La conférence nationale pour des consultations politiques à laquelle a appelé le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, pour aujourd'hui, lundi, au Palais des Nations à Club-des-Pins à Alger est, déjà, un projet mort-né. Massivement boudée, par l'opposition dans sa globalité, par les personnalités nationales et même par des partis proches du pouvoir, cette conférence de Bensalah perd tout crédit avant même son ouverture. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Des partis de l'opposition comme Talaie El Hourryet de Ali Benflis,le Rassemblement pour la culture et la démocratie de Mohcen Belabbas, le Parti des travailleurs de Louisa Hanoune, le Mouvement de la société pour la paix de Abderrezak Makri, le Front pour la justice et le développement de Abdallah Djaballah, le Parti pour la liberté et la justice de Mohamed Saïd, le Parti national social et démocratique de Mohamed Chérif Taleb ont tous décliné , publiquement, l'invitation de la présidence. Idem pour le Mouvement populaire algérien de Amara Benyounès en plus de personnalités nationales comme Taleb Ahmed Ibrahimi. Cela, pour ne citer que les parties qui ont publiquement fait connaître leurs positions par rapport à la rencontre d'aujourd'hui. Une rencontre donc qui devra se résumer à un conclave entre les partis du pouvoir, quelques « sigles » folkloriques et une nuée de professeurs d'université et d'experts proches du pouvoir ! Et encore : le cas d'un parti comme le FLN est assez illustratif de l'état d'esprit général ayant présidé à la convocation de cette conférence. L'homme qui a géré ce dossier et qui a préparé les invitations, à savoir le secrétaire général de la présidence qui fait également office de directeur de cabinet par intérim, Habba El Okbi, est également membre de l'instance de coordination présidée par Moad Bouchareb au FLN. Or, ce dernier, à qui l'invitation a été adressée, n'est plus reconnu par le ministère de l'Intérieur qui a délivré, samedi dernier, l'autorisation de réunir le comité central du parti, pour demain mardi, à Djamel Ould Abbès en sa qualité de secrétaire général du FLN ! Autre fait anecdotique concernant toujours le FLN : «Le président de la République est le président du parti», est-il expressément mentionné dans les statuts officiels du parti, depuis le fameux congrès bis de novembre 2005. Bien évidemment, il s'agissait de Abdelaziz Bouteflika. Mais, depuis le 10 avril, c'est l'actuel chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, membre de la direction du parti rival le RND qui se trouve, de facto, président du FLN ! Ceci étant, l'échec annoncé de la conférence de ce lundi compliquera davantage encore la tâche au pouvoir qui, coûte que coûte, tient à sa feuille de route tracée par Gaïd Salah et qui consiste en la tenue d'élection présidentielle, conformément aux dispositions de l'article 102 de la Constitution. Une date, le 4 juillet 2019, est même officiellement fixée pour cette élection mais que rejette, également, quasiment à l'unanimité, l'ensemble des partis de l'opposition, des élus locaux, des magistrats mais, surtout, la rue. K. A.