Huit ans que ça dure! Huit ans que la défense de fer de l'Atlético Madrid fait déjouer toute l'Europe : l'immuable recette de l'entraîneur Diego Simeone a encore écœuré la Juventus mercredi en huitièmes aller de Ligue des champions (2-0), dégageant la voie des quarts. Construit pour durer Peu d'autres grands clubs européens affichent la même stabilité que l'«Atleti», dont le banc est occupé depuis décembre 2011 par Simeone. «El Cholo» a même prolongé la semaine dernière son contrat jusqu'en 2022, assorti d'un salaire mirobolant estimé à 20 millions d'euros par an selon la presse. Soit le plus haut revenu pour un entraîneur en Espagne, digne de celui de l'attaquant-vedette du club Antoine Griezmann. C'est dire si le technicien argentin de 48 ans est la clé de voûte du projet «colchonero», à qui il a offert quasiment tous les trophées, butant seulement sur la Ligue des champions malgré deux finales en 2014 et 2016. «L'Atlético base sa force sur sa défense, il faut féliciter Simeone pour ce qu'il a mis en place», l'avait encensé mardi son homologue turinois Massimiliano Allegri, décrivant «un bloc en granit». Sa Juventus en a fait l'amère expérience mercredi : les Turinois ont eu très peu d'occasions et ont fini par craquer dans le dernier quart d'heure sur deux coups de pied arrêtés, l'une des armes historiques de l'Atlético de Simeone. «Quels fauves !», a titré le quotidien sportif Marca, le plus lu d'Espagne. «On est tombés sur une très belle équipe», a analysé, lucide, le milieu français Blaise Matuidi. «Il faut féliciter l'adversaire qui est très fort dans ce domaine-là, en bloc, qui sait bien contre-attaquer.» Le «cœur» pour ciment L'élimination dès la phase de poules de la Ligue des champions l'an dernier aurait pu sonner comme une fin de cycle. Mais Simeone a su rebondir en conduisant son équipe au sacre en Ligue Europa, puis en remobilisant tout le monde, malgré quelques trous d'air début 2019, notamment le derby perdu face au Real Madrid (3-1) en Liga. Et ses grognards ont répondu présesnt mercredi. «Quel pied de gagner comme ça, avec cette faim, cette envie», a savouré José Maria Gimenez, défenseur et buteur. «C'est une fierté de se battre aux côtés de ces joueurs incroyables, par leur talent et par leur cœur». Sur la touche, Simeone s'est encore agité et démené, vivant la rencontre avec son habituelle débauche d'énergie. Au point de fêter un but d'un geste obscène, mains sur les parties génitales, parce qu'«il fallait en avoir». On peut ne pas aimer son style ultra-efficace mais Simeone parvient à transcender ses joueurs, comme le confirme Griezmann. «A la fin du match, j'ai joué milieu droit par exemple», a souri le Français. «Je défendais sur le latéral gauche qui montait, Tom (Lemar) et Angelito (Correa), qui ne sont pas des grands défenseurs, ont travaillé défensivement et se sont arrachés». La finale à la maison ? Distancé à sept points du leader Barcelone en Liga, éliminé en Coupe du Roi, l'Atlético mise tout sur la C1. Avec une motivation décuplée: la finale du 1er juin est prévue dans son stade Metropolitano (68 000 places). Pour s'en approcher, il faudra néanmoins confirmer en huitièmes retour à Turin (12 mars), où la Juve et Cristiano Ronaldo tenteront de renverser le score au Juventus Stadium. «C'est un stade compliqué avec un énorme public», a prévenu Griezmann. «Devant il y a Cristiano, donc on ne sait jamais ce qui peut arriver. Le match de ce (mercredi) soir, il faut bien le garder en tête et faire pareil au retour», a lancé le champion du monde. A-t-il des choses prévues à son agenda le 1er juin prochain ? «Je ne sais pas, je verrai, là c'est très, très loin encore» a souri Antoine Griezmann.