Les réactions à la sortie, lundi, du chef d'état-major de l'armée et vice-ministre de la Défense nationale lors de laquelle il a renouvelé le cap de l'élection présidentielle comme solution à la crise et ainsi éviter le spectre d'un vide constitutionnel, vont d'un soutien «inconditionnel» à une «désapprobation» totale de la démarche, en passant par des «réserves», le point de discorde étant la nécessité ou pas d'enclencher une période de transition. Ali Benflis : l'organisation de l'élection présidentielle le 4 juillet est «impossible» Le président du parti des Avant-gardes des libertés estime que le maintien de l'élection présidentielle pour le 4 juillet prochain est « impossible», mettant en avant le temps nécessaire à la mise en place d'une instance indépendante de surveillance des élections comme soutenu par le chef d'état-major de l'armée et vice-ministre de la Défense nationale. Pour Ali Benflis, si Ahmed Gaïd Salah n'a pas évoqué dans son discours de lundi la date du 4 juillet concernant l'élection présidentielle, c'est qu'«il va en droite ligne des revendications du peuple algérien». Pour l'ancien chef de gouvernement, «il est impossible d'organiser des élections à l'avenir sans l'association de ceux qui doivent y être associés pour trouver les outils qui gèrent les élections, dont l'instance indépendante à laquelle a appelé le vice-ministre de la Défense nationale. Et de s'interroger, lui qui intervenait sur une chaîne de télévision privée, sur le sort de l'administration dans le processus électoral prochain et comment sera l'instance indépendante et quelles sont ses missions, renouvelant son appel au dialogue global auquel prendront part et la classe politique et le mouvement populaire au sujet, justement, de cette instance indépendante d'organisation des élections. El Binaa pour «un report pour une période courte des élections» Le leader du mouvement el Binaa estime «possible» un report de l'élection présidentielle du 4 juillet prochain pour une courte durée. Et à Abdelkader Bengrina de plaider pour une jurisprudence constitutionnelle à même de permettre certaines conditions pour l'opération électorale. Et d'éviter, du même coup, le vide constitutionnel tant redouté par certains et la paralysie des institutions de l'Etat. Le leader islamiste, qui récuse le vide constitutionnel sous quelque motif que ce soit, invitant à rechercher une solution politique qui ne sorte pas du texte et de l'esprit de la Constitution. Pour Bengrina, «la revendication phare du mouvement populaire en cours reste la transparence des élections, ce qui n'est, à nos yeux, possible qu'à travers la mise en place d'une instance nationale indépendante d'organisation des élections qui organise le scrutin et accompagne le processus jusqu'à l'annonce des résultats, considérant que la poursuite par l'ANP de l'accompagnement du mouvement populaire constitue une des garanties de la transparence des élections». Ghoul s'en tient à la «solution constitutionnelle» Le président de TAJ appelle le peuple algérien et toutes les forces vives de la Nation à «s'unir autour de l'institution militaire», refusant toute atteinte, sous quelque forme que ce soit, à l'ANP. Le parti que préside Amar Ghoul prend acte du discours du chef d'état-major de l'ANP et vice-ministre de la Défense nationale, saluant les «efforts titanesques que fournit le Haut-Commandement de l'ANP et tous ses éléments et les divers corps de sécurité à tous les niveaux pour renforcer la sécurité et la stabilité, faisant face à tous les plans et dangers qui guettent le pays». TAJ estime que le travail dans le cadre constitutionnel constitue la solution idoine et salutaire pour sortir de la crise politique que traverse le pays. Et d'insister sur la nécessité d'un «retour rapide» au processus électoral et l'édification d'institutions légitimes à travers l'acte électoral. Il plaide, pour ce faire, pour l'entame, le plus vite possible, d'un dialogue «sérieux» et «responsable» qui rassemblera toutes les parties, sans exclusive aucune, pour garantir des conditions sereines nécessaires à la réussite de l'élection présidentielle le «plus vite possible». Il appelle également à la mise en place rapide d'une instance nationale d'organisation et de supervision des élections à même de garantir la transparence et la légitimité pour répondre aux aspirations du peuple algérien. Soltani contre une transition Bouguerra Soltani appelle à l'organisation de l'élection présidentielle le plus vite possible pour «contrecarrer ceux qui poursuivent l'objectif de faire durer encore la crise». Ceci en sus de mettre en place le plus vite possible, une instance indépendante d'organisation des élections en actionnant l'article 194 de la Constitution et la révision du code électoral. Pour l'ancien président du MSP, le chef d'état-major de l'ANP et vice-ministre de la Défense nationale a réitéré dans son discours du lundi, son «refus d'une immixtion directe dans le champ politique», «s'astreignant à ses prérogatives que lui confère la Constitution». Pour Soltani, la proposition de Ahmed Gaïd Salah est « sérieuse» et «souple» à même de constituer «l'amorce d'une solution pratique» à l'intention du mouvement populaire, la classe politique, l'élite et des institutions habilitées et ce, afin d'éviter le «vide constitutionnel» avec des «dérapages dangereux» qui pourraient en découler. L'ancien président