Ouf ! Ont pu, certainement, dire les sceptiques, habitués aux marées humaines des 10 derniers vendredis, craignant de voir la rue céder à la lassitude, et, par conséquent, à la démobilisation. Mais il était dit que ce 11e rendez-vous avec la protesta citoyenne du vendredi ne sera pas différent des précédents. Et on peut même dire avec un brin d'humour, au vu des slogans hostiles qui lui étaient dédiés, que Gaïd Salah a servi de «kérosène à la mobilisation», comme nous le confie avec ironie un ami médecin croisé dans la marche, heureux de voir de véritables fournées d'hommes et de femmes se déverser dans la rue pour prendre possession des grandes artères de la ville des Genêts comme ce fut durant tous les vendredis depuis le 22 février dernier. Du grand portail du campus Hasnaoua, d'où s'est ébranlée la marche, en traversant le parcours habituel qui aboutit à la sortie ouest de la ville, les marcheurs étaient des milliers à revenir à la charge avec à la bouche et écrits sur des banderoles et des pancartes : «Système dégage !», «Yetnahaou ga3 !». Tous les hommes concernés par cette injonction du peuple, des noms avec la photo correspondante, sont brocardés, avec noms et photos sur des grands panneaux, et souvent, accompagnés de messages qui ne sont pas tout à fait glorieux. Mais celui qui aura cristallisé les rancœurs et la colère du peuple aura été le vieux général. Le moins qu'on puise dire est que Gaïd Salah a eu pour son grade et en retour de ses messages débités chaque mardi. Des discours qui, visiblement, ne passent pas auprès de l'opinion et produisent l'effet inverse de celui attendu par les promoteurs de la communication du chef de l'EMG de l'ANP. «Gaïd Salah, dégage !», entend-on crier dans un carré de manifestants. «Gaïd Salah, la honte de l'ANP», écrivent des manifestants sur une grande banderole. «L'ANP est avec le peuple, Gaïd Salah est avec la bande (Al 3isaba)», lit-on sur une affiche portée par un sexagénaire. «L'ANP est au peuple, Gaïd Salah a trahi», a-t-on pu encore observer. Mais la palme du meilleur slogan politique peut être décernée à cette jeune mère de famille accompagnée des ses enfants. «Assez des arrestations simulacres et préfabriquées ! Assez de la justice des règlements de comptes ! Non aux élections qui sauveront le système !», clame la dame sur un carton. Un message qui résume et qui en dit long sur le refus des solutions proposées par les tenants de la décision, à leur tête le chef des armées pour trouver une solution à l'impasse politique. S. A. M.