Ils ont promis ; ils l'ont fait : Les citoyens de la ville de Bouira avaient promis de revenir encore plus nombreux que le vendredi dernier et ils ont tenu parole. Ils étaient en effet hier vendredi, des centaines de milliers de personnes – plus de 300 000 selon certains — à défiler à travers les différents rues et boulevards de la ville, avec comme le vendredi dernier ; hommes, femmes, enfants, vieux et vieilles, pour dire tous comme un seul homme : « Non au prolongement du 4e mandat » et « Système dégage ». Mais plus que tout, avec certaines banderoles et pancartes qui donnent des larmes aux yeux de par leur degré de maturité et de signification. Ainsi, à travers ces centaines de milliers d'hommes, de femmes, de jeunes garçons et filles, de vieilles et de vieux, on pouvait largement lire et comprendre clairement le message de ce peuple qui s'est réveillé et dont le souffle est beaucoup plus long que le pensent certains. « Système : date de fabrication : 00/6/1962. Date de péremption : 00/3/2019. Il est temps pour nous de goûter enfin à l'indépendance », « Vous avez prolongé le mandat, nous allons prolonger le combat », Vous avez volé nos richesses, vous n'allez pas voler notre avenir », « La Washington, la Paris, hna neynou raïs » (Ni Washington, ni Paris, c'est à nous de choisir le président », etc. Ce sont là, certaines banderoles parmi tant d'autres comme « Oui pour une 2e république », « Pour une Algérie meilleure, pour une démocratie majeure », mais également « Pour une Assemblée constituante », mais aussi, « La taajil, la tamdid, yerhal Bedoui ou Saïd » (Ni report, ni prolongement, Saïd et Bedoui, dégagez », qui ont capté notre attention, alors qu'il y en avait des centaines d'autres qui ont été brandies par des jeunes, des enfants, des vieux, durant ce vendredi 15 mars 2019 qui restera sûrement comme l'une des dates historiques du peuple algérien en général et de la population de Bouira en particulier. Un vendredi mémorable par sa mobilisation mais également par cette symbiose qui a régné entre les enfants d'un même pays avec le drapeau national d'un côté et le drapeau amazigh de l'autre, qui ont flotté au-dessus des têtes à travers tous les carrés de marcheurs dans une ambiance festive et bon enfant. L'espace d'un après-midi, les marcheurs ont crié leur ras-le-bol et leur décision d'en finir avec le système et tous ceux qui le symbolisent dont justement ces têtes que le président Bouteflika voulait vendre comme Bedoui, Lamamra et Brahimi, des personnalités usées et obsolètes et qui font partie du système et sur lesquelles le peuple a rendu sa sentence : « Bedoui, berra ; Lamamra, berra ; Brahimi, berra », scandaient à tue-tête les marcheurs. Des centaines de milliers de marcheurs qui se comptaient parmi la société civile, mais également des différentes organisations et associations comme celles du secteur de l'éducation avec le Cnapeste, de l'université avec le Cnes et les étudiants, des paysans libres, de la Sonelgaz, de la santé, etc, qui arpentaient les différentes rues de la ville sans aucun heurt ni dépassement, depuis le principal boulevard Krim-Belkacem qui passe par le siège de la wilaya, jusqu'au boulevard Amirouche qui longe la ville du sud au nord , en passant par d'autres principales rues, avec des cris de « Djazair horra démocratia » ( Algérie libre et démocratique ), « Klitou leblad ya ssaraqin » (Vous avez pillé le pays, bande de voleurs) ; mais également et avec insistance la demande de nouvelles têtes au sein du nouveau gouvernement. Des marcheurs qui demandaient avec insistance de nouvelles têtes en chantant par moment « Djich, chaâb, khaoua, khaoua » (Armée, peuple : frères ), comme pour rappeler au général de corps d'armée, Gaïd Salah sa responsabilité historique dans les moments pareils et pour l'inciter à se décider à écouter la voix du peuple et se mettre de son côté en expulsant tous ces responsables qui incarnent le système, depuis les ministres qui ont servi sous l'ère Bouteflika qui fait désormais partie du passé, jusqu'à ces partis et organisations qui se sont servis à volonté des largesses de ce système comme le FLN, le RND et autres UGTA, FCE, etc. Le cri du peuple est clair et sans bavure et cela s'est fait avec un haut degré de maturité et de responsabilité. Aux véritables décideurs d'être à la hauteur de ce peuple et de ses attentes ! «Plus vite ce sera et mieux cela vaudra». Y. Y.