Coup d'épée dans l'eau. A blanc. Ça a fait pschitt. Ça n'a rien donné. Nuages sans pluie. Essai non concluant. Perte de temps. Fuite en avant. Tentative désespérée… Tout ça, quoi. C'est ce qui m'est venu à l'esprit juste après les dépôts des dossiers au niveau du Conseil constitutionnel. J'attendais une flopée de candidats. Comme la route vers El-Mouradia est balisée, je m'attendais à plus de soixante-dix candidats. Non, trois fois non ! Juste deux candidats. Deux dossiers rikiki. El-Mouradia, c'est loin ! Qui connaît ces deux prétendants à la magistrature suprême ? Personne. J'en étais sûr. On attendra de les connaître, avec la campagne électorale. Il y aura bien une campagne électorale ? Puisqu'il y a des candidats. Qu'on ne me dise pas qu'il n'y aura pas d'élections ! C'est sûr, le 4 juillet, on ira tous aux urnes. Le choix est simple. Deux candidats, ya kho ! C'est pour l'un ou pour l'autre. Personnellement, je vote pour celui du milieu. Je sens, déjà, venir un communiqué, de je ne sais où, je ne sais plus où se trouve le centre du pouvoir, qui reportera l'élection présidentielle. Je proteste, à l'avance. Ce jour-là, j'observerai un piquet de grève. Ces deux candidats ont travaillé pour être au rendez-vous du 4 juillet. S'il n'y a pas d'autres prétendants, tant pis et tant mieux. Quoi ? Le sérieux de la fonction présidentielle ? Qui en parle ? Pas moi, en tout cas. Je sais de source sûre, celle du Conseil constitutionnel, qu'il y a deux candidats. Aussi, il faut aller vers les élections. Il n'y a pas autre chose à faire. C'est la seule issue. De quoi ? On ne va pas nous sortir du chapeau magique une formulation, pour me priver de la joie citoyenne de mettre mon bulletin dans l'urne. Le pied ! J'en jouis à l'avance. Ce jour-là, je me sentirai algérien. Un vrai. Un pur. Un dur. J'aurais voté, dans la transparence des urnes et de l'acte, pour MON Président ; celui qui bâtira enfin l'Algérie de mes rêves. Je vois d'ici des compatriotes lever les mains au ciel. Et se dire : « D'où sort cet hurluberlu ? » J'assume. Je suis un hurluberlu constitutionnel. La Constitution a dit ; j'applique, dès lors. La décision d'appliquer l'article 102 a été prise en haut lieu, il faut donc y souscrire. Au fait, où se trouve ce haut lieu ? On en parle tellement. Qu'il m'arrive souvent de lever la tête à toucher les nuages pour déterminer ce haut lieu. Puis, c'est vrai ! Au point où mon arthrose cervicale me joue souvent son requiem de la douleur. J'ai souvent entendu cette sentence : « Ça vient d'en haut ! » C'est un réflexe chez moi ; dès que j'entends cette phrase, je lève la tête en haut. Pléonasme ? Et alors ? Je ne suis pas à un pléonasme près. Et l'Algérie, non plus. Revenons à nos deux candidats ! Il ne faut pas les zapper. Il faut tenir compte de leur candidature. Je veux voter. Oui, le 4 juillet. Pas un autre jour. Je voterai pour l'un ou l'autre. Je déciderai dans le secret de l'isoloir. L'essentiel est de voter. Ainsi, le vide constitutionnel aura été une simple crainte. Une peur infondée. Tout ceci grâce à la vitalité de notre Constitution. Qui a produit l'article 102. Puis, il ne faut pas oublier qu'au-delà du 4 juillet, il faudrait inventer un schmilblick, à l'algérienne, pour éviter le vide, ce vide qui donne le vertige au plus funambule d'entre nous, je le sens déjà ce vertige, je le sens vriller mon cerveau, farfouiller ma rétine et soulever mes