Par Ma�mar Farah Z�ro victoire, z�ro but, derni�re de son groupe : voil� le bilan que les autorit�s et la presse veulent nous pr�senter � tout prix comme positif ! Il faut vraiment �tre en manque d�imagination pour penser qu�avec de tels r�sultats, les Verts se sont comport�s �honorablement� ! Et voil� que le verdict final tombe : nous sommes 28es sur 32 �quipes ! Une v�ritable catastrophe que les politiques essayent de transformer en r�ussite. Nous �crivions, � la fin de la Coupe d�Afrique, que cette �quipe venait d�atteindre ses limites : lamin�e par l�Egypte, elle fut incapable de se ressaisir face au Nigeria pour sauver l�honneur avec une troisi�me place. Depuis, l�Alg�rie ne marque plus : elle perd pratiquement ses matches amicaux par des scores lourds (hormis un penalty orphelin transform� par Ziani face aux Emirats, unique victoire de ce long parcours). Lors de cette m�me Coupe d�Afrique, nous avions fortement appuy� Sa�dane qui venait de nous qualifier au Mondial apr�s 24 ann�es d�absence et nous permettre de figurer parmi le gotha africain suite � deux �ditions manqu�es. C��tait une tr�s belle r�alisation que nous avons salu�e avec des superlatifs que nous ne regrettons pas : le r�sultat atteint par Sa�dane et ses jeunes loups �tait inesp�r� ! Il a �t� unanimement consid�r� comme un grand exploit par le peuple alg�rien, une performance � inscrire sur le livre d�or du football alg�rien. Cette Coupe d�Afrique nous a �t� fort utile : elle a montr� nos points faibles et en premier lieu, notre frilosit� en attaque. Nous �crivions alors que Sa�dane avait 5 mois pour r�gler le probl�me de la ligne offensive. Il lui fallait, � tout prix, d�nicher un buteur, un chasseur de but, un joueur rac� qui a la capacit� de conclure les mouvements offensifs de ses co�quipiers. Il n�y en avait pas � l��tranger. Mais, ici, on avait quelques bons joueurs qui auraient pu s�int�grer � l��quipe et lui offrir des buts, c�est-�-dire l�essentiel ! Zyaya venait d��tre recrut� par un club saoudien et ses premi�res apparitions sont convaincantes. C�est un vrai chasseur de but. Convoqu� en �quipe nationale, il fut royalement ignor� par Sa�dane qui l�essaya durant quelques minutes en fin du match contre le Nigeria. C��tait trop court pour le juger. Certains diront qu�il avait mal jou� et qu�il �tait souvent en situation de hors-jeu. Moi, je vais vous dire ce que je pense de ce joueur : il peut jouer mal, �tre trente fois en hors jeu, ne pas participer aux actions de r�cup�ration et d�entame d�attaque mais quand il re�oit un bon ballon, il a l�avantage de le transformer en but ! Ce que ne peuvent pas faire les autres �l�ments de l��quipe nationale frapp�s � et depuis longtemps � d�une incroyable st�rilit� ! Au lieu de s�inqui�ter de ce mal et de lui trouver des solutions, Sa�dane a pr�f�r� les demi-solutions, en privil�giant des choix tactiques douteux. �Nous avons battu l�Angleterre par z�ro � z�ro � A la fin de la pi�tre participation des Verts, j�ai entendu des commentaires qui m�ont fait sortir de mes gonds. Dire que nous avions retrouv� une �quipe, qu�elle �tait jeune et qu�elle allait briller � l�avenir est une r�p�tition, mot par mot, de ce que nous avions d�j� dit � la fin de la Coupe d�Afrique ! Si nous participons � la comp�tition continentale pour nous entra�ner et si notre parcours en Coupe du monde est un �apprentissage� dixit Sa�dane), quand est-ce que nous allons jouer pour de bon et avoir l�ambition des 31 autres �quipes du rendez-vous sud-africain ? En fait, le grand regret est que nous aurions pu aller plus loin si les Verts avaient os�, s�ils n��taient pas enferm�s dans un carcan tactique qui les emp�chait de lib�rer toute leur �nergie, donner la pleine mesure � leur talent et faire preuve d�imagination. Non, messieurs, ce n�est pas cela le jeu alg�rien. S�il y a eu d�incontestables acquis en d�fense avec la confirmation de la valeur des d�fenseurs d�j� pr�sents en Angola et la d�couverte d�un gardien g�nial, l�attaque fut, comme � ses habitudes, aux abonn�s absents. Et cela est loin de refl�ter la r�alit� du football alg�rien appr�ci� pour ses passes courtes et ses belles combinaisons, son orientation purement offensive, ses dribbles, etc. En jouant le jeu d�fensif, nous avons bris� l��lan de ces jeunes oblig�s de revenir en arri�re, incapables de construire des attaques rapides, timor�s et manquant affreusement d�ambition. Comment �tre