Au moment où les analystes se posent la question sur la situation fragile et même dangereuse des finances du pays et du risque accru de l'austérité, le gouvernement semble plus optimiste dans ses prévisions et propositions de sortie de crise économique. Après avoir arrêté définitivement la planche à billets, le gouvernement gagne en assurance et promet des solutions alternatives pour assurer les dépenses de l'Etat, sans recourir à l'endettement extérieur. Une option rejetée par le ministre des Finances, Mohamed Loukal, qui toutefois, n'exclut pas de solliciter l'aide du Fonds monétaire international (FMI) pour financer des projets structurants et rentables. Cette possibilité a été évoquée à maintes reprises par les experts qui redoutaient depuis l'actionnement de la planche à billets en 2017 un retour de manivelle et l'effondrement des finances publiques. Ce qui est le cas actuellement, mais le gouvernement est convaincu du cas contraire. En affirmant la suspension du financement non conventionnel, le ministre affirme également l'éventualité de la récession à considérer la situation financière du pays. Jusqu'alors, tous les boyaux économiques sont au rouge : hausse de la dette publique, déficit du Trésor public (2.436 mds de dinars d'ici la fin 2019), épuisement du Fonds de régulation des recettes (FRR) et érosion des réserves de changes (72 mds de dollars). Peut-on s'attendre à un revirement de la situation aussitôt, ce qui est peu probable étant donné que dans son dernier rapport le FMI avait assuré que l'Algérie a besoin de 116 dollars le baril de pétrole pour pouvoir équilibrer son budget. Il faudrait attendre un miracle pour que le baril se redresse à ce seuil, notamment, sous les tensions mondiales grandissantes. Dans son entretien accordé à l'Agence Presse Service, avant-hier, le ministre de la tutelle s'est montré rassurant alors que la situation du pays est plus délicate que préoccupante avec toutes ces mutations politiques et interpellations d'hommes d'affaires. Ce qui a conduit à la mise à mort de leur activité économique et mise au chômage de leurs employés. Le pays est au bord de l'explosion, le contrôle échappe aux autorités qui tentent de convaincre du contraire. «L'Algérie n'est pas sous la menace du FMI. Nous avons des réserves de change assez confortables, un endettement externe ne dépassant pas 1% du PIB et des sources alternatives qui nous permettent de continuer à assurer les dépenses de l'Etat sans aggraver le recours au financement non conventionnel», explique M. Loukal, ajoutant par ailleurs que «le financement non conventionnel a été gelé pour l'exercice en cours (2019), mais il reste un levier important, mais non exclusif, de financement pour le Trésor jusqu'à 2022». A croire ses dires, le ministre n'exclut pas un retour vers la création monétaire pour secourir le Trésor public, au lieu de chercher d'autres alternatives plus conséquentes telles que la diversification de l'économie nationale et l'ouverture du capital de certaines entreprises publiques, qui constituent un fardeau financier. Des charges fixes qu'assument le Trésor public quel que soit leur résultat financier. Le raisonnement du premier responsable du secteur ne semble valable qui si le prix du pétrole rebondit, sinon le cas échéant s'avère plus difficile pour les ménages que pour les entreprises. La solution proposée par M. Loukal réside en la rationalisation des importations, comme source alternative pour l'équilibrage de la balance courante. Un défi de taille à relever étant donné que même la production hors hydrocarbure a baissé au premier trimestre 2019. Comment faire pour approvisionner le marché en produits de première nécessité ? Sachant que si le rythme de croissance resterait bas et le taux de chômage augmenterait, le risque d'entrer en récession est plus proche que nous le croyons, notamment, avec la baisse d'activité et du rendement des entreprises privées et publiques, depuis le début de l'année 2019. L'Etat n'est pas encore en faillite étant donné que la dette publique n'a pas atteint les 100% du PIB, nonobstant, la menace d'une crise financière est imminente. Le Trésor public ne peut supporter d'autres charges, bien qu'il n'ait pas enregistré d'arriéré de paiement envers les entreprises réalisatrices de projets d'investissement, selon le ministre des Finance. Ce dernier estime que les 1 000 milliards de dinars du non conventionnel destinés à couvrir le déficit du Trésor public aiderait à assurer relativement les dépenses publiques et le remboursement de la dette publique. «La situation de la trésorerie de l'Etat, quoique relativement tendue, est maîtrisée et permet de faire face à la dépense publique, que ce soit pour le budget de fonctionnement, y compris le remboursement de la dette publique, ou pour le budget d'équipement, ainsi que pour les opérations du Trésor», a-t-il souligne. Il a passé en revue toutes les opérations du Trésor public pour soutenir les finances publiques depuis 2017. Beaucoup reste à faire. «Nous avons les moyens pour relever ces challenges», a-t-il rassuré.