Les récentes rumeurs faisant état du limogeage du P-dg du complexe Sider El Hadjar ont été démenties par la Direction générale du groupe Sider. Mais il n'y a pas de fumée sans feu, estiment des sources proches du complexe qui font ressortir les perturbations à répétition connues ces derniers temps dans la gestion de l'usine. Ils citent, à cet effet, les prévisions de production du complexe Sider El Hadjar pour l'année 2019, fixées à 1,1 million de tonnes d'acier liquide. Chiffre qui ne sera jamais atteint, selon les mêmes sources. Ils rejoignent en cela d'anciens sidérurgistes ayant pour certains occupé des postes de cadres durant des décennies au sein du géant de l'industrie industrialisante du pays, auquel il était destiné par ses concepteurs. L'argument qu'avancent ces sidérurgistes est basé sur la réalisation d'à peine 200 000 tonnes depuis début 2019, soit durant près de cinq mois de l'année en cours. Plusieurs facteurs ont concouru à cette situation. Il y a eu l'épisode de l'occupation des installations par des demandeurs d'emploi, qui avaient été assurés par la direction locale de l'emploi d'un besoin de quelque 800 postes de travail, exprimé par la direction de Sider El Hadjar mais qui, une fois sur place, ont été rabroués par les responsables du complexe, leur faisant savoir qu'ils n'avaient aucun poste de travail disponible. D'où leur colère, affirmant qu'ils font l'objet d'une injustice et accusant même ces responsables de « réserver les postes de travail à leurs proches et amis. Sinon comment expliquer qu'une direction de wilaya de l'emploi communique une liste de postes vacants au complexe si elle n'était pas sûre de cela », relèvent-ils. Cette occupation des lieux s'est traduite par un arrêt total des installations durant plus de trois jours. Ce qui a eu pour effet immédiat une répercussion sur les finances de l'entreprise évaluée à un manque à gagner de 10 milliards de centimes/jour. Auparavant, c'était un long arrêt de plus de 20 jours conséquemment aux inondations qui ont submergé plusieurs installations. A cela s'ajoutent d'autres facteurs dont les grèves des mineurs de l'Ouenza et Boukhadra dans la wilaya de Tébessa qui alimentent le complexe en matière première (minerai de fer) sans laquelle cette entité économique n'a aucune raison d'exister. Les besoins en cette matière sont estimés par le directeur général adjoint à 8 000 tonnes /jour. L'autre grève qui avait empêché le complexe de tourner, est le fait des cheminots de la SNTF suivie de détérioration de plusieurs sections de la voie ferrée entre l'Ouenza et Oued Keberit, dans la wilaya de Souk Ahras. Cette interruption de la matière première a obligé les responsables de Sider El Hadjar à se rabattre sur le stock de réserve dont la satisfaction des besoins ne peut dépasser les 10 jours avec une utilisation limitée dans le but de tenir allumé le haut-fourneau. Ces perturbations interviennent quelques mois après le grave conflit du mois de septembre 2018. Il avait pour origine un conflit syndico/syndical. Il a fallu la destitution du secrétaire général en poste, Nouredine Amouri, pour un semblant d'apaisement. Ce dernier ayant été placé ainsi que de nombreuses autres personnes à des postes-clés au complexe par le sulfureux député de Annaba, Baha Edine Tliba. Il faisait à l'époque la pluie et le beau temps au sein de l'usine mais aussi dans la quatrième ville du pays. Ce qui n'est plus le cas présentement avec l'avènement du Hirak populaire. A. Bouacha