satisfait de ces petites d�faites face � la Slov�nie et aux �tats-Unis et ce nul vierge contre l�Angleterre quand on sait que le football est un sport o� la victoire est le seul barom�tre des bonnes performances d�une �quipe ? Le jour o� des jeunes sont sortis dans la rue pour �f�ter� le nul contre l�Angleterre, ils avaient oubli� de jeter un coup d��il au classement : nous �tions bons derniers du groupe. Depuis quand f�te-ton la place de lanterne rouge ? Comble du ridicule : Hafid Derradji claironnait que nous avions battu l�Angleterre par z�ro � z�ro ! Pauvre football ! Il faut totalement revoir notre appr�ciation de ce sport populaire. Ses concepteurs ont imagin� que des �quipes perdent et d�autres gagnent. Ils n�ont pas pens� � d�livrer des satisfecit aux perdants. D�ailleurs, ces derniers avaient un point et depuis que l�on a d�cid� de donner plus de chance au football offensif, ils n�ont plus aucun point ! Quant � ces histoires de sortir de l��preuve �la t�te haute� et �avec les honneurs�, cela est valable pour le Ghana ou l�Uruguay, mais qu�ont fait les Verts pour m�riter de tels qualificatifs ? Nous avons perdu deux matches sur trois et nous n�avons pas r�ussi � marquer : voil� la v�rit�. Dans dix ou vingt ans, on ne dira pas que l�Alg�rie a manqu� de chance face aux Etats-Unis ou la Slov�nie, on sortira les r�sultats techniques et les classements. Certains pensent que le fait d�avoir �chapp� � une d�b�cle est une bonne chose en soi. Ce raisonnement d�faitiste est � bannir de notre mentalit� car il signifie que nous n�avions pas notre place parmi les 32 �quipes et que nous aurions d� rester � la maison ! Une suggestion : pour faire plaisir � tout ce beau monde, la Fifa devrait donner un demi-point aux �quipes qui jouent bien mais ne gagnent pas (sic) ! En football, comme dans tous les autres sports, tu gagnes ou tu perds. Nous avons perdu, point barre ! Sa�dane vient d��tre reconduit pour deux ann�es encore avec, pour objectif, la prochaine Coupe d�Afrique. Comment pourra-t-il la rempoter avec des nuls vierges et des petites d�faites ? A-t-on oubli� l��gypte, actuelle championne d�Afrique, le Ghana, le Cameroun, le Nigeria, les �quipes montantes comme la Tunisie ? Si Sa�dane ne change pas sa tactique, s�il ne donne pas � son �quipe l�envie de gagner, s�il ne d�niche pas un ou deux vrais buteurs (Zyaya, Zyaya, Zyaya !), autant dire que nous allons revivre les m�mes frustrations. Le Mondial 2010 a �t� celui du jeu spectaculaire et des beaux buts ! Car enfin, ce Mondial n�est-il pas la meilleure preuve que le football, c�est d�abord l�attaque et le beau jeu ? Apr�s des ann�es de disette o� le r�alisme emp�chait le jeu spectaculaire, voil� revenu le temps du vrai football, celui que l�on ne se lasse pas d�admirer, celui qui donne chaud au c�ur, celui qui r�compense enfin les plus entreprenants, les plus courageux, les plus enclins � aller de l�avant pour inscrire des buts, de beaux buts sans lesquels le jeu � onze ne serait plus qu�une ennuyante partie d��checs sur grand tapis vert ! Le Br�sil est rentr� bredouille chez lui et a �t� conspu� parce qu�il a abandonn� son g�nie propre pour se frotter aux tactiques rigoureuses venues du Vieux Continent et cela au moment m�me o� la plus r�aliste des �quipes d�Europe, l�Allemagne, p�te le feu dans un prodigieux et �blouissant football totalement tourn� vers l�attaque. Par contre, l�Argentine, s�v�rement battue par cette m�me Allemagne, a re�u un accueil triomphal � Buenos-Aires car elle a d�velopp� son jeu habituel et refus� de b�tonner ! Les peuples ne sont pas dupes. Ils connaissent bien le football ! L�Alg�rie n�a d�autre choix que de d�velopper son jeu propre, celui qui a soulev� l�enthousiasme des foules � une �poque o� l�on jouait pour le plaisir de gagner et pas pour autre chose. La FAF a fait son choix. Sa�dane a beaucoup donn� au football alg�rien. S�il n�est pas celui qui a le plus de titres, il reste l�homme des grandes qualifications. Mais son syst�me est d�pass�. Il a rat� une grande et unique occasion de sortir avec les honneurs et ne pas terminer un parcours lumineux par une fausse note. Dommage que les vieilles ranc�urs ne veulent pas donner sa chance � Madjer. Alors, pourquoi pas Khalef qui a r�ussi � faire la synth�se entre le jeu alg�rien et la rigueur du football moderne ? Avec beaucoup de bonheur. Sa place est sur le banc de touche et pas sur les plateaux de t�l�vision.