue de souffrir de sa maladie. A cause d'une mal gestion, d'abord. A tous les niveaux. La Direction générale de la société pétrolière a beau multiplier les réunions et les mises en garde, le statisme est maître d'une incontrôlable situation. Car, sur les gradins et dans les chaumières, ça bouille l'enfer. Le peuple du Mouloudia a désormais peur pour son équipe et son histoire. Ceux qui commandent multiplient mensonges et promesses pendant que ceux qui détiennent les clés du salut se fondent dans un silence de morts. Si bien que rien de bon ne se profile à l'horizon d'un monument atteint par la sclérose, dépassé par les événements et qui n'arrive pas à surclasser une équipe soudanaise ravie de «défoncer» les murs d'un autre club algérien. Kamel Kaci-Saïd et ceux qui l'orientent savent-ils au moins que le Mouloudia aura 100 ans en 2021 ? M. B.