Il est donc entré en vigueur, le plan de sauvegarde des entreprises dont les propriétaires sont sous le coup de poursuites judiciaires et leurs comptes bloqués. En guise de mesure d'importance majeure attendue pour permettre à ces entreprises de se maintenir en vie, la justice a donc désigné des administrateurs extérieurs, des experts financiers agréés. Un communiqué du procureur général près la Cour d'Alger a donc annoncé la désignation judiciaire de trois administrateurs pour prendre la direction des entreprises des groupes appartenant à Ali Haddad, Mahiedine Tahkout et les frères Kouninef. Décision qui si, d'un côté, a de quoi permettre à des milliers de salariés de ces entreprises et de celles qui ont été impactées de façon directe ou indirecte par les poursuites judiciaires contre la dizaine de patrons des entreprises les plus en vue du pays de voir une lueur dans la sombre situation qu'ils endurent depuis un trimestre maintenant, d'un autre côté, le problème demeurera posé du fait du coup subi par l'image de ces entreprises dont les noms sont attachés à «el issaba», donc de quoi craindre pour leurs affaires désormais ; les partenaires réfléchiront deux fois plutôt qu'une avant de s'engager avec ces entreprises. Ceci, sans parler du flou qui entoure la durée et le caractère exact de la mission dévolue à ces administrateurs recommandés par le comité intersectoriel ad hoc, chargé du suivi des activités économiques et de la préservation de l'outil de production, comme le soulignait le ministère des Finances, après la réunion du gouvernement d'il y a une douzaine de jours, justifiant sa démarche par les potentiels risques au triple plan : social, économique et financier. A se référer au communiqué du procureur général près la cour d'Alger, les trois administrateurs — des experts financiers agréés — ont été désignés pour gérer les entreprises de Haddad, Kouninef et Tahkout, et de la sorte permettre de préserver les postes d'emploi et d'honorer leurs engagements envers les tiers, comme écrit dans le communiqué de la cour d'Alger. En répondant favorablement à la requête du gouvernement, l'autorité judiciaire de la capitale a également voulu répondre à l'urgence soulevée dans la requête du ministère des Finances pour prémunir ces entreprises contre l'insolvabilité, c'est-à-dire qu'elles se retrouvent face à l'impossibilité de rembourser les crédits contractés pour le financement de leurs investissements et de leur cycle de production, et faire que cette mesure réponde au souci émis par les pouvoirs publics quant à la garantie de la poursuite des prestations dans certains secteurs, tels les transports universitaire et urbain, d'éviter que s'arrêtent des projets industriels en phase de réalisation, et de maintenir la cadence de production pour les sociétés en exploitation, dans le secteur du montage automobile, entre autres. Toute une «gymnastique» et beaucoup de tension pour les victimes directes de cette situation qui, d'un autre côté, a dévoilé au grand jour tout l'archaïsme d'un système qui veut que, dès que le patron se retrouve en butte à des aléas, c'est toute une organisation, une personne morale, qui se retrouve quasiment sous la menace de disparition. En effet, est-il concevable que la vie d'une entreprise, deux décennies après le début du troisième millénaire, dépende exclusivement des actes de l'un de son ou un de ses propriétaires en tant que personnes physiques, comme c'est le cas des trois individus avec lesquels se confondent les groupes éponymes ? Quel sera le sort, alors, de ces entreprises qui se retrouvent sous les feux de la rampe par la faute des agissements, pas encore avérés puisque non jugés, de leurs patrons ? Azedine Maktour