Le bâtonnat de Constantine, qui englobe les wilayas de Constantine, Jijel, Skikda et Mila, a décidé d'une grève illimitée dans tous les tribunaux de sa juridiction jusqu'à nouvel ordre et ce, en réaction à la violation des lois de la République et de la Constitution. En décidant de geler toutes ses activités au niveau des tribunaux de sa région, le bâtonnat de Constantine vient d'afficher non seulement son refus du 5e mandat du Président Bouteflika mais sa détermination à dénoncer les violations perpétrées contre la Constitution et passer ainsi à une étape supérieure dans la contestation. Selon le communiqué rendu public hier matin et signé par le bâtonnier Me Mustapha Lanouar, les avocats disent «Non au 5e mandat», «Non à l'humiliation», «Non à la violation de la Constitution et des lois de la République» et «Non aux opportunistes qui veulent manipuler le destin du peuple». Pour cela, il a été décidé de boycotter toute activité judiciaire au niveau de tous les tribunaux et cours de la région de Constantine et ce, à partir du mercredi 6 mars jusqu'à nouvel ordre. Un sit-in de protestation est prévu également le jeudi 7 mars contre le 5e mandat. Les avocats en robes noires et devant les sièges des tribunaux et cours protesteront pour dénoncer également le déni de droit et les violations de la Constitution. Face à cette situation de dénigrement des libertés et de violations des textes de la République, les avocats de la région de Constantine se sentent plus que jamais interpellés. «Nous ne pouvons nous désengager de notre mandat de défenseurs des libertés», ont-ils affirmé. Ilhem Tir
Les étudiants reviennent à la charge Les étudiants des 3 Universités de Constantine ont renoué avec la protestation hier suite au dépôt du dossier de candidature d'Abdelaziz Bouteflika par son directeur de campagne, Abdelghani Zaâlane. Une protestation qui a éclaté le soir même à travers les résidences universitaires où les étudiants sont sortis spontanément pour dénoncer la violation de la Constitution et des lois de la République. Aux environs de 22h, les différentes résidences universitaires à l'instar de celles de l'Université Salah-Boubnider, se sont reconverties en des espaces d'expression contre le 5e mandat. Hier matin, le climat était tendu dès les premières heures et les renforts de police déployés devant les entrées des campus n'ont pas réussi à empêcher les flux d'étudiants à sortir dans la rue et crier leur colère face à ce qu'ils ont qualifié de «mascarade». Ils étaient des centaines à se donner rendez-vous vers 9h30 avec des rassemblements sur la grande esplanade de l'Université de Constantine 1 et sur le «dos» de l'auditorium brandissant drapeaux et pancartes sur lesquelles on pouvait lire «C'est une république pas une monarchie» et surtout le fameux «Non au 5e mandat». Ils ont crié aussi des slogans contre le FLN et Ahmed Ouyahia pour les appeler à partir. Même situation observée au sein de toutes les facultés de l'Université des frères Mentouri, Abdelhamid-Mehri et Salah-Boubnider, comme c'était, d'ailleurs, le cas un peu partout sur l'ensemble du territoire national. Cette fois-ci, les étudiants sont sortis dans la rue avant d'être rejoints par des lycéens. Filles et garçons, tous mobilisés contre le 5e mandat. Ils ont marché à l'intérieur des enceintes universitaires avant de sortir et sillonner les artères de la ville des Ponts pour réitérer leurs appels lancés lors de la manifestation du 26 février dernier. Durant leur marche, les étudiants étaient bien organisés et bien encadrés en pourchassant toute les personnes qui voulaient s'introduire dans leur mouvement. «Haraka toulabiya» (mouvement estudiantin) ciraient-ils en poursuivant «Silmiya, silmiya» ou «Non à l'humiliation» et reprendre leurs slogans hostiles : «FLN dégage !» La détermination affichée renseigne sur un long mouvement que comptent les étudiants entamer. «Nous ne baisserons pas les bras, nous sortirons chaque jour jusqu'à ce que cette mascarade cesse», affirment les protestataires qui disent aussi : «Demain nous appartient, alors c'est notre droit de dire non.» I. T.