du MSP met en garde, par ailleurs, contre le fait de tomber dans le piège d'une «période de transition qui constituera l'occasion idéale pour les aventuriers issus de minorités qui cherchent à attiser la situation en créant une rupture entre le peuple et son armée». Abdallah Djaballah : «l'institution d'une instance d'organisation des élections prendra du temps» Le président du Front pour la justice et le développement s'en tient à une période de transition en dépit du refus par l'armée de cette option. Et Abdallah Djaballah d'exprimer ses craintes quant à l'entêtement de l'armée à tenir l'élection présidentielle à sa date prévue, soit le 4 juillet prochain, sous couvert d'éviter le vide constitutionnel, sans tenir compte des alertes et des avertissements du mouvement populaire, des partis et des personnalités nationales. Le leader islamiste estime que l'appel du chef d'état-major de l'ANP et vice-ministre de la Défense nationale à accélérer le processus de mise en place de l'instance de surveillance des élections en prévision de la tenue d'élections est «illogique». Pour lui, l'institution d'une instance indépendante «nécessite du temps qui ne peut être au-dessous de 6 mois pour le choix des personnes compétentes et l'élaboration des mécanismes à l'effet d'éviter une instance formelle qui ne travaille pas la crédibilité des élections». Pour le président du FJD, le maintien de l'élection présidentielle du 4 juillet prochain n'est autre que le «contournement des revendications du mouvement populaire», réitérant sa préférence pour une «période de transition qui démarrera d'un dialogue auquel prendront part la classe politique et les représentants du mouvement pour la préparation du climat idéal à même de permettre aux Algériens le choix de leur futur Président dans la sérénité et en toute responsabilité». Mohcine Belabbas, président du RCD : «la solution constitutionnelle n'est pas une solution mais un problème» Premier à réagir à cette sortie de Gaïd Salah après deux semaines d'une abstinence de la parole, le président du RCD, dans un post sur sa page Facebook, affirme que le chef de l'état-major de l'armée, qui «renoue avec l'adresse à la Nation de l'intérieur des casernes, continue de croire en l'élection présidentielle sans passer par une période de transition à même de mettre en place les mécanismes, dont l'instance indépendante d'organisation et non de surveillance des scrutins, qui garantissent une élection réellement transparente et libre et une alternance démocratique au pouvoir». Et à Mohcine Belabbas de faire remarquer que «bien qu'il ne se soit pas attaqué cette fois à ce qu'il appelle ceux qui entravent la solution constitutionnelle, il tergiverse dans des postures qui ont déjà fait perdre à la Nation beaucoup de temps. En réalité, personne n'a entravé la solution constitutionnelle, elle n'est tout simplement pas une solution mais un problème». Le FLN appuie la démarche de Gaïd Salah L'ex-parti unique réitère son soutien total à l'armée dans sa «position nationaliste et souveraine dans le traitement de la crise politique qui touche le pays». Dans un communiqué signé de son nouveau secrétaire général, le FLN appuie la «sagesse, la vision, l'engagement et la cohérence de l'ANP avec les revendications populaires légitimes, dans la paix et l'assurance ». Et de relever que « les solutions à la crise sont celles qui découlent de la Constitution et qui s'appuient sur une jurisprudence tirée de la loi fondamentale, et non en dehors », estimant que « les propositions conjoncturelles et creuses, particulièrement celles qui mènent au vide constitutionnel, ne sont pas en mesure de répondre aux revendications du peuple». Le FLN prend acte également de la «position de l'institution militaire dans sa sauvegarde des institutions de l'Etat et cohérente avec les aspirations du peuple algérien». RAJ : «le fossé se creuse davantage entre les revendications populaires et le pouvoir incarné par l'état-major» L'association nationale Rassemblement actions jeunesse (RAJ), très impliquée dans le mouvement populaire né le 22 février dernier et qui boucle, ce mercredi, son troisième mois, estime que le discours de lundi du chef d'état-major de l'armée et vice-ministre de la Défense nationale ne fait que «creuser davantage le fossé entre les revendications populaires pour le changement du régime et le pouvoir incarné par l'état-major». Dans un communiqué rendu public, hier mardi, cette entité associative très active soutient que Ahmed Gaïd Salah «n'a aucune volonté politique d'amorcer un dialogue sérieux et responsable avec les dynamiques composant la société qui permettrait d'engager une phase de transition pour une sortie de crise consensuelle et pacifique». Par son discours, note encore RAJ, «le chef d'état-major «réaffirme la volonté du pouvoir de maintenir l'élection présidentielle du 4 juillet en dépit de la forte opposition de la société». Et d'avertir en soutenant que «vouloir aller vers l'imposition d'un passage en force à travers l'élection présidentielle ne peut qu'exaspérer davantage la situation et envenimer le climat politique en ébullition». Et face à ce qu'il qualifie «d'entêtement des détenteurs du pouvoir réel», RAJ recommande la «poursuite de la mobilisation pacifique et la solidarité populaire» qui «pourront venir à bout de ce régime et construire l'Etat de droit et de justice sociale». M. K.