Nouvel empiètement dans les prérogatives de la LFP, instance d'organiser les compétitions des deux Ligues professionnelles. Lundi, à Ouargla, lors de la réunion du bureau fédéral de la FAF, la structure dirigée par Abdelkrim Medaouar, à nouveau absent à cette rencontre statutaire de la fédération pour des raisons inconnues, la LFP s'est vu déchargée de certaines de ses missions fondamentales en rapport avec la gestion des compétitions. Une fois de plus, Abdelkrim Medaouar n'était pas au rendez-vous. Le président de la LFP, qui avait «raté» la réunion du BF/FAF du jeudi 29 août puis l'AGEx du 17 septembre dernier au CTN/FAF de Sidi Moussa, n'était pas à Ouargla où Kheïreddine Zetchi et des membres de son bureau (Rachid Gasmi et Noureddine Bakiri) n'y étaient pas non plus. Le week-end dernier, sur le site de la LFP, la Ligue avait démenti toute intention de Medaouar de démissionner de son poste de président. «M. Medaouar accomplira son mandat jusqu'au bout», est-il précisé. Le démenti avance que le président de la LFP, qui s'informe régulièrement des activités menées par ses pairs au sein de son bureau, s'entend parfaitement avec le président de la FAF. Une «bonne entente basée sur le respect», note la LFP. Soit. Mais Medaouar qu'on annonce actuellement à l'étranger n'a pas l'habitude de manquer à ses obligations professionnelles, en tant que président puis porte-parole de l'ASO, mais aussi au titre de membre du BF de la FAF et depuis juin 2018 en tant que président de la LFP. Sa présence à l'AG ordinaire de la FAF, le 2 mai dernier, aura été la dernière. Durant ce conclave, Medaouar n'a pas été très «réactif». Même s'il a accordé quelques déclarations à la presse, son activité coutumière dans les coulisses était peu remarquée. Ce jour, les interventions de Mohamed Raouraoua qui était «posté» à côté de Medaouar, avaient, il est vrai, éclipsé tous les faits et gestes d'une AG durant laquelle la proposition d'une refonte du système profitable aux clubs du sud, et par extension à la Ligue « Amateurs », faite par Ali Baâmeur est passée comme une lettre à la poste. Ce n'est qu'après que Medaouar a compris que le nouveau système des compétitions allait affaiblir ses pouvoirs sur les affaires du football. Cette tendance se confirmera avec les rencontres initiées par la FAF qui ont été menées par Amar Bahloul auprès des clubs et durant lesquelles les deux variantes ont été exposées. Mise en minorité, la LFP de Medaouar a abdiqué, se contentant de faire de la figuration à chaque rendez-vous statutaire organisé par la FAF. Pourtant, un tel projet doit être son apanage. C'était sans compter sur les intentions de Zetchi et de la FAF qui ont tissé cette toile d'araignée en projetant une «amateurisation» tous azimuts du football sans se soucier de ce que penseraient Medaouar et ses «fidèles» parmi lesquels le président de la JS Saoura, Mohamed Zerouati, l'autre victime du nouveau «système». Dès la fin de cette saison, la LFP n'aura presque aucun poids si ce n'est d'arrêter un calendrier de compétition pour la Ligue 1 professionnelle dont la composante sera portée à 18 clubs à partir de la saison prochaine. Si la Ligue 2 va «fondre» sous le règne de la DNA gérée par la LNFA d'Ali Malek, l'élite professionnelle (L1) pourrait elle aussi connaître une purge progressive suivant les «assermentations» de la DNCG officiellement mise en place lundi en marge de la réunion du BF de la FAF. En ce sens que pas mal de clubs dits professionnels vont perdre leur statut dès lors que cette structure fourra son nez dans leur comptabilité. C'est la Ligue d'Ali Malek qui accueillera ses clubs désargentés ou qui vivaient au-dessus de leurs moyens. De quoi appauvrir davantage les rangs des clubs que Medaouar et sa LFP ont plus ou moins autorité. Celle-ci (l'autorité de la Ligue, ndlr) est déjà à l'épreuve chaque week-end lorsqu'il question de désigner des arbitres, des officiels de match (commissaires au match, superviseurs d'arbitres, etc.) et des stades. La FAF qui vient de désigner M. Guendour Mohamed-Bilel comme coordinateur des Ligues chargé des indemnités de formation et des mécanismes de solidarité des clubs a surtout déchargé la Ligue de football professionnel des charges de négocier les droits TV avec l'EPTV, de choisir un partenaire économique pour le Naming des deux championnats dits professionnels (on attend toujours la publication de l'avis d'appel) et de gérer les contentieux et autres litiges relatifs au non-paiement des indemnités des joueurs et entraîneurs ainsi que l'autorisation de recruter. Ce sont ces décisions qui ont piégé Abdelkrim Medaouar et les membres de son bureau, dont certains sont juges et parties même s'ils ne dirigent plus leurs clubs d'origine. Pour Medaouar, respect mis à part, la cohabitation avec Zetchi est, dans ces conditions, difficile voire impossible. La LFP mise en place en juillet 2010, période durant laquelle un cahier de charges devait être signé par les clubs éligibles au professionnalisme, est appelée soit de réagir ou disparaître. Son «histoire» peut suivre le même chemin du projet de professionnalisation initié par Mohamed Raouraoua au lendemain du Mondial sud-africain. Celui de mettre fin à l'ère de l'amateurisme de bon aloi dans lequel végétait le football national pour aller «vers un mode plus productif», avait-il milité en s'armant de quatre ordonnances gouvernementales, 10 lois, deux décrets exécutifs, un arrêté ministériel et les résolutions d'un Conseil des ministres provoqué à cet effet. Neuf mois plus tard, le nouveau maître de la fédération renverse la pyramide et, grâce à une nouvelle batterie de textes réglementaires pas toujours clairs, prononce le come-back vers l'amateurisme. Depuis 2010, le personnel du football n'a pas tellement changé, évolué. A l'époque l'argent du pétrole coulait à flots et l'Etat-providence dépensait sans compter. Aujourd'hui, l'Algérie frôle la récession et, malgré quelques actions populistes des pouvoirs publics, les Algériens ne font plus du football une priorité vitale. M. B.