Le complexe Sider El Hadjar fait face, ces derniers jours, à de nouvelles perturbations le contraignant à un arrêt total du haut-fourneau n°2, principale installation du cœur chaud de l'usine sans lequel aucune autre installation n'est en mesure de produire. L'alerte relative à cette situation de blocage a été donnée vendredi dernier par le P-dg par intérim du complexe, Lotfi Manaa. Dans une déclaration à l'agence APS, il indique que «le haut-fourneau, le maillon fort de toute la chaîne de production, a été mis temporairement à l'arrêt depuis le 2 septembre dernier suite à l'épuisement du stock de fer brut et l'irregularité dans l'approvisionnement du complexe depuis la mine de l'Ouenza», avant de préciser que cette décision de suspension temporaire des activités du haut-fourneau n°2 est «une mesure préventive pour sécuriser et préserver l'installation industrielle». Le même responsable a souligné qu'une équipe de spécialistes du complexe d'El Hadjar a été dépêchée à la mine de l'Ouenza «pour statuer sur la situation de production de fer brut et l'acheminement de la matière première vers le complexe», relevant que l'équipe du complexe a «constaté sur place des difficultés dans la production de fer brut». il relèvera que des propositions ont été faites à la direction de la mine de «partager son expérience dans le domaine de la maintenance des équipements». L'alerte de cette situation catastrophique du géant sidérurgique aux pieds d'argile a été donnée dès jeudi soir par le partenaire social. En effet, dans un communiqué rendu public, le secrétaire général du syndicat d'entreprise, Reda Djemai, attire l'attention des autorités sur les graves conséquences induites par cet arrêt du haut-fourneau n°2 en raison du manque de la matière première. Il prie celles-ci d'intervenir rapidement pour trouver une solution à ces graves perturbations récurrentes qui hypothèquent l'avenir de l'usine. il faut dire que le complexe a connu des perturbations à répétition ces derniers temps dans sa gestion. Plusieurs facteurs ont concouru à cette situation. Il y a eu l'épisode de l'occupation des installations par des demandeurs d'emploi, qui avaient été rassurés par la direction locale de l'emploi pour un besoin de quelque 800 postes de travail, exprimé par la direction de Sider El Hadjar mais qui, une fois sur place, ont été rabroués par les responsables du complexe, leur faisant savoir qu'ils n'avaient aucun poste de travail disponible. D'où leur colère, affirmant qu'ils font l'objet d'une injustice et accusant même ces responsables de «réserver les postes de travail à leurs proches». Cette occupation des lieux s'est traduite par un arrêt total des installations durant plus de trois jours. Ce qui a eu pour effet immédiat une répercussion sur les finances de l'entreprise évaluée à un manque à gagner de 10 milliards de centimes/jour. Auparavant, c'était un long arrêt de plus de 20 jours conséquemment aux inondations du mois de janvier 2019 qui ont submergé plusieurs installations. A cela s'ajoutent d'autres facteurs dont les grèves des mineurs de l'Ouenza et Boukhadra dans la wilaya de Tébessa qui alimentent le complexe en matière première (minerai de fer) sans laquelle cette entité économique n'a aucune raison d'exister. Les mineurs, las d'attendre des solutions à la situation catastrophique de leurs conditions socioprofessionnelles depuis plusieurs années, principalement depuis leur passage sous tutelle de l'indien ArcelorMittal dans le cadre d'un bradage des mines de Tebessa, réclament un peu plus de considération et des moyens de production spécifiques. La majorité de leurs équipements sont depuis des années hors d'usage. Pour rappel, les prévisions de production du complexe Sider El Hadjar pour l'année 2019 ont été fixées par les responsables à 1,1 million de tonnes d'acier liquide. Chiffre qui ne sera jamais atteint, selon des sources fiables de l'intérieur de l'usine. Ils rejoignent en cela d'anciens cadres sidérurgistes ayant, pour certains, occupé des postes durant des décennies au sein du géant de l'industrie industrialisante du pays, auxquels il était destiné par ses concepteurs. L'argument qu'avancent ces sidérurgistes est basé sur la réalisation d'à peine 400 000 mille tonnes de janvier à fin août 2019, soit quelque huit mois. A. Bouacha