La réponse de PCPA interviendra après la visite du site et les études afférentes au sol qui accueillera ce projet, révèle une source proche du dossier. Le projet de l'usine Peugeot-Citroën Production Algérie (PCPA) a, officiellement, été délocalisé d'El-Hamoul, dans la commune d'El-Kerma, vers Tafraoui, à 20 kilomètres au sud d'Oran. Selon une source proche du dossier, la décision a été entérinée par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui a revu, de fond en comble, le dossier de PCPA suite aux tentatives de blocage dudit projet par un agriculteur. Selon un courrier adressé le 1er août dernier à la direction générale de PCPA par le ministère de l'Industrie et des Mines, cette nouvelle assiette de 120 hectares est située à l'intérieur de la zone industrielle de Tafraoui. Autrement dit, le Conseil national d'investissement (CNI), sur instruction du Premier ministre, a formellement respecté les caractéristiques techniques initiales de l'assiette foncière sur laquelle est basée l'étude de PCPA et qui devait accueillir la plateforme de production, la logistique, le stockage, le parking, la livraison, mais surtout la Zone interne des fournisseurs (ZIF) dédiée aux sous-traitants de PCPA et ses principaux équipementiers. Selon notre source, cette décision intervient au lendemain de la conférence de presse du directeur de la région Moyen-Orient-Afrique du Nord (Mena) du groupe PSA (Peugeot-Citroën), Jean-Christophe Quémard, qui avait répondu aux détracteurs de ce projet, c'est-à-dire "à ceux qui ne veulent pas que la marque au lion installe son usine de montage en Algérie", non sans leur signifier que "PSA est déterminé et que le groupe a les volontés". Ce jour-là, M. Quémard avait réitéré la confiance de PSA aux institutions algériennes pour dénouer cette situation kafkaïenne, arguant qu'"avec le soutien du gouvernement, nous allons faire aboutir ce projet" et que PSA reproduira un système d'excellence à même d'égaler les autres usines de PSA basées dans le monde. Eviter un autre blocage Ces déclarations ne sont pas restées lettre morte et le Premier ministre a instruit le ministère de l'Industrie et des Mines pour trouver une solution d'urgence, tout en évitant de tomber dans le piège de la déclassification des terres agricoles qui pourrait, encore une fois, occasionner un autre blocage au projet. Suite à quoi, précise notre source, la Direction de l'industrie et des mines d'Oran a été instruite pour désigner cette assiette à Tafraoui qui recèle beaucoup d'atouts, notamment sa proximité avec la voie ferroviaire, l'assainissement, l'eau et l'électricité. En revanche, PCPA n'a pas encore tranché la question sur l'occupation immédiate de cette assiette de terrain. En ce sens, indique la même source, la proposition du gouvernement algérien est actuellement à l'étude à PSA Paris, alors qu'une visite imminente du staff de PCPA sera bientôt annoncée, notamment pour lancer les études de sol, chiffrer le coût global de l'investissement et aviser de la probabilité d'accepter cette délocalisation, surtout que des investissements ont été consentis à El-Hamoul. "Le gouvernement n'a donné aucun choix à PCPA. Le courrier est expressément destiné à informer PCPA que c'est à Tafraoui que l'usine de montage sera installée. Du reste, ni PCPA, ni la direction régionale de PSA Mena et encore moins PSA Paris n'ont donné une réponse au courrier du gouvernement. C'est vous dire que la délocalisation est toujours à l'étude", révèle encore notre source. Cela étant dit, PSA ne devra pas tarder à répondre afin de gagner du temps. "Le projet a enregistré beaucoup de retard. Du coup, les responsables de Peugeot doivent répondre dans les temps impartis pour lancer cette usine", développe notre source qui précise, par ailleurs, que "la réponse de PCPA interviendra après la visite du site et les études afférentes au sol qui accueillera ce projet". Pour rappel, l'usine de PCPA devait, initialement, démarrer vers la fin de l'année en cours et devait produire quatre modèles. Selon l'étude technique, cette usine devrait créer plus de 1 000 emplois directs et des milliers d'autres indirects. Signé en novembre 2017, le protocole d'accord décline un capital d'investissement de 100 millions d'euros répartis, selon la règle 49/51, soit 20% pour l'entreprise nationale de production de véhicules industriels PMO de Constantine, 15,5% au groupe Condor, 15,5% à l'opérateur pharmaceutique Palpa Pro, pour le côté algérien, et 49%, pour le groupe PSA. La capacité globale de l'usine devra atteindre 75 000 véhicules par an, avec un taux d'intégration de 40%. FARID BELGACEM