Une heure trente minutes ont finalement mis fin au procès très attendu de Ali Haddad. Ses déclarations ont toutefois soulevé plus de questions qu'elles n'ont apporté de réponses. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - La principale interrogation concerne «l'aveu» qu'a fait l'homme d'affaires en citant l'ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal avec lequel il dit avoir pris attache pour l'obtention d'un second passeport compte tenu de ses déplacements fréquents à l'étranger. Sa proximité avec les anciens responsables ayant servi sous le règne de Bouteflika n'étant un secret pour personne, il a fourni cependant à la défense des éléments permettant d'ôter l'intégralité de la responsabilité à leur client. Ali Haddad qui comparaît à ce moment est poursuivi pour faux et usage de faux et le chef d'inculpation est basé sur le fait qu'il se trouvait en possession de deux passeports au moment où il s'apprêtait à quitter le territoire national. Lorsqu'il est interrogé sur la manière avec laquelle il a pu obtenir son second document, il n'hésite pas à révéler que celui-ci lui a été accordé grâce à l'ancien Premier ministre faisant dire à l'un des avocats présents que la présence de Sellal s'avère donc nécessaire. D'autres avocats confient que ce même aveu a été fait durant son audition par le juge d'instruction et auprès des enquêteurs des services de sécurité. Le procès a été clôturé sans que l'ancien haut responsable ait été interrogé publiquement dans ce cadre, mais l'affaire en question pourrait bien renvoyer à un autre dossier en suspens et dont les tenants et les aboutissants demeurent encore inconnus de l'opinion. Récemment, la Cour suprême a publié une liste de noms d'anciens ministres appelés à être prochainement entendus dans des affaires concernant Ali Haddad. Celle-ci en fait-elle partie ? «Amenez Sellal, Bedoui et Hocine Mazouz», crie l'avocat de Hacene Boualem, co-accusé dans l'affaire Haddad. «Pourquoi va-t-il payer alors qu'il n'a fait qu'appliquer leurs directives, ce n'est pas raisonnable», dit-il. Son client occupait le poste de directeur des titres et documents sécurisés au ministère de l'Intérieur. «L'ancien secrétaire général du ministère, Hocine Mazouz, m'avait donné instruction d'établir un second passeport à Haddad», fait-il savoir au juge qui l'interroge. Le mis en cause n'est pas présent. Debout face au juge, l'homme d'affaires répond d'une petite voix aux questions qui lui sont posées. «Je ne voulais pas m'enfuir, j'allais en vacances», tente-t-il de se défendre lorsqu'on lui demande si son intention était de fuir le pays lors de son interception à Oum Tboul. Le magistrat lui fait remarquer que son départ avait eu lieu à un moment très particulier que traversait le pays. «J'avais deux passeports, poursuit le prévenu, à chaque déplacement, j'en présentait un (...) j'ai obtenu le deuxième document en quarante-huit heures, sans avoir présenté de dossier.» Lors de leur plaidoirie, ses avocats tentent de vider les principales accusations de leur substance en faisant savoir que «18 mille Algériens sont en possession de deux passeports et que le fait n'avait rien d'illégal puisqu'une instruction datant de 2015 le permettait». Il est 13h, le procès prend fin. Le procureur requiert 18 mois de prison et 100 000 DA d'amende. Le verdict ne sera prononcé que le 17 juin prochain. A. C.