C'est à une inextricable situation que se trouvent confrontées les autorités du pays sur le plan de la gestion des affaires économiques courantes. Pour une fâcheuse position, c'en est vraiment une que celle dans laquelle se retrouve fourré le gouvernement Bedoui dans l'immédiat et dans les tout prochains mois. Deux annonces majeures sont donc venues, finalement pas pour éclairer la lanterne des Algériens, plutôt pour ajouter à la grande confusion et viennent, ainsi, se greffer à la situation générale du pays chargée en incertitudes de tous genres. Après y avoir eu recours pendant près de deux ans, le financement non-conventionnel est donc mis entre parenthèses jusqu'à nouvel ordre, et non pas un abandon définitif comme le laissait entendre, il y a trois semaines, le porte-parole du gouvernement sans faire état succinctement des raisons ayant conduit les autorités du pays à prendre une telle décision pour se contenter de souligner que «le gouvernement avait pris des mesures devant permettre au pays d'éviter les risques qui pourraient porter préjudice à l'économie nationale». Un choix sur lequel est revenu le ministre des Finances pour préciser que la planche à billets a été «gelée» pour l'année 2019 mais demeurera un instrument auquel il pourrait être fait recours jusqu'en 2022. «Le gouvernement a décidé de satisfaire les besoins de financement de l'exercice en cours sans recourir de nouveau au financement non-conventionnel qui restera figé à son niveau de janvier 2019, soit à 6 553,2 milliards de dinars», a explicité le ministre des Finances qui, le moins que l'on puisse dire, s'est mis à éclipser les autres membres du gouvernement Bedoui ces derniers temps, et cela se comprend aisément avec la situation économique qui prête à toutes les inquiétudes chez les spécialistes. Et puis, il y a cette question de limitation des importations qui revient de manière épisodique, notamment au moment où sont annoncés les chiffres de l'état des réserves de change qui, soit dit en passant, inquiète malgré les assurances du ministre Loukal qui trouve que bien que l'on ait perdu plus de 120 milliards de dollars en cinq ans, il n'y a pas de quoi craindre puisque «le niveau des réserves est relativement satisfaisant, il équivaut à deux années d'importation et il nous permet une marge de manœuvre importante en matière de redressement de la situation financière». Un «curieux» optimisme de la part du premier argentier du pays qui, à l'évidence, semble oublier que toutes les parades tentées pour parer aux urgences, bien avant que la situation ne se dégrade au point où elle en est aujourd'hui, n'ont pas eu d'effet, par exemple, sur une balance des paiements infiniment déficitaire, des mesures sans réel impact sur la limitation des importations et des investissements au point mort. Et puis, il y a les conséquences de cette éternelle politique budgétaire qui offre la latitude à l'Etat de dépenser à des proportions bien plus élevées que ce que peuvent lui permettre de couvrir ses ressources pour donner lieu, au bout, à des déficits qui pourraient exiger le retour au recours à la planche à billets bien plus tôt que ne le croit Mohamed Loukal. Avec toutes les conséquences que cela pourrait induire. Et quand on sait que la planche de salut que représentent les hydrocarbures a beaucoup de chance de ne s'avérer que d'un maigre secours, au regard des perspectives mondiales, il y a tout à craindre que les mois qui s'annoncent soient du genre à faire secouer n'importe quel gouvernement, même s'il peut se targuer de jouir de la protection de la plus haute autorité du pays. Il est à se demander maintenant quels instruments le gouvernement Bedoui mettra en branle pour remédier à une situation économique qui, à l'allure où vont les choses, porte tous les germes d'une crise sociale dont les pouvoirs publics n'ont assurément pas besoin pour les raisons que tout le monde sait. Et ce n'est pas l'idée du recours à l'endettement extérieur qui réglera les choses, déjà il faudra savoir que les institutions internationales ne prêtent pas aussi facilement de l'argent, surtout pas à des pays où il s'est avéré que la corruption a pris des proportions d'une véritable industrie, et des pays où la situation politique ne brille pas par une grande clarté. C'est dire, donc, si la marge de manœuvre du gouvernement Bedoui se révèle on ne peut plus limitée. Azedine Maktour