Les vendredis s'enchaînent et se ressemblent. Le peuple algérien aurait certainement fêté cette 30e marche, s'il y avait eu la moindre amélioration en sa faveur. Ghazi Boucharef - Alger (Le Soir) - En réalité, les conjonctures sociopolitiques de ces derniers jours, dont l'arrestation abusive de Karim Tabbou, n'ont pas contribué à calmer les ardeurs du peuple. Bien au contraire, le nombre de personnes qui se sont réunies pour le Hirak a augmenté, hier, de façon significative. Les forces de l'ordre, quant à elles, s'attendant à cet accroissement des masses, ne sont pas restées inactives. Elles ont, au contraire, réagi, en renforçant leur rang et en multipliant leurs effectifs. Non sans indignation, la foule, qui n'a pas autant rempli les rues d'Alger-Centre depuis juin, plus en colère que jamais, s'est vue entourée par un dispositif de sécurité plus important que de coutume. En effet, les forces de l'ordre, dont les éléments étaient plus nombreux que d'habitude, se sont placées de façon à réagir à tout cas de figure possible. Les effectifs, suivant l'itinéraire de la marche, se sont lourdement fixés au niveau des différentes lignes de départ, ainsi qu'au principal point de rencontre des manifestants provenant de tous azimuts, c'est-à-dire, à la place de la Grande-Poste. Comme si l'on avait voulu intimider les manifestants par une relative démonstration de force, les imposants véhicules des forces de l'ordre longeaient les routes des différents parcours. Des camions et des 4X4 de police se succédaient, à perte de vue jusqu'à la Grande-Poste. De même, les fameux bus blancs de la police, qui servent à transporter les troupes, étaient stationnés, çà et là, tout au long du Hirak. Pour rappel, ces mêmes bus sont habituellement présents le vendredi matin seulement. C'est dire à quel point les forces de l'ordre se trouvaient dans une totale appréhension d'une éventuelle émeute générale. D'ailleurs, les éléments des forces antiémeutes, dont le nombre était également considérable, se trouvaient tous debout, en alerte et au garde-à-vous, guettant les alentours, afin d'éviter toute «étincelle». Par ailleurs, de nombreuses arrestations injustifiées ont eu lieu, hier matin, avant le début de la marche. Il a été constaté que les personnes arrêtées l'ont été de façon injuste et arbitraire. Il s'agissait généralement de groupes de personnes ou de jeunes ne portant pas leurs pièces d'identité. Le dispositif de sécurité et l'humeur des manifestants sont étroitement liés. L'un engendre l'autre. C'est pour cela que le refus du pouvoir de répondre aux revendications du peuple, promet une rentrée animée. G. B.