La manifestation d'hier dans la ville des Genêts offrait un décor quasi routinier. Une espèce de déjà-vu plusieurs fois depuis le 22 février, n'était ce glissement dans l'horaire du début de la marche qui a été retardé jusqu'à 14h pour un deuxième vendredi consécutif. Dans la marche, les habituels carrés des avocats, des syndicats des comités de quartiers et d'autres encore étaient toujours au rendez-vous. Il y avait aussi un carré des journalistes qui ont tenu à marquer la Journée internationale de la liberté de la presse en descendant dans la rue, encore une fois, avec le peuple pour réclamer la "libération de la presse, des jeux claniques et de la logique des règlements de comptes entre les clans du pouvoir". Dès l'entame de la marche, un autre changement était également perceptible, hier, à savoir la focalisation de plus en plus de la foule sur la personne du chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, dont le départ est désormais le plus réclamé par les manifestants. En témoigne le nombre impressionnant de banderoles et de pancartes portant des messages à destination de celui-ci. "Gaïd Salah dégage", "Gaïd Salah, la honte de l'ANP", "Gaïd, où sont les articles 7 et 8 ?", "El-Djeïch mina chaâb, El-Gaïd mina el îssaba", "La Bensalah, la Gaïd Salah, la âdalat el-massalih" (qui signifie : ni Bensalah, ni Gaïd Salah, ni la justice des intérêts), "Non à Gaïd Salah, non à la division du peuple", "Gaïd Salah, Bensalah : ouahed fikoum ma yeslah", lit-on sur quelques-unes des pancartes ciblant le chef d'état-major de l'armée dont tout le monde voit en lui, le seul détenteur du pouvoir. Dans la plupart des carrés de la marche, on scandait également à tue-tête : "Djoumhouria machi caserna", un slogan adapté à Gaïd Salah après avoir été longtemps utilisé contre les Bouteflika sous la forme : "Djoumhouria machi mamlaka". Tout comme le vendredi précédent, un imposant carré a déployé en première ligne une large banderole réclamant la libération d'Issad Rebrab et l'arrestation de Saïd Bouteflika. Samir LESLOUS