Drapeaux amazighs arrachés et ses porteurs à Alger incarcérés, pancartes critiques confisquées, espaces de manifestations réduits et désormais, les conférences organisées loin de la capitale et de la Kabylie interdites. Le président du parti Jil Jadid, Soufiane Djilali, l'a vérifié avant-hier vendredi à ses dépens. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Sa conférence prévue dans la soirée à Oum-el-Bouaghi, soit à la fin des manifestations du 21e vendredi de mobilisation contre le système a été empêchée par les services de sécurité. «J'ai le regret de vous informer que la conférence-débat que devait animer le Dr Soufiane Djilali, président du parti politique agréé Jil Jadid et qui était organisée par l'association agréée Aurès Macomades au centre-ville de Oum-el-Bouaghi a été tout bonnement empêchée par les services de police», a annoncé son parti. Il a dénoncé les pressions, intimidations et menaces contre les militants et cadres de Jil Jadid, les responsables de l'association Aurès Macomades et même le propriétaire de l'espace où devait se dérouler l'événement. Contacté par Le Soir d'Algérie, Soufiane Djilali a dénoncé l'interdiction de sa conférence, expliquant que cet acte remet en cause tout le discours du pouvoir relatif au dialogue. «C'est un déni de droit à la liberté d'expression, à la liberté de réunion et ça donne un très mauvais signal de la part du pouvoir concernant son prétendu dialogue», a-t-il déclaré. Soufiane Djilali qui a participé au forum du dialogue national du 6 juillet à Aïn Benian (Alger), initié par certains partis politiques comme ceux d'Ali Benflis, du MSP et de Djaballah, ne s'attendait certainement pas à vivre cette mésaventure une semaine plus tard à Oum-el-Bouaghi. «Au moment où le pouvoir parle de dialogue, sur le terrain, il empêche tout dialogue entre les hommes politiques et la société. Si on doit trouver une solution à la crise dans le dialogue, c'est en impliquant les citoyens et pour impliquer les citoyens, il faut qu'il puisse y avoir ce contact direct», a-t-il dit, regrettant l'absence de volonté chez le pouvoir. Notre interlocuteur insiste qu'«on ne peut pas organiser un dialogue entre le pouvoir et les partis sans impliquer les citoyens». Pour lui, il y a un lien «évident» entre les mesures restrictives lors des marches de vendredi notamment à Alger, la confiscation des pancartes et banderoles critiques, la réduction des espaces d'expression, la volonté d'interdire des slogans et l'empêchement des conférences. «Je pense que le pouvoir veut maîtriser et contrôler le processus de changement et veut diviser le mouvement populaire», a-t-il accusé. L'interdiction de cette conférence a été dénoncée, en outre, par plusieurs cadres de partis de l'opposition et des organisations de la société civile. Le président de l'association RAJ a condamné «une autre atteinte flagrante du pouvoir aux libertés démocratiques notamment la liberté de réunion et de rassemblement». «Au lieu d'encourager le débat dans la société, entre les citoyens, partis politiques et société civile afin de trouver une issue à la crise que vit l'Algérie et qui a besoin de la participation de tous, le pouvoir continue sa politique répressive en interdisant des marches et des rencontres», a-t-il regretté, appelant à renforcer et créer des synergies pour défendre ces fondamentaux démocratiques. K. A.