Comme annoncé dans notre précédente édition, une cérémonie a eu lieu dimanche dernier annonçant officiellement le lancement des travaux du futur complexe de PSA Peugeot-Citroën à Tafraoui près d'Oran. Un événement marqué par la présence du directeur général du développement industriel et technologique au ministère de l'Industrie et des Mines, Mustapha Hamoudi, et de Jean-Christophe Quémard, vice-président de la région Afrique-Moyen-Orient et membre du directoire du groupe PSA. Légèrement en retrait du chemin de wilaya CW50, le site sur lequel commenceront à émerger à partir du mois de novembre prochain les premiers bâtiments qui abriteront les différents ateliers de cette usine vient d'être livré, en effet, aux engins de terrassement et d'excavation pour la préparation du terrain. Une base-vie est en cours d'aménagement pour recevoir l'équipe de 30 ingénieurs et techniciens expatriés, actuellement basée à Paris et qui veillera à l'exécution et au suivi des travaux de construction confiés à l'issue d'une consultation, à une entreprise régionale, la SFMAI. Vers la création d'un écosystème automobile Le projet PSA repose sur une assiette foncière globale de 120 ha, dont 40 seront consacrés à Peugeot-Citroën Production Algérie (PCPA) et le reste sera réservé aux fournisseurs qui accompagneront l'usine dans son effort d'intégration locale. Préparé depuis 4 années, le projet PCPA promet, selon le vice-président de la région, de créer un écosystème automobile qui assurera la pérennité du groupe en Algérie tout en se conformant aux exigences de la réglementation nationale. 4 années d'attente et de «résilience» n'ont pas, en définitive, altéré la volonté du groupe PSA à reprendre sa place dans le marché automobile algérien et reconquérir les 20% de parts de marché qu'il a toujours revendiqué du fait d'une présence historique de près d'un siècle et d'un capital confiance, demeuré intact auprès des clients locaux. La capacité de production de l'usine passera dès la 1re année de 50 000 unités à 75 000 véhicules/an à terme avec l'entrée en activité à partir de la 3e année des ateliers ferrage et peinture. Ce qui offrira l'opportunité au projet d'atteindre le taux d'intégration de 40% minimum. Il est à signaler que, dès son entrée en production, l'usine procédera progressivement à l'intégration de plusieurs composants et pièces fabriqués localement, comme les sièges, l'échappement, les faisceaux, la planche de bord, l'étanchéité, les batteries, etc. Ils seront complétés dès 2021 par les coiffes de sièges, les pièces plastiques, les caoutchoucs… Peugeot et Citroën, en attendant la suite Ainsi, le démarrage s'effectuera en SKD avant d'évoluer vers le CKD avec l'installation des nouvelles structures importantes dans l'industrie automobile, à savoir le ferrage et la peinture. Il est évident que le complexe qui produira dans une première phase les véhicules des marques Peugeot et Citroën pourrait élargir sa gamme aux deux autres labels du groupe, DS et Opel. Plus de 200 emplois seront créés à la fin 2019 pour atteindre les 600 à fin 2020. A cela s'ajoutent les 450 emplois qui seront assurés par les fournisseurs et les 1000 composant le réseaux de 42 agents agréés à travers le pays. Côté formation, PCPA aura bénéficié des activités d'assemblage en SKD de la 208 dans son académie pour permettre à une cinquantaine de techniciens de se perfectionner et de se préparer à l'encadrement sur site du personnel de la future usine. Les premières préséries sont attendues au début de janvier 2020 et la sortie des premières voitures de PCPA dès le mois de mars. Trois modèles montés à Tafraoui Peugeot 301 et Citroën C-Elysée disqualifiées Contrairement à ce qui était prévu dans la première mouture du projet, une profonde modification est d'ores et déjà prévue dans la gamme de véhicules qui sera produite dans l'usine PCPA de Tafraoui. Peugeot 301 et Citroën C-Elysée, flop commercial et technologique avéré et dont la production mondiale a été définitivement arrêtée, ne seront pas naturellement assemblées localement en Algérie. Si pour l'heure, les responsables de PSA ne veulent pas encore se prononcer sur la composante de la future gamme algérienne, tout porte à croire néanmoins que des