« Tahya El Djazaïr ». Telle a été la première phrase prononcée jeudi par Nadir Fetissi à sa sortie de la prison de Annaba après y avoir purgé un mois et deux jours pour avoir brandi l'emblème amazigh. Elle était suivie par « Yetnahaou ga3 ». Il a été relaxé par la présidente du tribunal de Annaba, Mme Ghania Semmah, qui a agi avec courage dans cette affaire. Un groupe d'une vingtaine de personnes dont des avocats et des hirakistes l'attendaient à sa sortie de prison pour l'accueillir. Ouvrier en bâtiment depuis qu'il avait décroché un job il y a plus de 18 mois, son arrestation s'était déroulée le 5 juillet écoulé, fête de l'Indépendance, coïncidant avec le 20e vendredi de la protestation nationale pour une Algérie libre et démocratique. Muni de l'emblème national et de l'étendard amazigh, Nadir, 41 ans, natif de Béjaïa, était parmi ses camarades du Hirak, comme il le faisait chaque vendredi depuis le début du mouvement de révolte contre les symboles du pouvoir mafieux. Le lendemain de son arrestation, il avait été présenté devant le procureur de la République puis placé en détention provisoire pour « atteinte à l'intégrité du territoire national », qualification contestée par le panel d'une vingtaine d'avocats qui se sont constitués bénévolement pour défendre Nadir lors de son procès, lundi dernier. Ils ont estimé que leur mandant n'avait pas porté atteinte à l'intégrité nationale puisqu'aucun texte de loi ne condamne le port d'aucun drapeau. « Pour cette raison nous avons demandé la relaxe de notre client », ont-ils affirmé devant l'intransigeance du procureur qui a requis une lourde peine de 10 ans de prison et une amende de 20 millions de centimes. A. Bouacha