Des milliers de personnes ont marché, hier, dans les rues de Béjaïa à l'appel du RCD, pour demander le départ du régime. La marche, pour laquelle le parti de Sadi n'a pas introduit de demande d'autorisation, a été tolérée et s'est déroulée sur un trajet de près d'un kilomètre où les forces de sécurité se sont faites très discrètes. Un comité des étudiants de l'université de Béjaïa, une coordination des lycéens et l'association des victimes d'Octobre 1988 s'y sont joints pour crier des slogans revendiquant le changement du système. «Pouvoir assassin», «Djazaïr houra démocratiya» (Algérie libre et démocratique), «Y'en a marre de ce pouvoir», «Bouteflika berra (dehors) !», «Système berra !» sont autant de slogans scandés durant la manifestation. Des élus du parti, dont des députés, ont pris place à la tête de la procession humaine. Parmi eux, Athmane Maâzouz, chef du groupe parlementaire du RCD, coiffé d'une casquette protégeant les points de suture qu'il a encore sur la tête depuis la récente blessure que lui a infligé un policier qui a usé de sa matraque lors de la marche réprimée d'Alger. Au-dessus des têtes des marcheurs flottent une multitude de banderoles et de pancartes revendicatrices et dénonciatrices. Certaines réclament : «changement radical», «démocratie et justice sociale», «dissolution de toutes les institutions élues», «libération de tous les détenus» et «levée immédiate de l'état d'urgence». D'autres disent «non à un système qui appauvrit son peuple», «non à un système qui nie la nation algérienne» et «non à la gouvernance par la corruption». Les étudiants rappellent, eux, sur une banderole, que «l'Etat ne peut pas défaire la volonté de son peuple». A proximité du siège de la wilaya, les manifestants crient, dans des slogans chantés, «la volonté du peuple à faire tomber le régime». «Aujourd'hui est pour nous un jour d'indépendance, mais un jour sombre pour ceux qui ont squatté le pays. Le jour est arrivé pour qu'ils partent. Leur heure a sonné» lance, au micro, le sénateur de Tizi Ouzou, M. Ikherbane. «Le 12 février, nous serons les maîtres d'Alger», promet-il, évoquant la marche prévue par la Coordination nationale pour le changement et la démocratie. «Nous demandons le départ du système et de tous ceux qui l'incarnent», ajoute Athmane Maâzouz. «Aucune frange de la société n'est épargnée par ce système. Nous sommes interpellés et le RCD a pris ses responsabilités», ajoute son camarade à l'APN, Boubekeur Darguini. «Les Tunisiens sont arrivés à faire tomber le régime Ben Ali, pourtant c'est nous qui étions les premiers au combat», a-t-il ajouté. Lui aussi promet que «le régime va trembler le 12 février».