Comme à son habitude, la population des localités de la wilaya de Boumerdès est descendue massivement dans la rue. Des confrères estiment que cette mobilisation est plus importante que le 15 mars. A Boumerdès-ville un marcheur nous a accosté au milieu de l'immense foule multi âge et multicolore laquelle avançait sereinement en chantant, comme dans une fête dédiée à la démocratie « Notez-le dans votre journal, même Dieu est avec nous. Et comment ? Après le déluge de ce matin, voyez maintenant le soleil printanier». Effectivement, juste quel-ques minutes avant le début de la marche, après un déluge, le temps s'est rapidement, éclairci permettant aux milliers de marcheurs de sortir, à vue d'œil, au même nombre que les marches précédentes. La gent féminine était fortement présente. Egalement des familles avec femmes et enfants. Regarder Yasmine et Mallel, du haut de leur 9 ans chacune, chanter au milieu de dizaines de milliers d'adultes, avec la force que leur donne leur innocence, contre le système de Bouteflika, c'est quasiment féerique. Les jeunes, comme toujours, les plus âgés et les familles reprenaient les slogans habituels contre le système. Unanimement, la foule rejette les propositions du pouvoir, notamment le refus de la prolongation du mandat du chef de l'Etat. La foule est sûre de ce qu'elle veut «Système dégage !» «Fln, Rnd, Mpa et Taj barra !» «Djazaïr horra démocratia !» «Vous êtes des voleurs, vous avez dilapidé les richesses du pays !» «Liberté Algérie !». La marche totalement pacifique se déroulait dans un esprit familial sans le moindre incident lorsque nous l'avons quittée pour les obligations de rédaction. De Dellys un ami, étonné par l'ampleur de la marche, nous a appelé pour s'exclamer «mais où était tout ce peuple ! Je ne pensais pas qu'il y avait autant de personnes dans cette ville.» Comme à son habitude, la population de Bordj Menaïel est massivement sortie pour apporter sa contribution au combat pacifique. On nous a également signalé de fortes mobilisations populaires à Laâziv, Chaâbet El Ameur, Les Issers, Thénia, Boudouaou. A Boumerdès, nous avons effectué l'itinéraire avec les marcheurs. Comme partout, une grande partie d'entre eux portaient l'emblème national, chacun ou chacune d'eux à sa manière, sur le dos, sur la tête au bout des bras, au bout d'un bâton… Ils et elles le portaient avec affection et respect. Ils et elles lui restituent le prestige que lui ont affecté les chouhadas. Abachi L.