L'expert international Abderrahmane Mebtoul s'est exprimé, hier, sur les manifestations populaires et les perspectives tout en précisant qu'il n'avait pas de leçons à donner aux jeunes auxquels il faut faire confiance pour passer de la contestation de la rue à la négociation avec le pouvoir. Invité de la rédaction hier, l'intervention du Pr Mebtoul s'est articulée autour de 4 axes directeurs : les différentes Constitutions de 1963 à 2016, les différentes logiques de pouvoir depuis l'indépendance, les 5 scénarios envisagés et les perspectives. « La forte mobilisation du 22 février et celles des 8 et 15 mars impliquent de bien analyser les aspirations de la société, pas la société civile rentière vivant dans les salons mais celle que l'on a vue dans la rue composée de la majorité de la jeunesse et des femmes», a décrit l'intervenant avant d'ajouter : «Comment ne pas souligner la passivité du gouvernement pour ne pas dire sa démission, certainement tétanisé qui a été incapable d'aller vers la population pour entendre ses doléances comme le font les dirigeants d'autres pays .» Et ces remarques ont été adressées également aux partis et organisations de l'opposition, «dont certains responsables sont là depuis plus de 20 ans et n'ont pas à donner de leçons d'alternance». Dans sa vision, l'expert a souligné : «Si l'on prend toutes les Constitutions de 1963 à 2016, ne devant pas confondre volonté politique de changement avec le cadre juridique, l'Algérie ayant promulgué certaines lois les plus belles du monde mais rarement appliquées…. Pendant les suspensions temporaires de certaines Constitutions, 1965, les années 1990, le régime a continué à promulguer des lois qui ont engagé tant le fonctionnement interne de la société que les accords internationaux.» Quant aux 5 scénarios envisagés, le Pr Mebtoul a cité en premier la possibilité d'aller «vers l'état d'exception, sauf très graves crises majeures, un scénario non souhaitable. Le deuxième scénario est « d'aller vers l'élection présidentielle après la démission ou l'expiration du mandat de l'actuel Président, le président du Sénat étant chargé de cette transition . Tous les acteurs présents décideurs devront analyser tous les impacts de cette option tout en privilégiant la sécurité nationale». Le troisième scénario est «l'application de l'article 102 qui relève des prérogatives exclusives du Conseil constitutionnel. Cela donne pouvoir au président du Sénat également d'organiser les élections». Le 4e scénario serait de reporter les élections « qui doivent être fixées à avec une date précise ne dépassant pas une année avec une période de transition avec promesse de l'actuel Président de ne pas briguer un cinquième mandat , un comité de sages maximum de 10 personnes , non partisans non désignés mais émanant d'une conférence nationale et donc de la volonté populaire, une instance de surveillance des élections composée de représentants de différents partis et de la société civile, la révision de la désignation des membres du Conseil constitutionnel, le ministère de l'Intérieur et les walis non concernés par cette surveillance assurant seulement la logistique. Quant au dernier scénario , «le Président quitte le pouvoir à la fin de sa mission, la formation d'un gouvernement de techniciens chargés de gérer les affaires courantes ne dépassant pas l'année, un comité de sages maximum de 10 personnes non partisans non désignés mais émanant de la volonté populaire d'une conférence nationale, avec pour objectif la totale transparence des élections, une instance de surveillance des élections de différents partis et de la société civile, la révision de la désignation des membres du Conseil constitutionnel, le ministère de l'Intérieur et les walis non concernés par cette surveillance assurant seulement la logistique. Il appartiendra au futur Président de réviser la Constitution, de dissoudre éventuellement les assemblées élues et d'aborder les réformes économiques et politiques majeures». Ilhem Tir