Depuis plusieurs jours, nos forêts brûlent à cause de la canicule qui sévit au nord du pays. A Bouira, beaucoup d'encre a coulé surtout concernant l'incendie qui a eu lieu du côté de la réserve naturelle de Tala Rana dans la commune de Saharidj, à 50 kilomètres à l'est de Bouira. Jeudi dernier, le DG des forêts s'est déplacé sur les lieux pour superviser en personne les opérations d'intervention des équipes des forêts et celles de la Protection civile. Hier, alors qu'il se trouvait au ministère de l'Intérieur pour un point de situation sur ces incendies qui ravagent le nord du pays, M. Mahmoudi, que nous avons contacté par téléphone, a fait part de certaines informations concernant les derniers incendies, mais également son point de vue concernant ce phénomène qui reste intimement lié, selon lui, au réchauffement climatique. Ainsi, au sujet de la station climatique de Tala Rana qu'il connaît très bien puisqu'il est né et a grandi dans cette région, M. Ali Mahmoudi dira que des pertes énormes ont été enregistrées au niveau de cette partie située dans le parc national du Djurdjura avec au total quelque 2 hectares de cèdres millénaires, 80 hectares de maquis et chênes verts et 220 hectares de broussailles. Outre ces pertes, surtout la cédraie dont la régénération est pratiquement impossible, le premier responsable des forêts a indiqué qu'il a été retrouvé quatre carcasses de singes magots, alors que les photos relayées dans les réseaux sociaux faisaient état de la mort de centaines de colonies de singes magots et d'autres animaux. M. Mahmoudi dira que dans les photos, il y a même des singes à longue queue alors que dans la réserve de biosphère du Djurdjura, il n'y a que le singe magot dont la queue est très courte. Cela étant et commentant les derniers incendies qui ont ravagé le nord du pays en général, le DG des forêts a, d'emblée, tenu à dénoncer ceux qui essaient de parler d'incendies qui auraient touché uniquement la Kabylie, en rappelant, chiffres à l'appui, que les incendies les plus ravageurs ont été enregistrés du côté de Tissemsilt avec 1143,75 hectares. Selon le bilan arrêté au 27 juillet et communiqué par le DG des forêts, il a été enregistré 974 feux dont 112 pour les seuls trois derniers jours, avec un total de 6 085 hectares de surfaces ravagées dont 1 396 hectares de forêts, 1 901 hectares de maquis et enfin 2 789 hectares de broussailles. Concernant les wilayas, et contrairement aux informations faisant état d'une seule région ciblée par les feux de forêt, M. Mahmoudi dira que parmi les wilayas du pays qui sont les plus touchées, il y a d'abord, Tissemsilt avec 30 feux qui ont ravagé 1143,75 hectares, mais aussi, Médéa qui a perdu plus de 300 hectares de son couvert végétal, et Aïn Defla avec plus de 55 hectares. Concernant la région de Kabylie, il y a d'abord Tizi-Ouzou avec 158 feux qui ont ravagé 962, 50 hectares, puis Bouira avec plus de 496 hectares et enfin, Béjaïa avec 58 feux et 496,50 hectares ravagés par les flammes. Cela étant, et toujours selon le DG des forêts, le phénomène de réchauffement climatique touche le monde entier, les périodes de sécheresse qui ravagent le plus d'hectares de forêts, ont été déjà vécues par le pays avec notamment, selon les données historiques, durant l'ère coloniale, plus de 169 000 hectares ravagés par les feux en 1888, et récemment, après l'indépendance, en 1977, plus de 29 000 hectares ravagés par les feux. A l'échelle mondiale, actuellement, nous assistons, tant en Europe qu'en Amérique, à des incendies de forêts qui consument des centaines de milliers d'hectares à cause du changement climatique. En tout état de cause, le DG des forêts rappelle que des colonnes mobiles installées au niveau des Directions des forêts, ainsi que celles de la Protection civile au niveau de certaines wilayas, ajoutées au concours des citoyens comme c'est le cas dans la wilaya de Tizi-Ouzou, sont mobilisés avec beaucoup de moyens, y compris des hélicoptères, pour faire face à cette période cruciale d'un été exceptionnel. Y. Y.