Les informations les plus folles mais aussi les plus contradictoires circulent depuis hier au sujet de Baha Eddine Tliba, que l'on dit en fuite mais aussi auteur d'un long écrit à la justice. Tout a commencé lundi matin lorsque des médias télévisés réputés être très proches des cercles en charge des dossiers de lutte contre la corruption annoncent la fuite de Tliba vers la Tunisie. Très peu de détails sont fournis sur la manière dont s'est déroulée cette fuite excepté le fait que celui-ci aurait traversé la frontière terrestre avec la Tunisie, ajoutent ces mêmes sources. Comme on peut l'imaginer, l'information fait l'effet d'une bombe et se trouve rapidement très largement relayée par les réseaux sociaux. L'affaire Tliba était très attendue, et son audition par la justice réclamée depuis de très longs mois par la rue qui s'est longtemps étonnée de ne pas voir son nom sur la liste des personnalités poursuivies par la justice. Symbole de l'époque du régime Bouteflika, époque durant laquelle beaucoup d'hommes d'affaires ont pu étendre leur fortune grâce à leur proximité avec les cercles au pouvoir, Tliba est l'un des derniers oligarques connus à avoir pu jouir de quiétude dans cette période délicate. Alors que l'on s'y attendait le moins, le nouveau ministre de la justice annonçait, il y a quelques semaines, qu'il avait introduit une demande de levée de son immunité parlementaire. Tliba, apprend alors l'opinion, est poursuivi essentiellement pour financement occulte de la campagne présidentielle, pour le cinquième mandat, et financement occulte de partis politiques. Des sources bien au fait de la situation nous font savoir que l'ancien député prend très mal la nouvelle et promet de se défendre du mieux qu'il pourra. Il réagit en rendant publiques deux lettres. Dans la première, il met l'accent sur sa collaboration avec les services de sécurité dans le cadre de la lutte contre la corruption. Dans un second temps, très court, il a informé l'opinion que le fils Ould Abbès, Mehdi, incarcéré à la prison de Koléa, lui a exigé 7 milliards pour lui permettre d'être porté sur une liste FLN alors en campagne pour les législatives de 2017. Aucune réaction ne suit. Malgré son refus de renoncer à son immunité parlementaire, il est déchu par ses pairs à l'Assemblée. La justice poursuit son cours. Des sources bien informées indiquaient il y a quelques jours que son audition avait été programmée pour ce jeudi devant le procureur du tribunal de Sidi M'hamed. A deux jours de l'échéance, la rumeur de sa fuite circule. Les mêmes sources indiquent que Tliba était frappé d'ISTN depuis un long moment déjà. Celui-ci, nous dit-on également, a adressé récemment à la justice un écrit de plusieurs pages pour dire «des vérités». Hier, en fin de journée, aucun démenti de sa fuite n'avait été rapporté par une quelconque partie. Lui-même n'avait pas réagi. Le flou total entoure son histoire... A. C.