Plusieurs milliers de manifestants ont défilé, hier, lundi, à l'appel de l'Union de wilaya UGTA de Tizi Ouzou, pour réclamer le départ du système et le patron de la centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd, décidément honni par les travailleurs et par ses pairs syndicalistes au sein de son fief syndical historique qui l'a propulsé à la tête de la centrale UGTA, il y a plus de 20 ans. Ils étaient des dizaines de milliers de travailleurs issus de divers secteurs d'activité (entreprises publiques à l'exemple de l'Eniem, Electro-Industrie Azazga, Leader Meubles Taboukert... ; administration publique ; secteurs des services et de l'éducation) affiliés aux différentes unions locales à rallier le parcours de la marche qui est partie de l'esplanade du stade 1er-Novembre jusqu'au monument des Martyrs érigé à l'entrée ouest de la ville. Tous disent être venus pour exiger le départ du système et réclamer la restitution de l'UGTA aux travailleurs. Reprenant les chants et les mots d'ordre de la révolte citoyenne contre le système portés par la rue depuis le 22 février dernier, les manifestants étaient nombreux à scander des slogans hostiles au patron actuel de l'UGTA. «Sidi Saïd, dégage !», scandaient de nombreux travailleurs qui ne tarissaient pas de formules pas du tout glorieuses pour le dirigeant syndical à la casquette. A contrario, les défunts Aïssat Idir et A. Benhamouda ont été évoqués avec respect : «Aïssat Idir s'est sacrifié pour les travailleurs, Sidi Saïd a sacrifié les travailleurs», clament, non sans ironie, les marcheurs qui étaient nombreux à porter des portraits à l'effigie du père fondateur de ce syndicat ainsi que de l'emblématique dirigeant Abdelhak Benhamouda assassiné en 1997. Au milieu de nombreux drapeaux aux couleurs nationales et amazighes, une banderole réclamait : «Rendez l'UGTA aux travailleurs» ; «L'UGTA appartient aux travailleurs», lit-on sur une autre «bâche» sur fond du slogan brocardant ceux qui, aux yeux des manifestants, ont dilapidé les richesses du pays : «Klitou lablad, y a saraqin !». La marche s'est terminée dans le calme et la liesse qui a visiblement «contaminé» les automobilistes qui ajoutaient par des klaxons à l'ambiance. Le tout, sur un ouf de soulagement et de satisfaction des organisateurs qui ne s'attendaient pas à une telle mobilisation. «Nous sommes satisfaits de la réussite de la marche», nous disait un cadre de l'Union de wilaya accompagné de son fils d'à peine six ans. Avouant son appréhension quant à «la multiplication d'appels hostiles sur Facebook, qui pouvaient peser sur la mobilisation des travailleurs», dira ce dirigeant. S. A. M.