L'ultime exercice auquel a été astreint le gouvernement Bedoui, sans que cela surprenne vraiment, et tout comme celle héritée du dernier exécutif mené par Ahmed Ouyahia, la première mouture de la loi de finances 2020 a, en effet, tout de la loi électoraliste, même s'il faut reconnaître que le Premier ministre et son équipe, eu égard à la conjoncture politique et économique, n'ont pas d'autre choix que de tenter d'amadouer le citoyen avec «le maintien de la politique sociale de l'Etat», comme dit dans le communiqué sanctionnant la présentation du projet de loi de finances, mercredi lors du Conseil du gouvernement. Si rien n'a été dit à propos des transferts sociaux c'est qu'ils sont maintenus au même niveau que celui atteint dans la loi de finances 2019 qui, doit-on le rappeler, ont dépassé les 1 700 milliards de dinars. Un choix qui, inévitablement, suscite l'interrogation tant les temps sont on ne peut plus indécis sur les possibilités financières du pays. Bedoui veut que «le caractère social de l'Etat soit préservé, sans qu'il soit porté atteinte aux acquis du citoyen», mais d'un autre côté, il va falloir s'attendre à des investissements publics (les dépenses d'équipement) en baisse de plus de 20 % au moment où les dépenses de fonctionnement n'accuseront qu'un relatif recul, un peu plus de 1%. En tous les cas, le projet de loi de finances (PLF 2020) prévoit une baisse de 9,2% des dépenses publiques, et 8,3% des recettes fiscales. Quant aux recettes attendues, malgré la hausse enregistrée pour la fiscalité ordinaire (+5,3%), elles connaîtront de façon générale une baisse de 8,3% en raison de la fiscalité pétrolière qui atteindra 2 200,3 milliards de dinars en 2020, est-il annoncé dans le communiqué du gouvernement. Dans sa philosophie, afin de poursuivre l'œuvre engagée pour arriver à la maîtrise du budget, donc diminuer son déficit, le gouvernement Bedoui préconise «la rigueur financière et budgétaire imposée par la conjoncture et faire preuve de sens élevé de la responsabilité face aux grands défis qui attendent le pays et la gestion des affaires publiques (…) par la rationalisation de notre consommation et le rejet de toutes formes excès et de gaspillage». Dans son communiqué, il est dit que le gouvernement a agi dans la préparation de cette première mouture en tenant compte des orientations de Noureddine Bedoui de recourir exclusivement «au financement conventionnel et aux recettes ordinaires du budget». Donc, le recours à la planche à billets pour parvenir à l'équilibre du budget est écarté. Il est également prévu «l'amélioration du niveau de recouvrement fiscal» et «l'élargissement progressif de la base de l'assiette fiscale» à travers la proposition de plusieurs mesures législatives et fiscales. Le projet de loi de finances propose, ainsi, ce que les services du chef du gouvernement appellent «le renforcement des impôts et taxes sur la fortune et les biens en fonction des signes de richesse mobilière et immobilière». Une proposition à travers laquelle on compte «assurer une meilleure répartition des charges fiscales entre les citoyens». Plusieurs mesures énoncées dans le PLF 2020 ont d'ores et déjà retenu l'attention, quelques-unes «dévoilées» il y a un moment déjà et n'ont pas manqué de susciter la moue des plus avertis quant aux effets qu'elles induiraient sur ce qui reste de l'économie nationale. Parmi celles-ci, il y a évidemment la mesure autorisant les Algériens résidents à importer des véhicules d'occasion, ne dépassant pas les 3 ans, avec leurs propres moyens. Disposition «populiste» pour beaucoup d'observateurs et de citoyens se disant pas dupes quant à cette largesse de la part des pouvoirs publics qui, d'un autre côté, annoncent avoir décidé de «lever les restrictions prévues dans le cadre de la règle 49/51 appliquée aux investissements étrangers en Algérie afin de renforcer l'attractivité de l'économie nationale». Disposition valable pour les secteurs d'activité dits «non stratégiques» destinée à l'amélioration du climat des affaires en Algérie, un des indicateurs qui valent au pays de figurer à des rangs pas très enviables dans la hiérarchie même régionale sur le plan de son attractivité économique. En attendant, des Algériens trouveront sans doute leur bonheur en parcourant ce PLF 2020. Ceci est notamment le cas des startuppers et des jeunes porteurs de projets que les pouvoirs publics ont décidé d'exonérer des différents impôts et taxes, d'une part, et de leur octroyer «des mesures incitatives, à même de leur faciliter l'accès au foncier aux fins d'extension de leurs projets», d'autre part. Une première mouture du projet de loi de finances qui montre clairement, entre autres indications, que les autorités du pays veulent à tout prix éviter la confrontation sociale. Azedine Maktour