A peine deux jours à Doha qu'un nouveau scandale frappe aux portes des Verts de Djamel Belmadi déjà fortement «défoncées» par le cas Atal signalé en mars dernier mais révélé publiquement à la veille du départ de la sélection en stage précompétitif de la CAN-2019 au Qatar. L'EN de football est-elle devenue maudite qu'il faudrait procéder à sa dissolution pour ne pas s'encombrer d'autres farces qui sont légion dans la pratique du jeu à onze en Algérie ? Chicha, cocaïne, mœurs et autres «excès» qui ne sont pas le propre des seuls sportifs, sont des scandales qui ont marqué l'ambiance «moderne» des Verts. Ce n'est pas que les sélections des années 1970, 80 et 90 n'ont pas connu ce genre d'histoires parfois tolérées, gérées pour certains cas, souvent ignorées et dissimulées du grand public, mais qui ont fini avec le temps à affecter la réputation et de l'EN et des éléments qui sont à l'origine de ces erreurs de jeunesse. C'est tellement facile de nos jours de sanctionner les auteurs de tels actes qui nuisent à la discipline du groupe. Les preuves sont là. Implacables. Les sanctions si exemplaires, si punitives qu'elles soient n'empêchent pourtant pas les récidives. Avant Belkebla il y a eu Boudebouz et avant Boudebouz il y a d'autres affaires du genre, parfois autrement plus gravissimes, dont les auteurs sont aujourd'hui de bons pères de famille. Pour dire que l'écart de Haris Belkebla est un éternel recommencement. Le joueur de Reims qui n'est plus apparu dans les radars des sélectionneurs algériens depuis le match contre l'Argentine aux JO de Rio-2016 (il était suspendu lors du 3è match du premier tour contre le Portugal) a été sélectionné pour la CAN-2019 à la grande surprise de tous. Belmadi l'a retenu alors que d'autres éléments évoluant aussi bien en Algérie qu'à l'étranger avaient le profil pour remplacer les Taïder (choix technique), Bentaleb et Chita (blessés et opérés) ainsi que Mehdi Abeid pas totalement remis de sa blessure et qui manquait de compétition (il n'a disputé que les 5 dernières minutes du play-off entre Dijon, son club, et Lens, où il a été formé, et ce, après deux mois d'inactivité due à une blessure contractée en sélection contre la Tunisie, le 26 mars dernier). Le Brestois qui a certes réussi l'accession avec son club en Ligue 1 Conforama n'était pas le médian tant espéré par Belmadi pour combler les lacunes de la sélection dans ce compartiment. Le sélectionneur national s'est peut-être rappelé de l'ancien Tourangeau dès lors que le Stade Brestois a réussi l'exploit de remonter parmi l'élite après six années de purgatoire en comptant sur son milieu algérien auteur de bonnes statistiques (36 matchs joués dont 33 en Ligue 2, 4 buts marqués et seulement 8 cartons jaunes reçus). Son entraîneur à Brest, Jean-Marc Furlan, dit de lui que c'est un joueur précieux. Dans un entretien à nos confères de Le Buteur, l'ancien coach de l'ESTAC où évoluaient d'autres ex-internationaux algériens dont Rafik Saïfi, Farid Ghazi, Karim Ziani, Mehdi Meniri et Mohamed Berradja a ainsi résumé le profil de Belkebla. «Ce qui est intéressant chez Haris c'est sa grande récupération et un très grand volume de jeu. Pour moi sincèrement, c'est le vrai footballeur, qui a beaucoup d'endurance et qui connaît et adore ce sport. Il possède tout ce qu'on aime dans un milieu de terrain moderne. Une bonne récupération de balles et une très bonne lecture du jeu», confiait-il. Et de préciser à la question de la sélection surprise de son joueur : «Belkebla a cette personnalité qui peut lui permettre de vite s'intégrer. Maintenant, techniquement, tactiquement et sur le plan stratégique, c'est vraiment un très bon élément. Sur le plan aérobie, c'est un marathonien. C'est aussi très important pour un milieu de terrain». Et de montrer cette autre facette du joueur qui peut surprendre à la lumière de ce qui s'est passé à Doha. «Je peux vous dire que c'est une belle personne. C'est un garçon très bien éduqué et très agréable à vivre dans le vestiaire et en dehors. C'est aussi important pour un entraîneur», a-t-il indiqué. Un cas isolé ? L'acte de Belkebla, condamnable à plus d'un titre, non pas du fait qu'il ait été révélé par les réseaux sociaux, ne semble que la suite logique d'une mauvaise préparation mentale du joueur. Un problème d'adaptation, en somme, induit par l'effet surprise de sa sélection pour la CAN-2019 et sa présence dans un environnement qu'il ne connaît pas. C'était aussi le cas pourtant lors de sa première sélection chez les U23 qui avaient disputé les Jeux de Rio. Il a été retenu pour la première fois lors du stage effectué par les Olympiques à Tikjda, en juin 2016, au même titre que Ramy Bensebaïni (ex-Montpellier) et Rachid Aït Athmane (Sporting Gijón). Selon des témoignages d'anciens camarades du groupe coaché par le Suisse Pierre-André Schurmann, Belkebla était un joueur «réservé». Probablement qu'il était échaudé par la sanction qui a frappé Zineddine Ferhat qui avait «séché» ledit stage d'acclimatation pour aller signer au Havre AC ou encore la décision de Montpellier d'interdire à l'ancien joueur du PAC de prendre part à ce rendez-vous du fait qu'il était en instance de départ pour Rennes. Depuis, Belkebla n'a eu aucun contact avec la fédération jusqu'à ce que le néo-driver des Verts Djamel Belmadi ne l'inscrive dans sa pré-liste puis dans la liste des 23 pour l'Egypte. L'égarement commis par le joueur à Doha, en montrant son postérieur au moment où son compagnon de chambre, Oukidja, s'adonnait à un jeu vidéo en live vu et commenté par tous, rappelle, en définitive, bien de cas similaires et d'autres encore plus graves de footballeurs de notre championnat mais aussi ceux qui évoluent à l'étranger qui exposent et partagent leurs petits soucis de libido à travers des réseaux sociaux. Des circuits nocifs pour les personnalités publiques à l'exemple des sportifs. La mise à l'écart de Belkebla, et c'est Belmadi qui le dit, dépasse le cadre de la sélection et de la fédération. C'est un problème moral qui affecte la jeunesse. Belkebla qui avait concédé à sacrifier ses vacances, relâche indispensable pour les footballeurs professionnels après une longue et harassante saison, pour disputer la CAN-2019 a non seulement gâché sa carrière internationale mais surtout écorné la réputation de la sélection algérienne et celle de sa famille. Son oncle, Youcef (ancien attaquant de l'AS-Saint-Etienne), ainsi que ses parents ne devraient pas se réjouir de cette issue malheureuse pour l'enfant d'Aubervilliers. M. B.