La ville croule sous les ordures. Si le prix de la ville la plus sale venait à être institué, Draâ Ben Khedda, l'une des plus importantes agglomérations urbaines de la wilaya après Tizi Ouzou, en obtiendrait, sans coup férir, la palme. En plus de l'esthétique urbaine déjà très dégradée, l'ex-Mirabeau offre le spectacle hideux d'une ville-dépotoir avec des décharges d'ordures ménagères et autres gravats qui grossissent de jour en jour et s'amoncellent tout le long du centre et des grandes artères de la ville, et à proximité des habitations dans les quartiers et les cités. Le retard dans le ramassage de ces ordures suite au dernier épisode de la grève cyclique déclenchée par le Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap). Le problème s'est aggravé avec la récente grève déclenchée par les employés de l'APC à l'appel du même syndicat. Pour réduire les risques sanitaires potentiellement élevés, les citoyens recourent à la seule solution à leur portée : l'incinération des immenses tas de sacs en plastique qui regorgent de déchets ménagers d'où se dégagent des odeurs nauséabondes et autres liquides visqueux. Des colonies de rats se sont formées dans ces sites qui constituent un bouillon de culture pour le développement de toutes sortes de bestioles et d'animaux nuisibles. Des citoyens ont même signalé la présence de serpents dans un dépotoir situé à quelques mètres et sous les fenêtres de deux barres d'immeubles. La situation intenable, nuisible pour l'environnement et le cadre de vie et dangereuse pour la santé publique, ne semble pas préoccuper, outre mesure, les pouvoirs publics, à leur tête le wali. En visite d'inspection, jeudi dernier, au centre de lutte contre le cancer, Mohamed Djemaâ qui a pourtant traversé une grande artère de la ville où se sont constitués, de part et d'autre du grand boulevard, d'immenses dépotoirs de déchets en tout genre, ne semble pas accorder d'intérêt à un problème qui saute aux yeux et qui perdure depuis près d'un mois. Ce patchwork de désolation induit par la paralysie du service municipal de ramassage des ordures ménagères est la conséquence directe de l'absence ou de la neutralisation de l'autorité communale qui dure depuis 2018. Un bras de fer oppose le maire au reste de l'exécutif communal composé d'une majorité des élus du FFS au nombre de neuf dont l'actuel maire. Même les élus de l'opposition refusent de composer avec le P/APC, créant une situation de blocage inédite où ce dernier s'est vu obligé de gérer en solo les affaires de l'APC. Les conséquences de ce blocage sont nombreuses, impactant négativement sur le fonctionnement de l'Assemblée et même la gestion de la ville. Se disant victimes collatérales de ce bras de fer entre les élus qui a retardé le vote du budget prévisionnel, les travailleurs se sont mis en grève, pour réclamer le paiement de leurs arriérés de salaires. Ils ont même interpellé le wali qui était en visite jeudi dernier dans la ville. Pour les travailleurs, la solution à leur problème réside dans la destitution du maire, une option, selon eux, qui ouvrirait la voie à la signature du budget prévisionnel. Le départ du maire est réclamé par les élus y compris ceux du FFS qui ont, à maintes reprises, saisi le wali par courrier. Ils ont demandé l'application du code communal pour dénouer le conflit. «Il ne s'agit pas uniquement d'une affaire réglementaire et de code communal, nous ne voulons pas installer un administrateur, car nous voulons que la ville de Draâ Ben Khedda soit gérée par ses enfants et par les représentants du peuple», a estimé, jeudi dernier, le wali dans sa déclaration aux travailleurs grévistes reprise par l'APS, promettant la normalisation de la situation dans les tout prochains jours. «Il y aura un organe au niveau de l'APC, et le budget sera voté», a promis le wali. Quatre jours après son passage dans leur ville, les citoyens de Draâ Ben Khedda sont dans l'attente de voir la promesse du wali se traduire par des solutions concrètes. Une impatience qu'on a pu percevoir hier, avec la persistance des travailleurs à poursuivre leur grève au grand dam des citoyens dont les nouveaux bacheliers qui ont besoin de documents d'état civil pour procéder au dépôt de leur dossier d'inscription à l'université. Autre signe d'impatience, près d'une centaine de citoyens ont marché, dans la matinée d'hier, pour réclamer le départ de l'édile communal. Plusieurs foyers d'incendie déclarés pendant les dernières 48 heures Vingt-cinq départs de feu ont été enregistrés pendant les dernières quarante-huit heures, notamment dans la nuit de dimanche à lundi. Alors que vingt-quatre feux ont été circonscrits, un foyer d'incendie demeure toujours en cours, du côté du village Tifra, sur les hauteurs de la ville de Tigzirt. Makouda (Thala Illilane et village Azrou Ougadou), Mizrana (village Tibacharine), Yakouren (village Azrou), Draâ el Mizan (village Tazrout) — Abi youcef (village Takhlijt) — Illoula (village Mzegene), Mekla (village Igoulfene), Aït khellili (village Ath khir) et Tigzirt (village Tifra) sont les localités touchées par ces incendies, selon le décompte fourni par les services de la protection civile. Ces derniers font état de plusieurs dégâts occasionnés par ces incendies qui ont causé la destruction de deux poulaillers en serre, à Makouda, de la perte d'environ 80 ha de broussaille, de 10 hectares de maquis et forêt, et quelque 600 arbres fruitiers. L'intervention des agents de la protection civile a permis d'épargner plusieurs villages et maisons menacés, ainsi qu'un important patrimoine forestier, des poulaillers, écuries et des champs. «Les opérations d'extinction se sont déroulées dans des conditions difficiles marquées par des vents forts et un climat très chaud», ont déploré les pompiers qui disent avoir mobilisé des moyens importants dont la colonne mobile acquise récemment. Les services des forêts, les APC et les citoyens ont contribué à la lutte contre ces incendies. La protection civile invite «les citoyens, particulièrement les riverains des massifs forestiers et champs d'oliviers, à éviter toute forme d'incinération, nettoiement et enlèvement de tout combustible tout autour des maisons, d'être vigilants en signalant tout départ de feu». On apprend, en outre, qu'un incendie important est toujours en cours, depuis l'après-midi d'hier, dans le territoire de la commune de Bouzeguène. D'importants moyens ont été déployés pour venir à bout de cet incendie qui s'est déclaré en contrebas des nombreuses localités de la commune. La station de refoulement de gaz naturel menacée par les flammes a été sauvée in extremis, avancent des témoins oculaires. S. A. M.