Poussi�re, probl�me d�alimentation en �nergie �lectrique, viabilisation d�faillante, c�est le d�cor morose de la r�gion de A�n-Nechma, situ�e � 60 km � l�est de Skikda. Sa jeunesse verse graduellement dans la d�linquance du fait d�un manque d�infrastructures cens�es les accueillir, le rendement agricole s�amenuise de jour en jour, et on note l�absence de boulangerie, pharmacie, et autres commerces vitaux. �Coinc�e� entre Ben Azzouz et la wilaya de Annaba, A�n- Nechma est avec Boumaiza, Ben Azzouz- centre, Ezaouia et El- Hamma, l�une des 5 grandes agglom�rations de Ben Azzouz. Pr�s de 3 500 �mes y vivent, ou y survivent. C�est une tache noire dans une commune c�ti�re. Pourtant, elle a abrit� le si�ge de la commune mixte de Cherka (Ben Azzouz)-Edough, entre 1896 et 1968, soit � la fin du mandat du deuxi�me maire de Ben Azzouz. Elle a �t� class�e r�cemment zone urbaine, selon la terminologie consacr�e. �Ce fut, et ce sera pour toujours, un cadeau empoisonn� le fait de la d�nommer ainsi. On n�a pas le droit � des logements ruraux. Hormis les 40 logements � caract�re sociallocatif, aucun programme de logements ne nous a �t� accord�, nous dira un de ses habitants. Tous les chemins impraticables m�nent � A�n Nechma En partant de Skikda, on peut y acc�der par deux voies. La premi�re est celle, classique, du trajet Skikda-Ben Azzouz. En arrivant, on rebrousse chemin pour emprunter une route de 4,5 km. La deuxi�me est moins connue, pourtant elle est celle � laquelle les habitants tiennent beaucoup en vue de contribuer � l�essor de A�n-Nechma. Elle relie les CW 06 et 14, arr�t facultatif situ� sur la route reliant Azzaba � Djendel- Mohammed Saadi, pas loin du cimeti�re des martyrs. Pour arriver au village, un tron�on impraticable, sur 2 km, cern� par des paysages magnifiques et berc� par une fra�cheur marine. Une longue randonn�e p�destre durant laquelle on a long� les unit�s de conservation Izdihar et de l�Oravi tout en �tant � l�aff�t de l�emplacement du forage, d�un d�bit de 8 l/s , qui approvisionne en eau potable la r�gion, et tortur�s par la poussi�re que d�gagent les dizaines de camions roulant dans les deux sens. �Ce sont les vents de la fra�cheur de la plage de Guerbes que vous �tes en train de sentir. D�ailleurs, A�n-Nechma est un mot-compos�, A�n : robinet et Nechma : d�formation de Nesma : fra�cheur, selon l��tymologie populaire. L��tat de la route est lamentable, des centaines de camions des entreprises de r�alisation Cojaal, de Hdjar Essoud, de Sotramest et de Constantine, y transitent quotidiennement. Ils acheminent des tonnes de graviers de la carri�re de Ben Azzouz, et la chute des pierres sur le chemin de retour met la vie des personnes en danger, heureusement que la ballade sur ce tron�on ne fait pas partie des pratiques des habitants. �Comme vous voyez, la route est tellement impraticable et surtout poussi�reuse, qu�on est oblig� d�effectuer des acrobaties sur les accotements �, nous raconte un camionneur, qui a failli se renverser en effectuant une man�uvre dangereuse. L�APC a r�serv� pour la r�fection de cette route 200 millions de cts au titre du budget communal de l�exercice pr�c�dent. Actuellement, le projet a �t� inscrit par la direction des travaux publics pour un montant de 1,4 milliard de cts. Cette op�ration apportera beaucoup au d�veloppement de cette r�gion. Notre parcours oxyg�nant a �t� vite perturb� par une odeur insoutenable exhal�e par l�une des unit�s de l�ORAVI ou de l�OEB. Notre interlocuteur nous r�v�le que ce que nous ressentions est minime par rapport � d�autres jours. �Lors des pics, les femmes enceintes et les gens vuln�rables passent un sale moment, avec vomissements et vertiges�, nous raconte une m�re. Les d�tritus atteignent presque l�enceinte de l�unit� qui jouxte le projet d�un CEM (le plus grand dont aurait b�n�fici� la r�gion depuis longtemps !), un stade communal et deux lotissements sociaux, num�rot�s officieusement 1 et 2. Ces derniers ne sont pas encore raccord�s � l��nergie �lectrique. Pr�s de 360 familles en souffrent. Selon le P/APC de Ben Azzouz, Kherat Abdelhamid, le dossier est au niveau de la direction des mines et de l��nergie. Notre interlocuteur esp�re beaucoup quant � sa prise en charge dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014. 