Les officines qui ont parié sur l'essoufflement de la protestation des Algériens et des Algériennes essuient un échec pathétique. La mobilisation dans plusieurs localités de la wilaya de Boumerdès est plus importante que la semaine passée. C'est tous les observateurs qui l'ont constaté. « C'est fantastique ! » s'exclame un confrère. Un jeune nous interpelle: « La population de Boumerdès a accompli sa part de l'effort national pour dire que la démarche dictatoriale du pouvoir est nulle et ne fait plus peur au peuple qui a retrouvé sa dignité, son unité et qui reconquiert sa souveraineté. » En effet, à l'instar des autres régions du pays, la population de la wilaya de Boumerdès est sortie massivement ce vendredi 15 mars 2019 dans les communes de Boumerdès-Ville, Laâziv, Bordj-Menaïel, Issers, Thénia, Dellys, Boudouaou et d'autres localités pour dénoncer le viol de la Constitution, rejeter la prolongation du mandat de Bouteflika et signifier le rejet sans équivoque du système. Pour un marcheur, « c'est un verdict sans appel qui disqualifie définitivement le système. Ce système corrompu a perdu les fois précédentes (le 22 février, les 1er et 8 mars, ndlr) il a fait appel en présentant une autre feuille de route par le biais de la seconde lettre de Bouteflika comme ruse afin de se maintenir. Ce pouvoir est définitivement et irrémédiablement condamné politiquement par le peuple qui a récupéré sa souveraineté. N'oublions pas que le même système a été également condamné par des magistrats professionnels qui, courageusement, sont sortis dans la rue afin qu'eux aussi rendent leur verdict». Au chef-lieu de la wilaya, la foule de marcheurs, plus importante que le 8 mars, a accompli, sans haine mais résolue et dans la convivialité et la bonne humeur, le même itinéraire que celui de vendredi passé. Il y avait des marcheurs en famille, beaucoup d'enfants, des femmes et, bien entendu, la majorité des jeunes. Les marcheurs ont fait savoir aux dirigeants du pays leur opposition au prolongement du mandat de Bouteflika, ils dénoncent le viol de la Constitution de même qu'ils rejettent la continuité d'un Président par procuration. « Système dégage », crient-ils à l'unisson. Trains supprimés et axes routiers obstrués Pour empêcher les protestataires venant notamment de Haute-Kabylie, de Basse-Kabylie et de l'est du pays de se diriger vers la capitale, les grands axes routiers ont été quasiment bloqués par la gendarmerie qui, en plus des barrages habituels, a installé des barrages filtrants supplémentaires comme celui installé à la limite séparant les wilayas de Boumerdès et Tizi-Ouzou, à hauteur de la ville de Laâziv. Au niveau de Dar-el-Beïda/El-Hamiz, les conducteurs de bus transportant les manifestants venant de l'Est ont eu d'énormes problèmes pour rejoindre Alger. Certains manifestants ont effectué, à pied, le trajet Dar-el-Beïda/Alger pour rejoindre la grande manifestation. Du côté des trains, c'est la suspension de tous les départs entre Tizi-Ouzou,Thénia et Alger ou le sens inverse. En fait, les services de sécurité ont appliqué le même plan que celui mis en exécution en 2011. Abachi L.