[email protected] Faites l�ger ! La chaleur qui s�abat sur nous comme un pr�dateur sur sa proie, la d�che d�j� bien entam�e des end�ch�s, le mercure qui grimpe avec la m�me morgue que la mercuriale de la boustifaille � l�approche du Ramadan, tout �a exige bien un coup de ventilateur. Un peu d�air pour� s�a�rer ! De l�oxyg�ne pour respirer correct. D�j�, comme �a, les choses sont assez lourdingues ! S�il fallait en plus les lester de gravit� Donc, faites l�ger ! Facile � dire. Tu veux que je te raconte des blagues, tiens ? Pourquoi pas ! Des blagues ? Je ne sais pas si c�est un personnage comique ou simplement un de ces antih�ros qui souligne l�amertume et la placidit� de l�univers mais Don Quichotte aurait eu, plus que jamais, du pain sur la planche ! Te redresser tout �a, mama mia ! Y a du boulot ! Tous ces moulins� A vent, � paroles !... Ce qu�il faudrait, camarade Sancho, ce ne sont pas des comiques, mais des justiciers� Des comiques, �a raconte n�importe quoi et �a palpe comme des footballeurs. Tandis que le justicier�. Mais il fait trop chaud pour la justice. Rions ! D�rision, humour� Comment ne pas �tre heureux de savoir que l�ami Abderahmane Loun�s est encore sur la br�che. Depuis le temps qu�il ne cesse de nous faire rire de nous-m�mes, il va plus loin en revisitant Djeha� Increvable Djeha ! Loun�s a mis dans la m�me ch�chia, si j�en crois les journaux, Djeha et Harry Potter ! C�est redonner un coup de neuf � notre antique Djeha ! Djeha, justement ! Sagesse, malice et placidit� ! Rien de tel pour faire oublier du feuilleton social les rebondissements infinis, les zigzags, les cahots, le chaos� Djeha, lui, c�est � la fois le comique et le justicier � travers lequel on se venge platoniquement� Chaque fois que �a coince, on le convoque manu militari� Quoi que tu dises ou fasses, il y aura � redire� Y a toujours une voix pour d�sapprouver, un zig pour te prendre pour un tar�. Ainsi de Djeha revenant du march� avec son fils et son in�narrable �ne� Les trois comp�res traversent un premier village. Commentaire de la djema� : �C�est-il pas malheureux� Un vieux assez vieux et un gosse tr�s gosse marchant sous la chaleur d�enfer alors que l��ne s�ennuie sans charge�. Toujours � l��coute de la vox populi, Djeha fait grimper le gosse sur l��ne� Commentaire au deuxi�me village : �Quel monde : Le gosse qui vient � la vie monte sur l��ne tandis que le vieux, fatigu�, marche sur ses pieds�� Au troisi�me village, Djeha avait d�j� d�barqu� le gosse et pris sa place. Commentaire num�ro trois : �Le monde n�est plus ce qu�il �tait� Les vieux se pr�lassent sur le dos de la monture tandis que les jeunes �reintent d�j� leur force � marcher � pied� On ne sait plus qui n�a plus rien � perdre�� Au village d�apr�s, Djeha r�ajuste. Ils sont � pr�sent tous les deux, le gosse et le vieux, sur l��ne. Commentaire, in�vitable : �Pauvre b�te ! Ils vont la crever. Ce n�est pas assez de lui faire porter le b�t. Il faut encore qu�ils montent dessus tous les deux.� Au dernier village, Djeha est comme � la premi�re s�quence. Avec le gosse, il marche � c�t� de l��ne. Dernier commentaire ? Retour au premier�. Djeha a compris ce qu�il savait d�j�. Le regard des autres... Cioran : �Si l'on pouvait se voir avec les yeux des autres, on dispara�trait sur-le-champ�. J�en profite pour faire un coucou � ma copine Meriem qui m�a rappel� tant�t une des citations du sombre philosophe roumain dont l��uvre est comme un magasin de cordes � se pendre. Tu tends la main et la premi�re phrase venue, tu peux l�accrocher � un arbre ou une poutre et tu glisses le cou dedans� De toute fa�on, les pouvoirs politiques au c�ur fragile ont toujours eu la main lourde � l��gard de ceux qui leur octroient la sagesse zoologique. Les fables qui font dire � des animaux ce qu�on doit penser des humains, �a exhale, en regard de la parano�a des dictatures l�g�res, comme de la subversion. L�exp�rience subie il y a plus de 20 ans par notre ami Mohamed-Sa�d Ziad est significative. Nous sommes dans l��re Chadli, �la d�cennie noire�. Mohamed-Sa�d tient une chronique dans Alg�rie-Actualit�. A