La présidente du parti de l'Union pour le changement et le progrès (UCP), Zoubida Assoul, appelle à un dialogue sérieux avant l'entame d'une période de transition d'une durée « raisonnable » allant de 12 à 18 mois. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Invitée hier au Forum d'El Moudjahid, elle a plaidé pour une période de transition précédée par un assainissement de la situation actuelle que vit l'Algérie et un déverrouillage du système politique en place à travers la révision de la loi électorale et de la Constitution. «Il faut une nouvelle Constitution qui permettrait d'instaurer un équilibre des pouvoirs, d'avoir une justice indépendante et de garantir la protection des libertés et les droits des citoyens et de leurs biens», a-t-elle déclaré. Mme Assoul a affirmé qu'on ne peut pas instaurer la démocratie sous la Constitution actuelle qui concentre tous les pouvoirs entre les mains d'une seule personne, à savoir le président de la République. «Il faut d'abord assainir cette situation et aller vers un dialogue sérieux. A travers ce dialogue, nous allons définir une feuille de route consensuelle pour la transition avec ses mécanismes et sa durée», a-t-elle expliqué. Mais ce dialogue ne doit pas impliquer les figures du régime actuel, décrié par la rue notamment le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, le président de l'APN, Moad Bouchareb et le chef du gouvernement Nouredine Bedoui. «Quand le peuple dit yetnehaw gaâ (ils doivent tous partir), ce sont les gens qui ont assumé des responsabilités ces dernières 20 années qui sont concernés. On ne peut pas attendre une solution de leur part car ils sont les acteurs de l'échec», a-t-elle soutenu, estimant que l'urgence est de doter le pays de responsables légitimes. Dans ce contexte, l'invitée du forum d'El Moudjahid a exprimé son opposition à l'élection présidentielle du 4 juillet, rappelant que le peuple rejette ce processus électoral «avec les mêmes causes qui vont produire les mêmes effets». Pour elle, l'ensemble du peuple algérien qui manifeste depuis le 22 février aspire à la construction d'un Etat de droit et de libertés tourné vers la modernité et l'ouverture sur le monde. Interrogée sur l'ouverture des dossiers de corruption et les arrestations de plusieurs hommes d'affaires, Mme Assoul estime qu'il y a un certaine amalgame dans ces dossiers. «Le procureur de la République doit communiquer pour clarifier les décisions prises et informer l'opinion publique car l'absence de communication ouvre la porte à toutes les interprétations», a-t-elle souligné. L'oratrice a ajouté que l'indépendance de la justice ne se réalise pas sur décision mais «c'est un long processus». «L'indépendance de la justice ne se fait pas par décret mais à travers un long processus de réforme», a-t-elle expliqué. K. A.