La conférence de consultation sur l'élection présidentielle aura lieu aujourd'hui presque sans invités.Les défections sont nombreuses, y compris parmi les soutiens traditionnels du régime. Le chef de l'Etat par intérim revit, en ces moments, l'expérience compliquée vécue par le Premier ministre, Noureddine Bedoui, dans sa recherche laborieuse de personnalités à intégrer dans son gouvernement. Hier, à quelques heures du lancement de la conférence de consultation autour de l'élection présidentielle du 4 juillet prochain, Abdelkader Bensalah enregistrait une cascade de défections, les unes prévisibles, d'autres surprenantes. Ses invitations sont déclinées tantôt avec diplomatie, tantôt avec ironie. C'est le cas du président du RCD, qui a mis en ligne le courrier de la présidence de la République en l'accompagnant d'un commentaire caustique : "Il a fallu quatre jours pour que cette lettre (datée du 18 avril) envoyée par un porteur de la Garde républicaine arrive au siège du RCD (…) Comment voulez-vous qu'une institution qui ne peut pas transmettre un courrier dans les délais sur une distance de 5 km puisse gérer un Etat aussi grand qu'un continent comme l'Algérie?" Mohcine Belabbas a informé qu'il n'ira pas à cette rencontre car il ne reconnaît pas l'agenda du chef de l'Etat. Le Parti des travailleurs (PT) est aussi dans cette logique. Sa secrétaire générale, Louisa Hanoune, a précisé que le parti "ne peut pas participer à cette démarche, alors que la majorité du peuple est mobilisée en faveur de leur départ tous (les symboles du régime, ndlr)". Pour elle, ce n'est qu'un simulacre visant à justifier le scrutin présidentiel et, par là même, la pérennisation du régime. Ali Benflis, président de Talaie El-Houriat, Moussa Touati, driver du Front national algérien, Abderrezak Makri, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abdellah Djaballah, leader du parti Adala, le président du Front Justice et Développement (FJD), la direction du Parti national pour la solidarité et le développement (PNSD), le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), dirigé par Mohamed Saïd, le Front des forces socialistes (FFS), Jil Jadid de Soufiane Djillali… et Taleb Ibrahimi ont annoncé leur intention de ne point faire le déplacement, ce lundi, au Palais des nations, à Club-des-Pins, estimant inconcevable de cautionner une démarche qui ne fait pas écho aux revendications du peuple. Des anciens chefs de gouvernement ont rejeté l'offre de Bensalah pour des motifs identiques.Pour Sid-Ahmed Ghozali, quel que soit l'objet de la conférence, "ma présence n'est ni utile ni logique". Ahmed Benbitour a souligné qu'il ne pouvait s'inscrire dans un processus qui "consacre le 5e mandat sans le candidat habituel". Mokdad Sifi a affirmé qu'il ne reconnaissait aucune légitimité constitutionnelle à Abdelkader Bensalah dans la conduite desdites consultations. Le chef de l'Etat ne peut même plus compter sur les interlocuteurs traditionnels du régime pour faire illusion. L'un des quatre piliers de l'Alliance présidentielle, le Mouvement populaire algérien (MPA) en l'occurrence, a rendu public, hier, un communiqué dans lequel il motive son refus de prendre part aux consultations par un "climat général défavorable à la tenue d'une telle élection", eu égard aux "revendications légitimes du mouvement populaire, à savoir le changement du système et la mise en place d'une nouvelle République". Le parti dirigé par Amar Benyounès épouse quelques-unes des propositions de l'opposition, dont la mise en place d'un présidium, formé par des personnalités choisies par le peuple. Les plus importantes formations politiques (RND, FLN notamment) et organisations de masse (UGTA, UNFA, UNPA...), arrimées aux cercles du pouvoir et jusqu'à un passé récent (à peine deux mois) soutiens indéfectibles du 5e mandant, ne pèsent plus vraiment sur la scène publique tant leurs dirigeants sont fortement contestés par la base. Leur présence au Palais des nations discréditera davantage une rencontre vouée à l'échec, dès lors qu'elle a été décriée et rejetée par des millions d'Algériens le vendredi 19 avril. La caution de Belaïd Abdelaziz (Front El-Moustakbel), de l'avocat Miloud Brahimi et de l'ancien président de l'APN Abdelaziz Ziari (les seules personnalités politiques à avoir confirmé leur participation) ne changera pas la donne.