La Cinémathèque d'Alger accueillera ce jeudi 27 juin la projection de sept films de réalisatrices algériennes ayant participé à la résidence de création documentaire organisée par l'association Cinéma et Mémoire à Timimoun. Ce sont sept femmes, dont la plupart font leur première expérience au cinéma, qui nous présenteront ce jeudi 27 juin leurs courts et moyens métrages documentaires élaborés dans le cadre d'une résidence de création à Timimoun entre 2017 et 2019. Organisé par l'association Cinéma et Mémoire, sous la houlette de la cinéaste féministe Habiba Djahnine, cet atelier a donné naissance à sept films portés par des regards féminins et centrés sur la condition des femmes en Algérie. De 13h à 18h, nous aurons donc à découvrir des histoires et des démarches cinématographiques différentes ayant en commun le désir de se réapproprier la parole et le geste créatif autour des questions liées à la femme algérienne. Kahina Zina, militante féministe, signe ainsi son premier moyen métrage documentaire Le rideau (26 min), qui relate sa propre quête d'émancipation dans un monde et une société où la femme prend conscience, dès l'enfance, de sa condition. Selon elle (19 min), de Kamila Ould Larbi, décrit les échanges entre la réalisatrice et sa mère autour de ses choix de vie, de l'avenir et autres questionnements existentiels. La photographe et cinéaste Leila Saâdna viendra avec Dis-moi Djamila, si je meurs, comment feras-tu ? (33 min) revoit le phénomène d'el Ghorba (l'émigration) à travers un prisme féminin et déconstruit, ainsi, le monopole du regard et du récit masculins sur cette question. Piment rouge (30 min) de Sadia Gacem, doctorante en sociologie, traitera de la condition des femmes prises en étau entre le code de la famille et les injonctions sociales et familiales : règles de bonne conduite, contraintes, interdits, tous élaborés et dictés par des hommes. Sara, une militante féministe, proposera un documentaire sonore, Mon peuple, les femmes (23 min), autour du concept féministe de non-mixité qui constitue un véritable espace de libération de la parole où des femmes s'expriment sur les différentes questions liées à leur condition, dans la confiance et la sororité, sans subir le regard et le jugement masculins. Sonia Kessi, photographe qui se distingue par son travail sur les femmes paysannes, viendra avec Nnuba (47 min), reste fidèle à son thème de prédilection puisqu'il abordera une vieille organisation sociale d'entraide féminine qui consiste à faire paître le bétail à tour de rôle, une pratique instaurée par des bergères de Bouzguene et très proche du concept moderne de non-mixité choisie puisqu'elle leur permet de s'exprimer sans entraves, entre confidences, chants, poésies et récits de vie. Enfin, Awres Wiame, féministe convaincue, dévoilera Les filles de la montagne (40 min), qui revient sur l'histoire de Khadidja, maquisarde durant la guerre de Libération, qui demeura hantée par les fantômes de la guerre après l'indépendance, à tel point qu'elle fut internée dans un hôpital psychiatrique dans les années 1970. Ses filles, Tourkia et Aïcha, seront placées dans un centre d'enfants de martyrs où elles auront une formation artistique. Devenue danseuse au Ballet national, Tourkia racontera son destin et celui de sa mère. Sarah H.