La région Moyen-Orient et Afrique du Nord, selon la Banque mondiale, est la moins intégrée au monde sur le plan économique. Et, à suivre les conclusions de la BM dans son rapport sur la situation économique mondiale, publié mercredi dernier, l'Algérie se trouve être l'un des pays qui illustrent le mieux l'état des lieux dans la région Mena. Ce qui n'est pas fait pour arranger les choses quant au cas Algérie : «Dans le secteur des hydrocarbures, l'incertitude politique atténuera l'espoir d'une augmentation de la production, la révision de la loi sur la fiscalité des hydrocarbures étant retardée. En conséquence, la croissance du PIB devrait ralentir à 1,3% en 2019», pronostique la Banque mondiale qui rappelle, en passant, que la croissance du Produit intérieur brut (PIB) a atteint 1,5% en 2018, contre 1,4% l'année d'avant, et s'est maintenue à 1,5% au premier trimestre de 2019. La crise politique devrait donc irrémédiablement déteindre sur l'économie du pays qui verra, donc, son taux de croissance du PIB décroître à 1,3 % à la fin du présent exercice après avoir atteint déjà un petit 1,5% l'année dernière. Des perspectives pour l'économie nationale qui, tout compte fait, sont de la même veine que celles émises pour l'ensemble de la région Mena dont le taux de croissance a été rabaissé de 0,8 % par rapport aux prédictions du mois d'avril dernier. Ceci en raison de la baisse du prix du pétrole et de la contraction plus forte que prévu de l'économie iranienne. Du secteur hors hydrocarbures, la BM s'attend, là également, à ce que l'incertitude politique entraîne un ralentissement. «Des dirigeants d'entreprises de divers secteurs ont été arrêtés dans le cadre d'enquêtes sur des affaires de corruption, ce qui a eu pour effet de perturber l'économie en raison de changements soudains dans la direction et la supervision de ces entreprises, ainsi que de l'incertitude planant sur les investissements», explique l'institution internationale qui prédit des semaines à venir délicates pour le pays et s'attend à ce que «la période préélectorale risque également de retarder davantage le processus d'assainissement budgétaire programmé pour 2019, aggravant le déficit budgétaire à 12,1% du PIB et augmentant le risque d'un ajustement plus brutal à l'avenir». Idem des relations commerciales avec l'extérieur. En effet, la BM présage des temps toujours aussi difficiles et s'attend à voir : «le déficit du compte courant se creuser pour atteindre 8,1% du PIB, principalement en raison d'un déficit commercial nettement plus important». Et ce, même si la production et les exportations de gaz devraient rebondir après la récente découverte d'un nouveau champ gazier, mais cela demeure tributaire du «cadre d'investissement dans les hydrocarbures». Autrement dit, cela dépendra de la nouvelle loi sur les hydrocarbures qui fait tant délier les langues ces jours-ci. Globalement, la Banque mondiale prédit, entre autres, qu'à la fin de cette année, la région Mena entérinera le constat établi selon lequel la croissance sera encore poussive en 2019 et il s'avérera que des réformes plus vigoureuses doivent être initiées pour dynamiser le secteur privé. Azedine Maktour