tripes. J'ai peur de rendre ma chorba blanche. Alors, on y va ! En avant ! A vos bulletins de vote. Aux urnes, citoyens de ce pays ! J'ai eu l'info à la télé. J'ai cru défaillir. Combien sont-ils ? Je ne veux pas les compter. Deux Premiers ministres, et pas des moindres, des ministres, et pas des moindres, deux walis, dont celui de la capitale. Ah oui, la présomption d'innocence est de rigueur. Non, je ne juge personne. Je n'ai ni la qualité ni la compétence. Je constate, un point c'est tout. Mais, autant de hauts responsables, des très hauts, ça fait réfléchir. Ça fait frémir. Ça donne des sueurs froides. Ça donne le vertige. Ça fout les jetons. Ça donne envie de fuir. Combien sont-ils ? Oui, oui, la présomption d'innocence. Mais tout de même ! Deux Premiers ministres. Des ministres. Des walis. La Cour suprême a du boulot. Il faut démêler tout ça. Nous dire qui est qui. Qui a fait quoi. Qui est innocent. Qui est coupable. Puis, cette histoire de combien d'hectares, est-elle vraie ? Kayna menha, kho ! Combien d'hectares ? 50 000 ! Ai-je bien lu ? Ou ai-je la berlue ? Ai-je rajouté un ou deux zéros ? Ça doit être ça ! Il s'agit de 500 hectares. Pas plus. Je ne sais plus. Y a-t-il une âme pour éclairer ma lanterne. Enfin, il y a un fond, tout de même. Si c'est 50 000 hectares, ça veut dire que Borgeaud est revenu de son exil pied-noir. J'ai cru comprendre que les autres ont passé des contrats qui n'avaient pas lieu d'être passés. Et autres babioles qui vous mettent face aux magistrats de la Cour suprême. La corruption n'est plus une rumeur, de ce fait. La vox populi en faisait des choux gras, à l'époque. Untel a bouffé. L'autre est un brouteur de première. Tel autre avait toujours un double décamètre dans sa poche. Chacun a eu pour son grade. Rien n'échappe à la vigilance populaire. Puis, tout se sait à la fin. Mais l'impunité a fait son sale boulot. Voilà, il n'y a pas de fumée sans feu. Faut-il croire, désormais, la vox populi ? La justice nous le dira, bientôt, j'espère. Il a fallu toucher un seul pour que la pyramide tombe en poussière. Comme dit le proverbe de chez moi : « Jebdegh amrar, inhed-d udrar ». Il a fallu, juste, tirer sur la corde, pour que la montagne s'affale. A peu de choses près, on n'est pas loin de la réalité. Ya kho, tout ce beau monde risque de connaître le glaive de la justice. Sans compter le reste. C'est presque tout le gouvernement. Je dis presque. Pas tous, heureusement. Wallah, ça fait peur. Comment remettre sur les rails ce pays ? Comment réinventer ce pays ? Comment instituer une deuxième République ? Win biha, ya redjala ? Tout serait pourri au pays de Larbi Ben M'hidi ? Tout serait métastasé au pays d'Abane Ramdane ? On n'a pas seulement mis le doigt dans le miel, comme disait Boumediène, on y a plongé de tout le corps. Une « mouriska » algérienne ! Maintenant, il faut faire face aux piqûres d'abeilles qui ont été spoliées de leur labeur. J'espère que ce ne ce sera pas seulement un tir à blanc ! Juste avant l'adhan de l'iftar, la télé nationale nous montre, zaâma pour nous aider à tenir le coup, une caméra cachée. Quelle indigence ! Quelle misère ! Il y a « Aïcha l'bouassa» d'un côté ; de l'autre côté, il y a «Boualem e'debbouz» ; et pour finir, il y a le coup de la malle de voiture. Wallah, je regrette Hdidouane et Mma Messaouda. Rouiched doit se retourner dans sa tombe. Allah yerehmek, ya Hassan Terro ! Y. M.