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Réactions des partis et de la classe politique
Dernières déclarations du chef d'état-major
Publié dans Le Soir d'Algérie le 01 - 04 - 2019

Le chef d'état-major s'est exprimé samedi dernier, soit au lendemain de la grandiose marche de vendredi, via un communiqué, pour assurer, entre autres, que la solution à la crise ne peut être envisagée qu'à travers l'application des articles 102, 07 et 08 de la Constitution. Le discours de Gaïd Salah a fait réagir les partis politiques ainsi que des personnalités nationales.
NoureDDine Bahbouh, président de l'union des forces démocratiques ET sociales (UFDS) :
«La proposition du chef de l'armée peut être une sortie de crise»
«Je rappelle que le parti a pris position sur la demande de l'application de l'article 102 comme premier pas vers une sortie de crise, comme nous l'avons exigé, mais nous avons aussi dit que l'application de l'article 102 a lui seul ne suffisait pas, nous considérons donc que l'application des articles 07 et 08, comme suggéré par le chef d'état-major samedi, répond à notre préoccupation et à celle de la rue et nous considérons que cette décision peut nous ramener vers une véritable sortie de crise, nous soutenons donc cette demande du chef de l'armée avec comme obligation d'une application responsable de ces articles et une prise en charge sérieuse de la revendication du mouvement.»
Mohcine BelabbAs, président du RCD :
« La gravité de la situation exige de la transparence de la part de Gaïd Salah et non des sous-entendus »
Mohcine Belabbas a réagi samedi soir, juste après le discours du chef de l'armée, sur son compte Facebook et dit que «Gaïd Salah commence à s'énerver. Une rencontre qui se serait tenue à Zeralda et à laquelle auraient pris part l'ex-patron du renseignement et le frère de celui qui s'entête à ne pas démissionner l'a contraint à une réunion d'urgence avec d'autres responsables militaires présents au centre du pays. Le manque de courage de citer les personnes qui se sont réunies laisse supposer que la partie n'est pas gagnée pour lui. Heureusement que le peuple est déterminé à défendre notre patrie. La gravité de la situation exige de la transparence de la part de Gaïd Salah et non des sous-entendus .»
Maitre Salah Dabouz :
« Gaïd Salah en s'exprimant sur des sujets politiques est en train de transformer l'état-major en parti politique»
« Sur le plan du principe, Gaïd Salah est le chef de l'état-major et il n'a même pas la casquette d'un membre du gouvernement avec la situation actuelle, donc il n'a pas à se prononcer sur des questions politiques, parce qu'en faisant ça, il est en train de transformer l'état-major en parti politique, qui prend des positions politiques pour un groupe contre un autre groupe, et c'est très dangereux de s'exprimer sur une question politique.
Aujourd'hui, on voit une chaîne de télévision qui est en train de devenir un instrument de propagande pour l'état-major, or, en temps de crise, on ne peut pas résoudre les problèmes par la rumeur et la propagande, comme on voit un groupe de personnes qui agit et s'accapare de l'action politique et un autre groupe en train de faire des réunions de nuit, d'après ce que nous dit une chaîne de télévision, et dans lesquelles des services de renseignement français sont associés, c'est très grave, ajouter que des forces anticonstitutionnelles occupent la fonction du président, on appelle ce qui se passe de la haute trahison et il est temps que les tenants du pouvoir trouvent les bons moyens pour que toute la classe politique symbole de cette crise quitte le pouvoir et pour que le peuple puisse choisir ses représentants d'une manière légale et légitime pour construire un Etat qui va jouer son vrai rôle, qui serait au service du citoyen et non le tuteur de citoyen.»
AbderrEzak Makri, président du MSP :
« Nous sommes contre l'implication de l'institution militaire dans les conflits politiques »
Dans un message publié sur sa page Facebook, en réaction au dernier communiqué du MDN sur le discours de Gaïd Salah, le président du MSP a déclaré : « Nous sommes avec l'institution militaire constitutionnelle dans le cadre de ses prérogatives, avec l'accompagnement de l'armée pour arriver à une solution, réaliser le consensus national et la transition démocratique douce, mais sans qu'elle ne contrôle le pouvoir politique, nous sommes avec le mouvement populaire pour la concrétisation de la volonté du peuple, nous sommes avec les revendications populaires visant à mettre fin à l'ère bouteflikienne avec ses symboles, ses hommes d'affaires, ses réseaux, clients et relations douteuses ainsi que ses effets dévastateurs sur l'économie, les richesses du pays, les institutions, l'identité et les valeurs, et nous sommes contre le contrôle des hommes d'affaires corrompus et l'infiltration sioniste supervisée par des familles, hommes d'affaires et Etats derrière les institutions de l'Etat, nous sommes contre l'ingérence de la France dans nos affaires et l'ingérence des Etats arabes voleurs et sionisés qui ne causent que destruction dans le monde arabe, contre le retour de l'Etat profond qui a causé la destruction pendant de longues années, a instauré la fraude électorale, a été injuste avec les personnes probes, a combattu les partis sérieux et militants, a détruit la société civile et a corrompu les médias et nous sommes aussi contre la menace sur la stabilité de notre pays et de l'union nationale et nous sommes contre les complots contre l'institution militaire quelles que soient les personnes qui sont derrière.»
