Hier était un vendredi différent des autres jours qu'a connus Oran depuis le 22 février, la détermination, la fermeté et l'intransigeance qu'on lisait dans les regards, sur les messages affichés sur les centaines de banderoles et d'affiches en disaient long sur une révolte pacifique grandissante qui n'est pas près de s'essouffler. Amel Bentolba - Oran (le Soir) - « L'Algérie des chouhada n'abdiquera pas, vous partez tous, c'est que vous partez tous », « Dégage FLN », « Pardon aux harragas d'avoir mis autant de temps pour vous défendre», autant de banderoles confectionnées et réalisées la veille. Des marcheurs plus organisés que jamais se comptaient par plusieurs centaines, ils renfermaient dans leurs rangs beaucoup de femmes et d'hommes, des jeunes, des tout petits et des plus âgés prêts à en découdre avec « ce pouvoir qui ne semble toujours pas comprendre que nous ne voulons d'aucun faisant partie de leur bande et encore moins d'un Brahimi, Lamamra et d'un Bedoui ». Tous en chœur scandant « Chaque jour une marche, on jure de ne pas s'arrêter ». La rue Larbi-Ben-M'hidi , principale artère que les marcheurs de tous les quartiers de la ville d'Oran empruntent à chacune de leur manifestation, n'a pas cessé de voir affluer des centaines et des centaines de marcheurs drapeaux en main suivis de voitures qui klaxonnaient. De plus en plus de caméramans, photographes amateurs et de professionnels étaient présents hier pour immortaliser les moments historiques que connaît la ville depuis des semaines. Après un top-départ de la place d'Armes, les marcheurs se dirigeaient spontanément vers le siège de la Wilaya, symbole de l'autorité de l'Etat, pour y observer une halte inévitable. « Vous avez pillé le pays voleurs, l'Algérie sera libre, vive la liberté». Une détermination dans les cris des manifestants pacifiques qui se sentent toujours incompris par un pouvoir qui « apparemment ne vit pas dans le même pays que nous, ne comprend pas notre langage alors nous sortirons autant de fois afin qu'il puisse enfin assimiler nos messages, le principal étant pouvoir dégage, Bouteflika non au prolongement du 4e mandat ». Tout au long des marches, les manifestants entonnaient des chants patriotiques repris par la foule accompagnés de youyous et d'applaudissements. Des scènes incroyables se passaient ici et là et qui n'en finissaient pas où les manifestants ne cessaient d'affluer vers le centre-ville, le tout sans escorte policière visible, la plupart étaient en civil suivant le mouvement sans intervenir. Une journée inoubliable tant les manifestants étaient organisés, disciplinés et respectant le carré réservé à chaque groupe. Même si la mixité a toujours pris le dessus, même un vendredi, il y avait quelques carrés menés et constitués uniquement de femmes qui avaient leur mot à dire menant la marche côte à côte. Hier encore, l'ancien Premier ministre en a pris pour son grade par des « Non nous ne sommes pas la Syrie, non l'Algérie est mûre et restera pacifique ». A. B.