Ce n'est pas le grand et inusable Hassan Lalmas dont le talent a illuminé le ciel du football algérien, deux décennies durant. Mais Amir Sayoud porte bien son nom et son arrivée au Chabab, lors du mercato hivernal, a fait rejaillir la lumière sous le toit de la maison belouizdadie qui s'effilochait inéluctablement. «Viré» par l'USM Alger, l'enfant de Guelma qui a connu bien de déboires depuis qu'il joue au ballon, est aujourd'hui un homme heureux. Ses passages ratés au Ahly du Caire, Al-Arabi (Koweït), au MCA, à Al-Ismaïly, le Beroe Stara Zagora (Bulgarie), le CS Sfax et l'USMA l'ont certainement marqué. Lui qui a réalisé sa meilleure saison sous le maillot du DRB Tadjenant (30 matchs, 7 buts). En presque dix années de pratique chez les seniors, Sayoud (29 ans en août prochain) aurait pu être une autre étoile «cramée» du football algérien tant le parcours professionnel de ce pur gaucher, sinueux qu'il est, n'a pas aidé le natif de Guelma, patelin qui a vu naître Mustapha Seridi, Nourredine Hachouf , Farid Ghazi, Abdelghani Djabri, et autre Abdelmalik Ziaya, à percer et convaincre le monde de son grand talent. De sa virtuosité. Il fallait, peut-être, rejoindre le Chabab qui avait accueilli par le passé d'autres footballeurs de l'antique Malaca pour s'offrir un nouveau statut. Une statue aux côtés du légendaire Lalmas, Kalem, Abrouk, Selmi et beaucoup d'autres joueurs qui ont fait l'histoire des «V» Rouge et Blanc de Laâqiba. Depuis janvier, en effet, Sayoud a su tirer une équipe traumatisée par les crises multidimensionnelles vers l'avant. Vers le haut. Non seulement le maintien, que tout le monde pensait compromis (le CRB a terminé la phase aller du championnat avec seulement 10 points) mais au bout de l'aventure, le Chabab s'offre un 8e trophée national grâce à Abdelkader Amrani, le coach qui détient désormais le record des coupes remportées (4) devant les regrettés Ahmed Arab (CRB) et Mokhtar Aribi (ESS), mais surtout Amir Sayoud. Un meneur qui sait marquer (7 buts depuis qu'il est arrivé au club) et faire marquer. Samedi, à Blida, étouffé par l'enjeu et la chaleur, le CR Belouizdad a dû son salut à la maestria de l'enfant de Guelma qui a appris les rudiments du jeu à onze dans son quartier natal, puis à l'ES Sétif et ensuite à l'école d'Al-Fata Al-Arabi d'Egypte où il a été repéré par les recruteurs du National du Caire coaché à l'époque par le Portugais Manuel José. Un Sayoud qui, malgré les déceptions passées, a su conserver sa sérénité, son humilité et son savoir-faire. Sans jamais tirer la couverture sur soi. «En football, on dit que les grands clubs ne meurent jamais et je pense qu'aujourd'hui, le CRB en a apporté la preuve. Le début de saison a été difficile, mais avec cette coupe, je pense que nous avons bien rectifié le tir. Tant mieux pour nous», s'est-il contenté par dire quelques minutes après le sifflet libérateur de Mohamed Saïdi. La saison à venir s'annonce autrement plus prometteuse pour celui qui aurait pu, dans un autre contexte que celui vécu par le CRB cette saison, prétendre à une place dans les «23» emmenés par Belmadi en Egypte. Son intelligence dans le jeu, son rayonnement sur l'équipe et sa modeste expérience internationale (il a joué la LDC avec le Ahly du Caire, le MCA et l'USMA) auraient pu servir les Verts durant une compétition qui se joue dans un pays que Sayoud connaît bien et dans laquelle les meneurs de jeu comme le Sénégalais Sadio Mané, le Marocain Ziyech, le Tunisien Wahbi Khazri ou encore le Nigérian Mikel Obi sont souvent récompensés. M. B.