Face à la crise politique exceptionnelle qui frappe le pays, l'armée adopte une position inflexible et constamment réitérée et rappelée par son premier responsable, le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah : élection présidentielle le plus tôt possible, rejet de toute forme de transition en dehors de la Constitution et, en parallèle, une lutte implacable contre la corruption. Kamel Amarni - Alger ( Le Soir) - Ce sont là, en fait, les grandes lignes de la feuille de route que l'Armée nationale populaire défend de toute ses forces et en fait même des lignes rouges, des préalables qu'impose l'intérêt supérieure de la Nation. C'est ce qui a été rappelé, une nouvelle fois, par le vice-ministre de la Défense nationale et chef de l'état-major à l'occasion de sa visite, mercredi et jeudi derniers, à la prestigieuse Académie militaire de Cherchell. « Je sais pertinemment que vous, élèves de l'Académie, dira Gaïd Salah dans une seconde intervention, représentez le pilier de l'Armée nationale populaire et la réserve de son avenir prometteur. Aussi, vous devez réaliser que nous avons prédit, depuis 2015, les dessous d'un complot qui se tramait contre l'Armée nationale populaire, contre notre patrie, l'Algérie. A travers les tentatives des instigateurs pour tuer l'espoir dans les esprits des Algériens et d'étouffer tous les dévoués parmi les fils de cette patrie, qui représentent un danger pour les intérêts de la bande avec ses têtes connues de tous , ses bras qui s'étendent et ses réseaux qui s'infiltrent dans les articulations des institutions de l'Etat et de la société .» Ce n'est, pour rappel, pas la première fois que le chef d'état-major évoque cette affaire d'un complot qui remonte à l'année 2015. Il est difficile de ne pas penser, « spontanément », à l'ancien patron des services, le général Toufik, limogé, à la surprise générale à l'époque, en septembre 2015 justement. Gaïd Salah est formel, en tout cas, que l'Algérie est l'objet d'un complot, fomenté par un puissant « gang » - c'est ainsi qu'il l'appelle lui-même - et qui dispose de moyens colossaux et de ramifications terriblement efficaces à l'intérieur même des institutions. A tel point, révèlera toujours Gaïd Salah, qu'«il (le gang, ndlr) a agi et ne cesse d'agir avec haine, voire avec connivence avec des entités connues pour leur hostilité traditionnelle envers notre pays, je dis, afin d'établir les fondements de la corruption dans notre pays, consolider ses liens et en faire une rampe de lancement d'où seront lancées des attaques contre l'Algérie sur les plans économique, social, culturel, voire sécuritaire. L'objectif de ce complot, poursuit Gaïd Salah, explique certainement son ampleur et les moyens de son soutien, au point où certaines parties malveillantes tentent de déstabiliser la justice et remettre en cause l'importance de sa lutte contre la corruption, sous prétexte que ce n'est pas le moment pour combattre ce fléau et qu'il vaudrait mieux le reporter jusqu'après les élections». «Les partisans de la transition veulent protéger la corruption» Ce sont là des révélations d'autant plus inquiétantes qu'elles sont faites par le premier responsable de l'armée et de la sécurité nationale, qui dispose donc de toutes les informations et du renseignement nécessaires. Le chef d'état-major fera également le lien entre les fomentateurs dudit complot et certains partisans de la transition. Il dira, en effet, qu'«aussi, apparaît clairement l'origine du mal, voire la source de l'épidémie, et se précisent, par conséquent, les objectifs réels de ceux qui veulent instaurer des phases de transition, soit tomber dans le piège du vide constitutionnel. Ils veulent protéger la corruption en reportant la lutte lancée contre elle. Et c'est là le mode d'action des corrupteurs ennemis du peuple et de la patrie». Cela, avant de prendre l'engagement, encore fois, que « point de concessions ni de report dans le processus de lutte, mais se poursuivra, avec l'aide d'Allah et Sa force, avec résolution, rigueur et constance, avant et après la présidentielle, car le futur Président élu sera du côté du peuple et de son pays et sera ainsi telle une épée face à la corruption et les corrupteurs». Avec autant de détermination, l'armée réaffirme, par la voie de son premier responsable, son opposition ferme à toute autre solution à la crise, en dehors de la Constitution. « J'ai eu à m'engager, affirme ainsi Gaïd Salah, auparavant, personnellement, devant Allah, devant l'Histoire et la patrie, en toute sincérité, et je ne dévierai jamais, d'accompagner le parcours du peuple pour réaliser ses espoirs et ses attentes légitimes. De ce fait, nous avons affirmé à maintes reprises que s'écarter, sous quelque forme que ce soit, du cadre constitutionnel, signifie tomber dans le chaos (…) C'est le vœu de la bande, de ses têtes et de tous ceux qui leur vouent allégeance. Aussi, se traduit le souci de l'institution militaire de l'impératif de respecter la Constitution du pays et d'appliquer les lois en vigueur pour barrer la voie face à tous les opportunistes, arrivistes, et traitres qui tentent de brouiller les efforts des fidèles fils de l'Algérie ». L'armée ne peut, à bien analyser les différentes et nombreuses interventions de Gaïd Salah, être plus claire, s'agissant des échéances politiques prévues pour la résolution de la crise institutionnelle de l'après-Bouteflika. K. A.