Lakhder Benkhellaf, président du conseil national du Front pour la justice et du développement (FJD) :
«Nous avons toujours appelé à l'application de l'article 102 qui était à l'époque l'article 88. Malheureusement, le pouvoir avait fait la sourde oreille. Nous avons réitéré cette demande lors de la conférence de Mazafran en 2014, qui est restée sans réponse. Nous avons encore reformulé cette même demande pour l'application de l'article 102 bien avant le début des manifestations populaires mais le pouvoir a refusé de nous écouter. Aujourd'hui, l'application de l'article 102 seul n'a pas de sens puisque les manifestants demandent non seulement le départ du président de la République mais aussi celui du pouvoir en place et de tous les gens qui ont conduit le pays à cette catastrophe.
Au sein du parti El Adala, nous plaidons pour l'accompagnement de l'application de l'article 102 par celle des articles 07 et 08 de la Constitution afin de répondre aux revendications des manifestants. L'annonce de Gaïd Salah pour l'application de l'article 102 et les articles 07 et 08 répond justement à la demande des manifestants et de l'opposition notamment le parti El Adala.
Seulement, nous espérons que l'application de ces articles sera suivie du départ de tous les gens qui ont conduit le pays à cette catastrophe. Ces gens ne doivent en aucun cas gérer la période de transition ni la période de préparation des élections plus tard comme Bensalah, Bedoui et Lamamra. Pour la rencontre secrète rapportée par une télévision privée, l'affaire n'est pas claire. Il y a une ambiguïté. S'il s'avère qu'il y a eu une réunion avec des Français, il est du ressort de Gaïd Salah d'arrêter ces gens-là et de les traduire devant la justice pour haute trahison. Il faut donc passer à l'acte car ces personnes qui détiennent le cachet de la République continuent à exercer les prérogatives du président de la République.»
Front El Moustakbal :
Dans un communiqué rendu public, le Front El Moustakbal insiste sur sa «position inchangée, à savoir l'application des articles de la Constitution en considérant le plus sur les moyens pour sortir de la crise et éviter au pays tous les dérapages qui pourraient perturber la sécurité et lui faire courir le risque, à ses institutions et au peuple, des dangers.
Il insiste ainsi sur l'application rigoureuse de l'article 102 de la Constitution et des articles y référents notamment les articles 07 et 08 de la Constitution qui restituent la souveraineté nationale au peuple algérien. Il réaffirme également la nécessité de se mettre aux côtés des institutions constitutionnelles pour faire face à toutes les manœuvres attentant à la sécurité nationale, à l'ordre public et à l'intégrité territoriale en conformité avec l'article 28 de la Constitution.»
Ali Benflis, président du parti Talaie El Houriet :
«Le communiqué rendu public, samedi 30 mars 2019, par le Haut Commandement de l'Armée nationale populaire tire la sonnette d'alarme et appelle l'attention du peuple algérien sur la gravité de la situation actuelle. Le Haut Commandement de l'Armée nationale populaire a réaffirmé son attachement à une sortie constitutionnelle de cette impasse. Il a proposé comme cadre constitutionnel à cette sortie de crise une mise en œuvre combinée des articles 07, 08 et 102 de la Constitution. Lorsque la survie de l'Etat national est en jeu, elle prend le pas sur toutes les autres considérations quelle qu'elles soient. Le mérite de cette démarche tient d'abord au fait qu'elle répond à une demande populaire pressante mais elle tient surtout à la trajectoire dans laquelle elle s'inscrit, celle de la défense de l'Etat national et des buts de la révolution démocratique pacifique.
Dans ce contexte, je tiens à souligner le choix fait par le Haut Commandement de l'Armée nationale populaire de situer sa contribution au règlement de la crise actuelle dans les limites permises par un ordre constitutionnel que les forces extraconstitutionnelles s'emploient à rendre inopérant. Ce choix, malgré toutes les difficultés qu'il peut rencontrer, témoigne du caractère républicain de nos forces armées.
Enfin, la référence à l'article 28 de la Constitution dans le communiqué du Haut Commandement de l'Armée nationale populaire est loin d'être anodine. Lorsque l'indépendance et la souveraineté nationales sont menacées par un effondrement généralisé des institutions, la mission de préservation de l'Etat national est pour tous un devoir sacré.»
Me Farouk Ksentini :
«Je suis extrêmement favorable à la déclaration de Gaïd Salah quant à l'application de l'article 102 et des articles 07 et 08 de la Constitution. Il a ainsi accédé aux vœux des manifestants et du peuple algérien en ce qui concerne le transfert de la souveraineté au peuple. C'est un pas important qui a été fait et qui va aider à la transition et au dialogue. C'est extrêmement bien vu par le vice-ministre de la Défense. Il considère que le temps est venu de dialoguer et de transmettre. Nous devons tous nous en réjouir que l'Algérie doit changer de logiciel, c'est ce qui est demandé actuellement par les manifestants et c'est ce qui s'impose à nous tous. Le temps est venu de changer de logiciel.»
Salima Akkouche /Rym Nasri


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