Journée très particulière aux alentours du Conseil constitutionnel. Les quelques candidats ayant déposé leur dossier de candidature l'ont fait dans une ambiance très tendue. Des centaines de manifestants, essentiellement des étudiants, ont tenté de rejoindre en vain l'institution placée sous très haute surveillance. La police a usé de canons à eau pour les en empêcher. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Le Conseil constitutionnel s'est transformé hier en une imprenable citadelle. Très tôt le matin, les deux accès y menant ont été fermés. Aucune voiture n'était autorisée à y circuler qu'elle arrive du rond-point du val d'Hydra ou en descendant depuis Châteauneuf. Des dizaines d'éléments des brigades anti-émeutes formaient un cordon de sécurité dissuadant, sans compter les dizaines de fourgons de police, de camions auxquels s'ajoutaient les policiers en civil. Même à pied, il était difficile, voire quasiment impossible d'y accéder. Et pour cause : les candidats à la candidature devaient y déposer leurs dossiers dans un climat de grande tension. Le mot d'ordre lancé sur les réseaux sociaux a été entendu essentiellement par les étudiants. Dès huit heures du matin, le ton était donné à partir de la Faculté de médecine et celle de droit. Les étudiants ont commencé à s'y rassembler, criant leur refus du cinquième mandat. A Ben Aknoun, c'est dans l'enceinte de l'ancienne Faculté de droit que les étudiants s'étaient regroupés. Le portail de ladite université a aussitôt été fermé, forçant les étudiants à y rester pendant de longues heures, scandant des slogans hostiles à la candidature du Président en exercice face à un important dispositif sécuritaire. Les éléments des forces de l'ordre avaient fort à faire puisqu'aux alentours de 11 heures, des vagues d'étudiants arrivant d'autres universités affluaient vers le Conseil constitutionnel. Une seule préoccupation à cet instant : les empêcher à tout prix d'y arriver. Le groupe bloqué au niveau du ministère des Transports a pu mesurer le degré de détermination des forces de l'ordre. Pour stopper leur progression, c'est au canon à eau qu'ils ont recouru, créant un mouvement de foule parmi les étudiants qui scandaient «pouvoir assassin». Face à l'impossibilité de rejoindre le Conseil constitutionnel, la marrée humaine s'est ébranlée vers le quartier d'El-Biar avec l'intention de rejoindre le centre-ville. C'est dans ce contexte que Ali Ghediri, candidat indépendant, est arrivé dans la matinée au siège du Conseil constitutionnel à bord d'une voiture noire et accompagné de ses plus proches collaborateurs, dont l'avocat Mokrane Aït Larbi. Au sortir de l'institution, Ghediri dira avoir déposé le double des signatures exigées par la loi, révélant que le challenge n'avait pas été facile à relever. Il sera suivi, vers 15 heures, par Ghani Mahdi, puis de Rachid Nekkaz au moment où tous les regards étaient braqués, en fin de journée, vers le Conseil constitutionnel dans l'attente du représentant du candidat du Président en exercice. A 17 heures, des fourgons transportant les formulaires collectés au profit du candidat-Président sont arrivés au Conseil constitutionnel en l'absence du principal concerné. N. I.