C'est un véritable raz-de-marée qu'a connu la ville de Bouira hier vendredi. En effet, juste après la prière de vendredi, des milliers de citoyens de tous âges ont entamé des marches au niveau des quatre principaux axes de la ville, pour converger tous vers le siège de la Wilaya, sis boulevard Krim-Belkacem. Et avec pareille mobilisation, avec autant de monde, d'aucuns estiment qu'il n'y a que le ras-le-bol qu'éprouve tout un peuple contre le pouvoir actuel et tout ce qui le symbolise qui puisse créer une telle symbiose et, surtout, un tel déferlement de dizaines de milliers de citoyens vers un seul point sans qu'il y ait d'incidents. Hier, ils étaient, en effet, des dizaines de milliers – le mot n'est pas exagéré – à marcher dans les rues de Bouira avec un seul mot d'ordre : que le système actuel dégage et laisse le peuple décider de lui-même de son sort. En finir avec le diktat qui lui est imposé depuis l'indépendance par un système qui a fini par croire que le peuple est effectivement incapable de se prendre en charge et que même avec leur âge avancé, très avancé, ils ne pourront pas céder et laisser ce peuple égaré, se perdre. Hier, ce peuple «immature» a prouvé d'abord à ces responsables qui nous gouvernent et qui sont là depuis des décennies, puis au monde entier, que ce peuple algérien est très conscient, et surtout très mûr et si, pendant toutes ces années, il s'est tu et a laissé faire, c'est plus par souci de sauvegarde d'une paix qui a été mise à rude épreuve durant la décennie noire, que par amour envers ces partis-Etat qui ont pris en otage et le pays et le peuple. Hier, les cris des dizaines de milliers de citoyens venus d'Ath Laâziz, Taghzout, Haïzer Bechloul, El-Esnam, Aïn Laloui, Aïn Bessem, Aïn Hdjar, mais aussi de la ville de Bouira, et qui sont sortis dans la rue, parfois en famille, avec petits et grands, femmes et hommes, arpenter les rues de la ville, dans un esprit de fraternité, étaient plus qu'édifiants. Ainsi, outre les «Pouvoir assassin» et autre «Non au 5e mandat», les marcheurs ont scandé, longuement et pendant plus de deux heures, «Ouyahia, berra, FLN berra», «Y'en a marre de ce pouvoir», «Mazalna thouar ! » (Toujours révolutionnaires), mais également ce qui était écrit en gros caractères sur les banderoles comme «Pacifique, pacifique ! Nous sommes les enfants de l'Algérie ; pas la main de l'étranger», «République, pas monarchie», «Non à la continuité», et autre «Prenez l'argent, laissez-nous l'Algérie», «Système dégage !» Ainsi que certains slogans propres aux partis politiques, comme «Pour une Assemblée constituante». Cela étant, il convient de signaler que les dizaines de milliers de citoyens ont marché dans le calme, avec un haut degré de maturité que le pouvoir ou les décideurs devront comprendre pour prendre des décisions qui s'imposent et qui répondent aux aspirations de ce peuple qui ne demande que le respect et une vie digne dans son propre pays, et dans la paix. Signalons que dans la matinée, une marche, qui a drainé des milliers de citoyens, a eu lieu dans la daïra de M'chédallah. La marche, qui a vu la participation de toutes les populations de la daïra avec ses communes d'Ahnif, Chorfa, Saharidj, Aghbalou et Ath-Mansour, a eu lieu sur près de deux kilomètres depuis la localité de Vouaklane jusqu'au siège de la daïra, avec des slogans appelant Bouteflika à retirer sa candidature mais, surtout, le départ de tout ce qui symbolise le pouvoir actuel : «Système dégage». Aucun incident n'a été relevé. Y. Y.