144 taudis de la SAS : des rats comme voisins ! La poussi�re est le bureau d�accueil du village. Lors d�un apr�s-midi caniculaire, la ressemblance avec une bourgade du Far West n�est pas surfaite. Les mines patibulaires qui optent pour l�ombre des arbres, le r�confort des caf�s ou qui rentrent d�une rude matin�e dans les champs ou dans les quelques chantiers des alentours offrent une image triste. L�un des rares caf�s du coin est g�r� par le pr�sident de l�association des handicap�s. �C�est une occasion pour permettre aux gens du village de se regrouper et de passer le temps, et faciliter la t�che aux handicap�s pour prendre un caf� et leur petit-d�jeuner. On fait un peu de social pour cette cat�gorie, dont je fais partie, qui n�a pas per�u ses indemnit�s depuis 8 mois�, explique-t-il. La jeunesse est d�s�uvr�e, �il ne faut pas trop se leurrer, les unit�s Oravi, Izdihar et la carri�re ne sont pas un palliatif au ch�mage. Le recrutement local n�est pas respect� comme on le pense, ce sont les jeunes de Azzaba et de Djendel qui y travaillent plus que ceux de A�n-Nechma�, se lamente un jeune, qui n�a pas cess� de malmener une bouteille d�eau min�rale. Dans le cadre du certificat d�insertion et de formation (CIF), seulement 14 postes ont �t� attribu�s en 2009. Les enfants qui nous apostrophent pour nous demander si on repr�sentait la t�l�vision alg�rienne ont tous un point commun : ils se d�placent pieds nus. Ici, la protection de l�enfance est une utopie. �Nos enfants n�ont m�me pas o� jouer, un appel pressant est lanc� aux autorit�s pour la construction et l�installation d�une petite aire de jeux, des balan�oires, etc.� Dans le cadre du programme quinquennal, une maison de jeunes a �t� accord�e � la r�gion, ce qui est d�j� un grand acquis pour les jeunes, mais demeure insuffisant. Les enfants habitent, pour la plupart d�entre eux les 144 taudis datant de l��poque coloniale, faisant partie du lotissement 2, (lot 2). Y vivent pr�s de 250 familles dans des conditions inhumaines. Le craquement du zinc est l� pour nous rappeler qu�on n�est pas dans une cit� r�sidentielle. Notre visite est inopin�e. Des familles de 7 membres sont entass�es dans des espaces qui ne d�passent pas les 15 m�tres carr�s. La probl�matique du logement n��tant pas encore r�solue, beaucoup de p�res de famille, fuyant la promiscuit�, ont tent� l�aventure : construire des petits taudis dans la m�me cour ! Des petites cuisines qui font le coin, des cours scind�es en chambres, des chambres ferm�es pour cause de fissurations, le rance qui d�sodorise l�endroit o� dormir est insoutenable ! A 5 personnes dans un F2, la situation de la famille Abdelkader n�est pas reluisante. �Mon fils dort dans la cuisine, nous n�avons pas voulu le marier � cause du probl�me d�espace. Les cafards et les rongeurs nous tiennent compagnie. � Dans la r�gion, on parle plut�t d�espaces que de logements, les habitants ne sont pas trop ambitieux ! Et pour cause, les 40 logements sociaux, dont les travaux sont en voie de r�alisation, ne sont qu�une petite bouff�e d�oxyg�ne. Toutes les demeures, si on peut les appeler ainsi, ont un voisin commun : le rat. �Je vous invite, la nuit, � vous rapprocher de l�un d�eux et tenter de le tuer, vous n�aurez pas le courage tellement ils sont monstrueux�, nous confie l�un des habitants. A ce propos, on raconte cette histoire : un jour, deux rongeurs ont tra�n� un b�b� jusqu'� leur trou pour le manger, Dieu Merci, les cris de ce dernier ont attir� la maman qui a vite fait de le sauver. Miracle ! �Il n�a d� son salut aussi que parce que le trou �tait assez �troit par rapport � sa taille�, commente notre narrateur. Une autre fillette a subi �galement une morsure au nez, et elle n�a m�me pas voulu nous laisser la voir. Le maire nous apprend �galement que quelques importants projets seront lanc�s ou en voie de r�ception � A�n-Nechma, tel un nouveau forage et la r�ception de 20 locaux commerciaux. �En d�pit des efforts consentis par les autorit�s de la wilaya, la r�gion, dont l�importance est moindre par rapport � Ben Azzouz et Boumaiza, n�cessite pour son d�veloppement beaucoup d�argent. Il ne faut pas oublier �galement que Ben Azzouz s��tend sur 240 km2, l�une des plus spacieuses de la wilaya�, conclut notre interlocuteur.