«La défense veut le respect des libertés», «Le peuple veut le respect de la Constitution» et «Non au 5e mandat», pouvait-on entendre dans la foule. Les avocats ne veulent pas rester en marge des manifestations populaires déclenchées depuis le 22 février dernier pour «hâter le départ du système» et «contre un cinquième mandat» du Président Abdelaziz Bouteflika. Hier, les robes noires ont organisé un rassemblement devant le tribunal Abane Ramdane d'Alger pour exprimer leur soutien à la dynamique citoyenne qui se poursuit en différentes actions à travers les wilayas. Plusieurs dizaines d'avocats en tenue appartenant principalement au barreau d'Alger ont tenté une marche dans les rues de la capitale, avant qu'elles ne soient contenues par les forces de l'ordre déployées sur les lieux. Les participants se sont contentés alors d'un sit-in durant lequel ils ont scandé des slogans hostiles au pouvoir, réclamant plus de justice et de respect des lois. «La défense veut le respect des libertés», «Le peuple veut le respect de la Constitution» et «Non au 5e mandat», pouvait-on entendre dans la foule. Les avocats ont aussi crié «Silmiya, silmiya (pacifique)», histoire d'insister sur le caractère pacifique de leur action, et répété le traditionnel slogan «Djazair houra dimokratiya (Algérie libre et démocratique)». Les avocats ont brandi à l'occasion des pancartes sur lesquelles on pouvait lire, entre autres slogans, «Devoir de respecter la Constitution», «La défense est avec le citoyen». Les participants à cette action qui n'a été encadrée par aucune organisation ont dénoncé «les arrestations arbitraires» de citoyens depuis les manifestations du 22 février, dont des avocats d'ailleurs, à l'instar de Me Mustapha Bouchachi, Me Zibida Assoul et Me Abdelghani Bali, interpellés puis relâchés lors de l'action organisée dimanche à Alger par Mouwatana. Pour maître Noureddine Ahmine, contacté à l'issue du rassemblement, «les avocats veulent, à travers cette action, s'exprimer sur ce que vit la société algérienne depuis quelques jours». «Après le 22 février, en tant qu'avocats, on se devait de réagir, d'accompagner ce mouvement et dire ce que nous pensons parce que l'avocat est un acteur important de la société», nous dira Me Ahmine. Quant aux mots d'ordre, notre interlocuteur explique qu'outre «le refus du 5e mandat» qui, dit-il «est une aberration», il y a lieu de «revendiquer essentiellement l'instauration d'un Etat de droit, le respect des lois et de la Constitution». L'avocat promet que la mobilisation «se poursuivra» aux côtés du peuple, citant l'autre appel à la marche à Tizi-Ouzou, pour ce jeudi. En effet, à l'initiative d'un Collectif d'avocats pour la dignité, l'ensemble des avocats de tous les barreaux d'Algérie sont appelés à prendre part à une marche, le jeudi 28 février dans la ville de Tizi-Ouzou, de la place Matoub Lounès vers l'esplanade de l'ancienne mairie, à partir de 10 heures. «Face à cette situation de déni de droit, de négation des libertés et de violations des textes de la République, nous sommes plus que jamais interpellés ; de ce fait, nous ne pourrons nous désengager de notre mandat de défenseurs des libertés et des droits de la personne humaine», lit-on dans leur document. Trois mots d'ordre ont été retenus pour cette manifestation, à savoir «Pour l'Etat de droit», «Pour le respect des libertés» et «Pour les respects de la légitimité populaire».