la veille d�un quelconque congr�s ou comit� central du FLN, il publie un conte o� il est question d�un chacal, d�un �ne et de je ne sais plus quel autre animal. Sit�t le journal paru, notre ami est interpell� par �les services� en compagnie de son directeur de la r�daction, Abdelkrim Dja�d. Les yeux experts des critiques ont vu dans chacun des animaux un des personnages les plus importants de l�Etat et du parti FLN. Le chacal, ne serait-ce pas Messa�dia ? Etc. Ce n��tait pas jojo pour l�auteur mais si cette histoire est risible, c�est seulement par l�absurdit� de la r�action officielle� Il est vrai que c��tait un temps o� on censurait jusqu�� la m�t�o. Pourtant, la d�cennie noire reste comme la p�riode o� l'on a le plus ri jaune. On en aurait presque la nostalgie. Pas un jour ne s��coulait sans qu�une �derni�re�, mettant en sc�ne le grand timonier du bateau qui d�j� tanguait, ne voie le jour� Sous cape, on se bidonnait � tout va dans un grand concert de hoquets. Jamais on n�aura tant rigol�. Tout le monde connaissait au moins �une� de ces blagues joviales qui, para�t-il, s��changeaient m�me en conseil des ministres� C�est dire ! Les histoires dr�les qui avaient pour h�ros l�antih�ros perch� tout en haut de l�escalier prolif�raient sans qu�on sache d�o� elles venaient. Elles �taient transport�es � l��il par la rumeur, d�un coin � l�autre du pays. Mais gare � qui s�y fait prendre la main dans le sac ! Il y a comme �a quelques exemples de maladroits qui ont pay� de taule leur imprudence � avoir racont� une blague en public, une blague que tout le monde connaissait et relayait. Ainsi de ce brillant �tudiant de l�INADC qui avait racont�, un soir de bonne humeur, une blague lors d�un festival de th��tre en France. En rentrant, on lui met les menottes d�s l�a�roport� Effrayant ! On a racont� tout et n�importe quoi sur la source de ces blagues. L'obscurit� qui entoure � ce jour les emetteurs ajoute au charme et � l'effroi de ces histoires. Qui fabriquait donc ces blagues dont la coh�rence faisait soup�onner l��laboration ? Des opposants en veine de rigolade ? Des clans adverses qui voulaient discr�diter ? �La main de l��tranger� ? Un vieux de la montagne ? Si on rep�re l�acteur au vu de l�enjeu, il est tentant de situer les sc�naristes des blagues pr�sidentielles tout pr�s du pr�sident. Les histoires colport�es �taient ambigu�s. Elles pr�sentaient un pr�sident assez terne mais qui avait la particularit� de ressembler � tout le monde. C��tait comme une sorte de Bou Bagra, ce bl�dard jou� par Hassan el Hassani, peu port� sur les choses de l�esprit, un peu � l�ouest mais situ� au ground zero du populisme. Un personnage simplifi�, �pur�, humanis�, � la port�e de tous, qui n�a rien de commun avec Ben Bella et son narcissisme �litaire ou avec la poigne de l�omnipotent Boumedi�ne. Un type comme celui que d�crivent les blagues de la d�cennie Chadli ne peut pas �tre un dictateur, voyons ! Au fond, ces blagues servaient, dans un renversement de l�image, le pr�sident. C�est pourquoi il n�est pas surr�aliste de suspecter les mokh autour de lui d�en �tre les auteurs. On dit bien que Jacques Chirac doit son �lection aux Guignols de l�info. Chadli devait aux blagues sa popularit� de papa g�teau, Souk el Fellah dans une main et allocation devises dans l�autre, ce qui suffisait alors � dissimuler les aberrations et les inepties. Atterrissez l�ger ! Facile � dire� A. M. P. S. d�ici : M�me le poulpe extralucide n�y a vu que du feu. La chronique de la semaine derni�re attribuait � la ministre espagnole de l�environnement� le nom d�une radio. Rien moins ! C�est rigolo mais pas tant que �a Cadena Ser n�est pas, rectifiez bien, le nom de la ministre de l�Environnement. Celle-ci s�appelle Maria Elena Espinosa Mangana mais on l�appelle commun�ment Elena Espinosa. Cadena Ser est une cha�ne de radio tr�s populaire en Espagne. Comme il y a toujours un fautif, disons que j�ai �t� tromp� par un site qui me semblait cr�dible. Mea culpa ! Mille excuses � Mme la Ministre et mille mercis � l�aimable lectrice qui m�a signal� le probl�me et fil� la solution.