La proposition de Gaïd Salah , vice ministre de la Défense et chef d'état-major de l'armée, à une sortie de crise à travers l'application de l article 102 de la Constitution a été catégoriquement rejetée par la population de Béjaïa, sortie, hier ,en masse dans la rue avec le même mot d'ordre « Le départ du système et de l'ensemble des hommes politiques qui l'incarnent ». Le ton est donné dans la matinée déjà avec une immense banderole accrochée au niveau de la Maison de la Culture Taos-Amrouche, lieu de regroupement avant l'entame de la marche chaque vendredi, sur laquelle l'on pouvait lire «Pour une IIe République ,ni délégués, ni représentants au nom du peuple, système dégage ! ». En effet, la sortie de Gaïd Salah est perçue par la rue béjaouie comme une manœuvre dilatoire destinée à pérenniser le système. «Le peuple exige un changement radical du système et pas seulement de Bouteflika », martèlent les premiers groupes amassés vers dix heures du matin au niveau de l'esplanade de la Maison de la Culture. A midi, comme pour les précédentes manifestations populaires de contestation du régime politique en place, toutes les rues menant vers l'esplanade de la Maison de la Culture étaient noires de monde. Il faut dire que pour ce sixième vendredi consécutif ,la mobilisation populaire pour le rejet du système n'a pas baissé d'un iota à Béjaïa. Ils étaient, une nouvelle fois, des centaines de milliers venus des différentes localités de la wilaya à réinvestir la rue de la ville de Béjaïa avec la même détermination de faire dégager ce système politique corrompu et corrupteur. Hommes, femmes ,de tous âges , des familles ont constitué cette impressionnante marée humaine qui a déferlé pour la sixième semaine sur les principales artères du chef-lieu de wilaya de Béjaïa dans la même ambiance de fête avec les mêmes belles images de civisme, de respect ,de tolérance et de maturité politique pour entonner en chœur des chants fustigeant le système mais également la dernière sortie du général-major de l'ANP, Gaïd Salah. «Ni Bouteflika, ni Salah, système dégage », « FLN, RND dégage ! », « Djazaïr Djamhouria machi mamlaka ! », « Tous berra ! », « Pour l'avènement d'une deuxième République et l'élection d'une Assemblée constituante souveraine ! »,... ont constitué autant de mots d'ordre écrits sur des pancartes et autres banderoles brandies par des manifestants drapés de l'emblème national. «Gaïd Salah doit savoir que ce n'est pas seulement l'ère de Bouteflika qui est révolue mais celui de tout le système en place depuis l'indépendance dont il fait aussi partie. Nous leur demandons à tous, du Président au maire en passant par les deux Chambres jusqu'au petit maire de partir. Nous voulons un changement radical , l'avènement d'une nouvelle République avec un véritable Etat de droit, nous y arriverons, car c'est la volonté de tout un peuple », clame un manifestant que nous avons rencontré. Une déclaration révélatrice aussi de la détermination de la population de Béjaïa à l'instar de l'ensemble des Algériens à mettre définitivement fin à ce système politique . La procession interminable a sillonné, durant près de trois heures, les principales artères dans une ambiance riche en couleurs en reprenant à tue-tête les slogans de rejet de tout le régime politique observé depuis les premières manifestations du mouvement à travers le pays avant que les manifestants ne se dispersent dans le calme. A. Kersani/K. Gaci