La conférence de la société civile intervient dans un contexte où les Algériens maintiennent la mobilisation contre le système en place, rejetant ses plans de sortie de crise. A travers les manifestations de vendredi, les millions de citoyens qui sortent dans les rues refusent tout dialogue avec les figures décriées du pouvoir et rejettent tout processus électoral avec eux. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - La conférence nationale de la société civile aura lieu comme prévu ce samedi 15 juin à Alger. Après avoir aplani les points de divergence, les quelque 70 organisations regroupées autour de trois pôles, à savoir le Collectif des dynamiques de la société civile pour une transition démocratique, la Confédération des syndicats algériens et le Forum civil pour le changement, peuvent désormais passer à l'essentiel. Proposer une feuille de route consensuelle de sortie de crise. Les membres de ces organisations ont tenu, avant-hier, une réunion marathon de plusieurs heures pour dépasser tous les points de blocage. « Un compromis a été trouvé au sujet des points de divergence pour aller vers des propositions consensuelles à même de permettre de renforcer le mouvement populaire et de garder sa cohésion dans la diversité. La feuille de route consensuelle sera déclinée lors de la conférence nationale du 15 juin, elle est le fruit d'un long travail de concertation et de négociation entre les différentes sensibilités de la société civile, un véritable défi et une première base pour élargir encore la démarche », a expliqué, hier, Saïd Salhi, vice-président de la Laddh dans une déclaration au Soir d'Algérie. « Nous voulons rester en phase avec le mouvement sans aucune prétention de le représenter ou de l'orienter, mais, bien au contraire, contribuer avec notre proposition à une solution politique à même de restituer le pouvoir et la souveraineté au peuple, à travers une transition démocratique, pacifique et apaisée », a-t-il ajouté. La conférence de la société civile intervient dans un contexte où les Algériens maintiennent la mobilisation contre le système en place, rejetant ses plans de sortie de crise. A travers les manifestations des vendredis, les millions de citoyens qui sortent dans les rues refusent tout dialogue avec les figures décriées du pouvoir et rejettent tout processus électoral avec eux. Cette conférence sera organisée au lendemain du 17e acte de la mobilisation. Pour le président de l'association Rassemblement, action, jeunesse (RAJ), Abdelouahab Fersaoui, cet évènement est une étape importante permettant de capitaliser tout le travail qui se fait depuis le début du mouvement. Le président de RAJ a soutenu, dans un entretien qu'il nous a accordé, que la conférence de samedi est une étape importante pour la société civile pour s'affirmer en tant que médiateur, acteur et partenaire et force d'action et de proposition, après avoir été marginalisée et étouffée par le pouvoir durant le règne de Bouteflika. « La société civile peut jouer un rôle historique, car, malgré sa faiblesse, elle a une crédibilité dans la société, donc elle a cette capacité de mobiliser et de fédérer les forces vives. L'Algérie en a vraiment besoin », a-t-il expliqué. Pour lui, la tenue de la conférence nationale de la société civile est très importante mais elle n'est pas une fin en soi, la feuille de route consensuelle qui va sortir de la conférence sera soumise en premier lieu au débat dans la société, elle sera aussi soumise à la classe politique, car, face à l'entêtement du pourvoir, un rapport de force est indispensable, la société civile et la classe politique sont appelées à aller ensemble. Et de souligner que le consensus populaire qui existe dans la rue doit être traduit par un autre consensus chez la société civile et la classe politique. Quant au lieu du déroulement de la conférence, il n'est pas encore arrêté car tout dépend de l'autorisation de l'administration. A défaut, elle sera tenue au siège du Cnapest. « Nous comptons brasser large, c'est la force de l'initiative, sa légitimité et sa crédibilité. Elle a réussi un premier pari, celui de traduire le consensus de la rue qu'on observe chaque vendredi, à la conférence. Nous allons présenter la feuille de route consensuelle et discuter des perspectives car nous comptons élargir au maximum la démarche aux autres acteurs en rupture avec le système », précise Saïd Salhi. K. A.