Dans notre voyage culinaire de cette semaine, nous allons découvrir une vieille recette du terroir bônois que les natifs de l'antique ville de l'Est algérien cuisinaient et cuisinent encore durant le mois de Ramadhan. Considéré comme le plat incontournable de ce mois sacré, le jari est assurément l'entrée indispensable dont on ne pourrait se passer et qui trône majestueusement sur la table du f'tour avec les innombrables mets aussi goûteux les uns que les autres. Cette soupe typique est aussi le plat principal des fêtes de mariage et de fiançailles que les familles bônoises offrent à leurs invités, et qui se préparait par les femmes de grandes familles. Ces dernières se faisaient aider par des tabakhate, dames âgées spécialisées dans la confection des repas en tous genres. Cette recette traditionnelle et emblématique reste aussi le plat roi que l'on mijote lorsque l'on reçoit des hôtes car, comme disaient nos grands-mères, le jari ou chorba pour la région du Centre est plein de baraka et une grande marmite de cette préparation suffisait amplement à nourrir toute la maisonnée. Et pour cause, cette soupe traditionnelle se suffit à elle-même car elle constitue un repas complet par sa consistance en légumes, en herbes et en fécule. Et c'est pour cela que durant le mois de Ramadhan, le jari est l'entrée chaude avec laquelle on rompt le jeûne qui dure parfois plus de douze heures, aidant ainsi le jeûneur à supporter son abstinence alimentaire. Dans certaines autres régions, on l'agrémente de viande d'agneau ou de volaille, ce qui rehausse le plat parmi les mets traditionnels les plus prisés au sein des sociétés musulmanes qui ne se lassaient jamais d'en consommer pendant les trente jours de ce mois, chaque fois étant une nouvelle découverte gustative.
La recette Ingrédients : 500 g de févettes séchées trempées la veille, 1 tête d'ail ou 4 grosses gousses, 1 c. à c. de carvi fraîchement moulu, 1 c. à c. de coriandre séchée fraîchement moulue, 2 à 3 piments rouges secs, 5 c. à s. d'huile végétale, 1 mesure de korsa (pâtes faites maison) qui pourront être remplacées par des vermicelles, sel/poivre, eau. Pour la recette de korsa : 1 kg de semoule fine, œufs entiers, 1 c. à c. de sel, de l'eau froide. Mélanger la semoule avec le sel, les œufs et l'eau jusqu'à obtenir une pâte ferme. Pétrir pendant 1 minute, couvrir et laisser reposer. Reprendre le pétrissage de la pâte jusqu'à ce qu'elle devienne souple, diviser en petites boules, couvrir et laisser reposer. Etaler la pâte puis découper des lanières de 1,5 mm environ, et les mettre à sécher à l'air libre. Préparation : Commencer par laver et nettoyer les févettes trempées la veille. Prendre une marmite à fond épais, y mettre les févettes, mouiller avec de l'eau froide jusqu'à les recouvrir puis mettre à cuire à feu moyen en fermant la marmite à moitié. Pendant ce temps, préparer la tehrissa. Dans un bol en verre, mettre l'ail, les piments et les épices et piler le tout pour obtenir une pâte homogène puis ajouter l'huile et bien mélanger. Lorsque les févettes sont bien cuites jusqu'à fondre totalement, y incorporer la tehrissa. Ajouter de l'eau (1 grand verre), rectifier l'assaisonnement si nécessaire puis ajouter les pâtes en pluie et laisser cuire sur feu doux en remuant le fond pour qu'elles n'attachent pas.