La présidente de l'Union pour le changement et le progrès (UCP), Zoubida Assoul, a affirmé que «le report de l'élection présidentielle était prévisible, c'était une évidence». Elle a expliqué que le processus électoral prévu pour se dérouler le 4 juillet prochain ne pouvait avoir lieu, parce que les conditions «objectives» pour son déroulement n'étaient pas réunies. Invitée à s'exprimer hier sur les ondes de la Chaîne 3, Mme Assoul a précisé que parmi les conditions nécessaires et qui n'étaient pas réunies, la présence de la Haute instance de surveillance du scrutin dont elle demande la fin de fonction de tous les membres actuels ainsi que le contrôle du fichier électoral qui n'a pas été accompli ,pourtant cette dernière disposition constitue «une obligation constitutionnelle». Abordant la vacance du poste de président de la République, Mme Assoul a rappelé que «déjà nous étions sans Président depuis 2013». Il n'était pas raisonnable donc d'appeler à l'application de l'article 102 de la Constitution à un mois de la fin du mandat du Président et le défi de réalité des pouvoirs publics au lendemain de la première manifestation du 22 février a poussé les manifestants à monter d'un cran leurs revendications, en exigeant le départ de tout le système politique «et plus la crise persiste, plus le peuple sera plus exigeant» selon elle. Pour ce qui est des élections du 4 juillet, elle fera remarquer que les Algériens ont rejeté un processus que les magistrats eux-mêmes ont refusé de cautionner estimant que ces élections « ne sont pas une fin en soi» et qu'elles ne peuvent donc régler «une crise politique inédite et aussi grave». S'agit-il de sauver l'Algérie ou bien les élections ? L'intervenante pense que pour parvenir à une «rupture réelle», il faudra «détricoter ce système» et le remplacer par un Etat de droit «qui ne soit pas un simple slogan». Pour répondre à une question relative à la gestion de cette crise sans précédent, Mme Assoul a rappelé qu'en prenant possession de la rue, le peuple a exprimé son désir de faire une rupture avec le système, d'où la nécessité de «trouver une solution politique» au problème. La présidente de l'UCP préconise donc le dialogue, un dialogue sérieux et s'il est sans cesse retardé, la crise «va s'accélérer et se complexifier». Aujourd'hui, rappelle-t-elle, le peuple est dehors avec, face à lui, l'institution militaire, qui «bénéfie de son estime». Elle appelle l'Armée à faciliter l'établissement d'un dialogue et à accompagner la transition car c'est la seule institution habilitée à choisir les médiateurs à même d'inaugurer un « dialogue sérieux avec la classe politique et les représentants du peuple». Quant à la période de transition, Mme Assoul propose qu'elle soit précédée par des Assises nationales, lors desquelles les représentants du peuple exprimeront leurs avis sur la feuille de route de cette dernière, et ce, «pour régler la crise définitivement». Ilhem Tir