modèles modernes adaptés aux attentes des clients et répondant aux «meilleurs standards de qualité, de sécurité et de respect de l'environnement» sont attendus à partir de mars 2020. Trois plateformes techniques différentes permettront la production de plusieurs véhicules de tourisme et utilitaires. Réseau Peugeot-Algérie Une fidélité à toute épreuve Constitué de 42 agents agréés implantés sur l'ensemble du territoire national, le réseau de Peugeot est sans aucun doute l'un des plus professionnels et performants, et surtout un bel exemple de fidélité et de dévouement à la marque au lion. Sans voiture à vendre depuis 2017, il a réussi à se préserver et à pérenniser son activité en dépit de la profonde restructuration du secteur automobile en Algérie et aussi d'une conjoncture économique des plus moroses. Et ce ne sont pas les quelques centaines d'unités de la 208 Techvision assemblées dans l'académie d'Oran qui vont lui permettre de retrouver les équilibres de gestion. Principales activités durant cette période de dèche, le service après-vente avec l'entretien et la réparation et aussi la vente de la pièce de rechange. Il en faudra sans doute beaucoup plus pour espérer une meilleure rentabilité des gros investissements déjà réalisés et imposés précédemment par la filiale pour se conformer aux standards de la marque et à sa charte identitaire. Ils ont déclaré Mustapha Hamoudi, directeur général du développement industriel et technologique au ministère de l'industrie et des mines : «Priorité au secteur automobile» «Ce projet contribuera à la création de nouveaux postes d'emploi, apportera une valeur ajoutée à l'économie nationale et permettra l'exportation de véhicules et des pièces de rechange.» Il rappellera par ailleurs que «l'Etat accorde une priorité au secteur de l'industrie automobile et à la sous-traitance en la faisant bénéficier de divers avantages d'ordre fiscal et parafiscal ainsi que des exonérations de taxe». Il ne manquera pas toutefois de souligner «la nécessité du respect de la réglementation algérienne dans le domaine». Jean-Christophe Quémard, vice-présidentde la région Afrique Moyen-Orient pour PSA : «Un projet solide et ambitieux» «L'Algérie est un marché important pour le Groupe PSA qui est présent dans le pays depuis près d'un siècle, fort de cette longue histoire, le Groupe PSA se projette à long terme : nous avons su nous montrer résilients au cours des dernières années, et sommes résolument engagés à proposer des produits répondant aux souhaits de nos fidèles clients, mais également d'être un acteur majeur du développement de la filière automobile dans le pays. Une filière créatrice de valeur, performante et pérenne.» M. Quémard ajoutera aussi : «Avec nos partenaires, nous nous engageons dans un projet solide et ambitieux en Algérie remplissant scrupuleusement les exigences du cahier des charges de l'assemblage automobile.» Le projet Peugeot-Citroën en bref - Superficie globale : 120 ha - Superficie de PCPA : 40 ha - Entrée en production : 1er semestre 2020 - Capacité de production : 10 véh/h à 15 véh/h, soit 50 000 unités en 2020 devant évoluer à 75 000 unités/an à terme - Taux d'intégration : 15% en 2020 et 40% à partir de la 3e année. - Effectif : - PCPA : 800 emplois - Fournisseurs : 450 emplois - Réseau Peugeot-Algérie : 1 000 emploi - Coût du projet : 100 millions d'euros - Exonération 5 ans des droits de douane - Exonération 5 ans de la TVA - Parts de marché de Peugeot en Algérie : 20%. Convention fournisseurs L'exportation en ligne de mire Après la cérémonie de lancement des travaux de l'usine PCPA, le groupe PSA a organisé une convention fournisseurs avec pour thème, localisation et développement de l'écosystème automobile du projet de Tafraoui. Une quarantaine de fournisseurs internationaux et une dizaine de partenaires locaux du groupe ont pris part à cette rencontre qui vise ainsi à consolider et à pérenniser la présence de PSA en Algérie. Pas moins de 7 pièces et composants seront intégrés localement dès la première année et il est même prévu l'exportation d'une partie de la production de ces fournisseurs vers l'étranger pour un montant global de 10 millions d'euros pour 2021 et 50 millions d'euros en 2025. B. Bellil